« La situation est catastrophique » : le cyclone Chido, le plus violent de l'histoire de l'archipel, s'est abattu samedi sur Mayotte, où ses vents d'au moins 220 km/h ont dévasté l'archipel de l'océan Indien. Deux victimes sont déjà déplorées.
Plus de 15 000 foyers sont privés d'électricité, a tweeté la ministre de la Transition écologique démissionnaire, Agnès Pannier-Runacher. Le nouveau Premier ministre François Bayrou a dit sur X se tenir « informé heure par heure ». Bruno Retailleau a lui annoncé l’envoi supplémentaire de 140 militaires de la sécurité civile et sapeurs-pompiers, ainsi que 1 600 forces de l’ordre pour assurer la sécurité.
Deux premières victimes
Sur X, le chef de l’État a dit aussi « suivre de près » la situation sur place. « Mahorais, tout le pays est à vos côtés. Merci aux services de l’État, aux forces de secours et de sécurité mobilisés. Des renforts sont là, d’autres arriveront demain. L’heure est à l’urgence. Nous serons là aujourd’hui comme demain », a-t-il ajouté.
« La situation est catastrophique. On ne sait pas s'il y a des victimes mais vu les dégâts c'est probable », a dit à l'AFP le président de l'association des maires du département d'outre-mer, Madi Madi Souf, joint par téléphone alors qu'il se trouvait dans l’Hexagone, alors que la plupart des communications sont coupées avec l'archipel. D'après BFMTV, deux personnes on été retrouvées mortes sur Petite-Terre, à l'est de la capitale Mamoudzou.
L'œil du cyclone tropical intense est passé sur le nord et nord-ouest de Grande-Terre en fin de matinée, avec des rafales observées qui ont atteint au moins 226 km/h à l'aéroport de Pamandzi, fermé, selon le dernier bulletin de Météo-France. Il s'est éloigné à l'ouest de Mayotte, annonçant une accalmie en fin d'après-midi.
L'archipel avait été placé en alerte cyclonique violette à 5h locales (3h à Paris), impliquant « un confinement strict de l'ensemble de la population », selon la préfecture. L'abaissement au niveau rouge permet de nouveau aux secours de sortir. Selon le préfet, il s’agit du pire cyclone qui s’est abattu sur Mayotte, généralement épargnée, depuis 1934.
« Il n'y a pas de réseau, on n'arrive pas à entrer en contact avec les gens qui sont sur l'île », s'est alarmé sur BFMTV le président du syndicat national des sapeurs-pompiers professionnels de Mayotte, Abdoul Karim Ahmed Allaoui. « Même les bâtiments construits aux normes sismiques n'ont pas su résister. Le Codis (centre opérationnel d'incendie et de secours) a été évacué et fonctionne en mode dégradé », a-t-il témoigné.
« Atroce »
Réfugié dans sa baignoire, Pierre, un habitant de Mamoudzou, a fait part à l'AFP d'une situation « atroce ». Depuis l'Hôtel de ville de Ouangani, le maire Youssouf Ambdi a dit craindre « le pire ». « Prions pour qu'il n'y ait pas de victimes », a-t-il témoigné auprès de l'AFP.
Ibrahim Mcolo, un habitant de Chiconi dans l'ouest de Grande-Terre, est allé se réfugier dans la maison en béton de sa famille à Kangani, dans le nord de l'île. « Je vois toutes les tôles des voisins s'envoler, des câbles arrachés, le bananier du voisin à terre. Il n'y a plus d'électricité. Même dans notre maison qui est bien protégée, l'eau rentre. Je la sens trembler ».
« Mayotte a une forte population qui vit dans les bidonvilles, dans les hauteurs, avec des habitations précaires. Mais on découvre que même les gens qui sont dans des habitations en dur ne sont pas épargnés », a relevé le chef des pompiers. La circulation a été interdite sur la voie publique des deux îles, Grande-Terre et Petite-Terre, et l'aéroport de Dzaoudzi est fermé.
A ceux qui vivent dans des habitations précaires, très nombreuses dans le département, le préfet avait plus tôt conseillé de rejoindre l'un des 71 centres d'hébergement « ouverts à tous » dans des établissements scolaires et des gymnases. Sont concernées en priorité les quelque 100 000 personnes logeant dans des « habitations non solides » qui ont été identifiées par les autorités, sur une population totale estimée à 320 000 habitants dans l'archipel.
Avec AFP