Enfants dits de la Creuse : Le long et victorieux combat identitaire de la Réunionnaise Valérie Andanson désormais Marie-Germaine Périgogne

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Enfants dits de la Creuse : Le long et victorieux combat identitaire de la Réunionnaise Valérie Andanson désormais Marie-Germaine Périgogne

Après des années de combat juridique et administratif, La secrétaire et chargée de communication de la FEDD connue sous le nom de Valérie Andanson, un des enfants dits de la Creuse, a recouvré sa véritable identité - Marie –Germaine Périgogne - son nom d’origine. Une victoire personnelle qui sonne comme une renaissance qui pourrait faire jurisprudence et permettre aux plus de 2 000 enfants déracinés réunionnais de retrouver leurs droits et pour certains leur véritable identité.

« Ce qui ne tue pas rend plus fort », c’est peut-être cet apophtegme qui a guidé Valérie Andanson dans son combat pour recouvrer sa véritable identité. L’actuelle secrétaire et chargée de communication de la Fédération des Enfants Déracinés des Départements et régions d’outre-mer (FEDD) a en effet engagé un long combat pour changer d’état civil et retrouver son nom d’origine.

Six ans de lutte, de démarches administratives en tous genres auprès des différentes instances de justice et des diverses autorités de l’Etat. Six ans d’efforts faits de hauts et de bas, d’échecs, de doutes, mais aussi de détermination à vouloir faire reconnaître un droit que cette victime d’exil forcé estime être inaliénable. 

Un scandale d’Etat

Rappelons que celle qui s’appelait jusqu’alors Valérie Andanson fait partie des enfants dits de la Creuse. Une histoire qui a perduré pendant 22 ans (de 1962 à 1984) et a concerné plus de 2 000 enfants réunionnais qui ont été arrachés à leur terre, à leur culture et à leur histoire pour être envoyés dans la quasi-totalité des départements français de l’hexagone (83 exactement). Et si l’on parle improprement d’enfants de la Creuse, c’est parce que cette région peu peuplée est celle qui a accueilli le plus d’enfants déracinés. Un sujet tabou pendant des années car s’apparentant à un véritable scandale d’Etat. Ce n’est d’ailleurs que récemment, après l’Assemblée nationale en 2014, que l’Etat a reconnu sa « responsabilité morale » dans cette histoire et a évoqué à mots couverts une forme de « justice restauratrice ». 

 Un formidable espoir

Peut-être d’ailleurs que Valérie Andanson a bénéficié dans sa demande de changement d’état civil de cette évolution des autorités publiques. Toujours est-il que cette dernière a obtenu gain de cause et s’appelle désormais Marie-Germaine Valérie Périgogne, son nom d’origine. Une victoire personnelle que cette dernière a accueilli comme une renaissance en ses termes : « Je suis née une seconde fois ce vendredi 6 septembre 2024 à 61 ans, soit 58 ans après mon exil dans la Creuse alors que je n’avais que 3 ans. Avec mon courage, ma volonté, ma foi, je suis redevenue réunionnaise depuis ce vendredi. Après avoir eu 2 actes de naissance, 2 lieux de naissance, je suis redevenue réunionnaise et je vais enfin vivre mon autre moi. J’ai gagné ce combat face à l’Etat français qui a volé mon enfance comme plus de 2 000 enfants réunionnais exilés de 1962 à 1984. Ma réussite va faire jurisprudence concernant cette escroquerie d’identité. Pour se construire et se reconstruire, il faut savoir d’où l’on vient. Appelez-moi désormais Marie-Germaine Périgogne, née à Bois-de-Nèfles à Saint-Paul ». 

On dit que le recommencement est une chance et que le pays qui nous a vus naître est constitutif de ce que nous sommes, dans ce cas, le recouvrement de son identité devrait permettre à Marie-Germaine Périgogne non seulement de se reconstruire mais également de profiter pleinement de sa nouvelle vie et se frayer un chemin parmi cette existence chahutée étant entendu que l’avenir est ce qui peut nous arriver de mieux. Une victoire ressentie également comme un formidable espoir pour ceux de ses pairs en quête identitaire car cette décision de justice pourrait faire jurisprudence. En attendant, le combat se poursuit pour faire avancer les revendications –et elles sont nombreuses – de la FEDD.

E.B.