Lundi 10 janvier, le directeur de l’ARS Olivier Brahic justifiait l’arrivée en renfort de 15 sages femmes par l’absentéisme lié au Covid mais également par une hausse de l’activité au service maternité du CHM. Avec plus de 10 500 naissances l’année passée, un nouveau seuil a en effet été franchi. Explications de notre partenaire France Mayotte-Matin.
« Les chiffres sont en cours de stabilisation, mais pour 2021, on devrait atteindre plus de 10 500 naissances. » Ces mots sont ceux d’Olivier Brahic, le directeur de l’ARS qui a fait cette annonce ce lundi dans la matinale de Kwezi. Invité à réagir sur l’arrivée en renfort de 15 sages femmes ce lundi, le chef de file de la santé n’a pas caché que l’absentéisme lié au covid n’était pas la seule explication à ce besoin de personnels supplémentaires. Le service maternité du CHM a connu une hausse d’activité de 14% entre 2020 (9200 naissances) et 2021 (+ de 10500). Un chiffre vertigineux qui place plus que jamais le département au rang de première maternité d’Europe. Mais alors comment expliquer cette explosion des naissances en 2021? Difficile de répondre à cette question sans avoir le détail des naissances, notamment la composition des parents.
La crise sanitaire en partie responsable?
Une chose est sûre, ces naissances sont encore une fois portées par les femmes comoriennes. Alors que les autorités assurent avoir gagné en efficacité pour protéger les frontières, ce chiffre questionne sur le nombre de migrants qui se sont installés à Mayotte en 2021. Le préfet Colombet parlait de 25 000 entrées chaque année. Un chiffre impossible à vérifier, à l’instar de la nature des arrivants. Des femmes enceintes ont-elles fui les Comores par peur de la vague de variant sud africain qui a frappé le pays voisin en début d’année 2021? Les femmes mahoraises qui pour beaucoup vont accoucher à La Réunion ou en métropole ont-elles été contraintes d’accoucher à Mayotte en raison des restrictions de déplacement notamment depuis la création du pass sanitaire? Sans doute, mais cela ne peut pas suffire à expliquer une telle hausse car en 2020, il était également difficile de voyager. L’impact de la crise sanitaire sur les naissances sera sans doute difficile à mesurer pour l’INSEE. Et quoi qu’il en soit, l’île va devoir composer avec ces 10500 nouveaux nés.
Comment construire face à une telle croissance démographique?
En 2019, les 9770 naissances faisait office de record absolu. 2021 a fait voler en éclat cette référence. Cela aura des conséquences très lourdes si ce chiffre venait à devenir la norme dans les prochaines années, ce qui paraît plausible. La première conséquence sera bien évidemment liée à l’éducation nationale. Les 600 salles de classes promises depuis deux mandats ne suffiront plus. Selon le recteur, le calcul des besoins est fixé sur ces 10 000 naissances. Les enfants montant en niveau chaque année, une fois les salles de salles construites, l’éducation nationale devrait pouvoir scolariser tous les enfants.
Mais avec plus de 10500 naissances, les besoins devront encore être revus à la hausse. Idem pour les structures de formation, les établissements de santé, les équipements et administrations publics, les infrastructures liées aux besoins en eau, en électricité, les crèches, etc… Un nouveau pallier vient donc d’être franchi et ce sont toutes les politiques publiques qui vont devoir s’adapter sans plus attendre.
Par Pierre Bellusci pour France Mayotte-Matin
