Pour la première fois, des dispositifs ont été installés à Mayotte afin de mesurer la présence de microplastiques dans l’air. Ce projet de recherche, mené par l’association Hawa Mayotte et Aix-Marseille Université dans le cadre du programme PLASMA, vise à mieux comprendre une pollution encore méconnue. Un sujet de notre partenaire France Mayotte Matin.
Cette semaine, Hawa Mayotte a franchi une étape importante dans la lutte contre les pollutions à invisibles en installant un ensemble de dispositifs de mesure de la qualité de l’air. Une grande première à Mayotte. Objectif : étudier la présence de microplastiques dans l’atmosphère, dans le cadre du projet PLASMA, en partenariat avec Aix-Marseille Université, dont le groupe de recherche est à l’initiative de cette étude.
« On a monté un protocole exploratoire jamais fait sur l’île », explique Nils Paragot, responsable du pôle études et réglementaire chez Hawa Mayotte. Cette semaine, des jauges de retombées atmosphériques ont été déployées pour collecter les particules à Mamoudzou. « On les laisse exposées pendant 21 jours. Elles sont ensuite collectées, reconditionnées et envoyées à l’université d’Aix-Marseille afin d’identifier la composition des poussières recueillies, pour savoir s’il y a du plastique », explique Nils Paragot. Les données permettront, entre autres, de quantifier le nombre de microplastiques au m2.
Un deuxième dispositif est également déployé à Combani. Il effectue des prélèvements d’air par aspiration et les particules solides sont emprisonnées dans des filtres. En somme, il étudie ce que la population respire. L’initiative permettra d’évaluer, pour la première fois sur le territoire, les concentrations en microplastiques dans l’air, une donnée encore totalement absente des bilans environnementaux habituels. Les prélèvements sont réalisés de manière continue durant 7 jours, trois fois par mois.
Ce programme de recherche va se poursuivre durant six mois. « On ne sait pas trop à quoi s’attendre parce que c’est une vraie première », souligne Nils Paragot. Ce projet scientifique contribuera à documenter cette pollution émergente dans différents milieux -air, sols, rivières, lagon, faune- et à sensibiliser les acteurs locaux à l’urgence de réduire les plastiques à usage unique.
Des chercheurs se serviront, également, des données collectées pour modéliser le devenir des microplastiques, comme c’est le cas en courantologie, mais cette fois dans l’atmosphère. Pour Hawa Mayotte, il s’agit « d’une avancée majeure pour mieux caractériser cette pollution émergente, et en comprendre les impacts environnementaux et sanitaires ».
Anthony Maltret pour France Mayotte Matin