La préfecture tient sa promesse d’une plus grande transparence concernant les chiffres de la délinquance et de la lutte contre l’immigration clandestine (LIC). Et si certains ont contesté les bons résultats du début d’année, difficile de remettre en doute ceux du mois dernier. En effet, la délinquance est en forte hausse sur tout le territoire en comparaison du mois de juin 2020 mais aussi de la moyenne de l’année passée. Pour la lutte contre l’immigration clandestine, la LIC en mer comme sur terre obtient des résultats encourageants. Compte rendu de notre partenaire France Mayotte Matin.

S’il n’est plus hebdomadaire comme il y a quelques semaines, le baromètre de la délinquance continue d’être publié de façon mensuelle. De quoi fournir des données plus représentatives, les comparaisons d’une semaine à une autre ayant eu assez peu de sens. Le dernier baromètre fait donc état de tous les faits recensés au mois de juin 2021. Il en ressort que la délinquance générale a augmenté de 37,16% par rapport au mois de juin 2020. 1 052 faits ont en effet été recensés contre 767 l’année passée.

Une hausse qui se retrouve aussi bien en zone police (+38,10%) qu’en zone gendarmerie (+36,58%). Qu’il s’agisse d’atteintes volontaires à l’intégrité physique (+58,56%) ou d’atteintes aux biens (+32,94%) les augmentations sont significatives et en disent long sur le climat qui régnait le mois dernier à Mayotte. Un mois marqué par les deux tours des élections cantonales... Coïncidence ? Quoi qu’il en soit, ces chiffres sont plus représentatifs que ceux diffusés par les services de l’État en début d’année. En effet, en juin 2020 comme 2021 le territoire n’était plus soumis au confinement qui a sans doute faussé la donne.

Tous les voyants au rouge à l’exception des cambriolages

Ce mois de juin connaît d’ailleurs une hausse de la délinquance de 28% par rapport à la moyenne de l’année 2020. À l’exception des cambriolages qui sont en forte baisse (25% sur la moyenne de l’année, 30% sur la comparaison des mois de juin), tous les voyants sont au rouge pour ne pas dire à l’écarlate.

En zone gendarmerie, les violences crapuleuses ont ainsi augmenté de 120% entre les mois de juin 2020 et 2021. En zone police, les violences non crapuleuses ont fait un bond de 150%, les coups et blessures volontaires de 79%. Depuis sa prise de fonction, le nouveau préfet répète à qui veut bien l’entendre que Mayotte n’a pas nécessairement besoin de moyens humains supplémentaires pour assurer la sécurité des mahorais. 

Pour le préfet Thierry Suquet, il faut avant tout mieux organiser le travail des forces de l’ordre. Est-ce à dire que l’organisation mise en place par son prédécesseur était déficiente ? Nul doute que le délégué du gouvernement sera attendu au tournant sur cette prise de position forte qui va notamment dans le sens inverse des demandes formulées par les syndicats de police. 

Moins de kwassas détectés et plus d’entrées illégales déjouées

Thierry Suquet peut néanmoins se réjouir des chiffres liés à la lutte contre l’immigration clandestine, où l’objectif sera cette fois de faire au moins aussi bien que les résultats obtenus ces derniers mois. En effet, les interpellations sur terre ont augmenté de 66% au mois de juin (1641 interpellations) par rapport à la moyenne 2020. 1 408 reconduites ont eu lieu le mois dernier, ce qui constitue une hausse de 27%, toujours par rapport à la moyenne de 2020.

Néanmoins, difficile de comparer les deux périodes, l’Union des Comores ayant suspendu les réadmissions de ses ressortissants durant de longues semaines, notamment en mai 2020 avec 0 reconduite. Concernant la LIC mer, les chiffres sont encourageants en comparaison de la moyenne annuelle en 2020. Le nombre de kwassas détectés (39 en juin 2021) baisse de 34%, tandis que le chiffre des kwassas interceptés ou ayant fait demi-tour (34 en juin 2021) chute également de 13%. 

Est-ce à dire qu’il y a eu moins de candidats à l’arrivée ? Sans doute car dans le même temps les agents de la LIC ont déjoué 87 % des tentatives d’entrées maritimes le mois passé, contre 67% sur l’année 2020, et 58% en mai 2020. Sans minimiser le travail réalisé, il apparaît évident que si moins de kwassas arrivent, notamment en cette période où la mer est agitée, il est plus simple d’en intercepter davantage.

Preuve que la mobilisation de l’État contre l’illégalité ne peut pas être remise en cause, la lutte contre l’habitat illégal dépasse les objectifs. Plus de 950 cases en tôle ont été détruites sur les 6 premiers mois de l’année (244 sur ce seul mois de juin), alors que les objectifs au premier semestre avaient été fixés à 400 destructions. Par ailleurs, 52 étrangers en situation irrégulière ont été interpellés sur les deux zones d’opération en juin, à savoir Boueni et Koungou Majicavo-Koropa. 84 personnes ont bénéficié d’un hébergement après décasage.

L’État continue donc, avec plus ou moins de réussite, son travail pour lutter contre l’immigration clandestine et sécuriser le territoire. Reste à savoir si les tendances vont se confirmer ou s’inverser avec l’arrivée de Thierry Suquet. 

Pierre Bellusci pour France Mayotte Matin.