Avec Star Aid, leader outre-mer des défibrillateurs, le Réunionnais Mamodraza Mamodaly assume un modèle de croissance ambitieux pour 2030 : « Notre business model doit être innovant, modélisable et rentable »

© DR

Avec Star Aid, leader outre-mer des défibrillateurs, le Réunionnais Mamodraza Mamodaly assume un modèle de croissance ambitieux pour 2030 : « Notre business model doit être innovant, modélisable et rentable »

Créée en 2012 à La Réunion, Star Aid s’est imposée en un peu plus d’une décennie comme un acteur de référence de la location et de la maintenance de défibrillateurs outre-mer et des formations secourisme, avec plus de 1 500 entreprises équipées et formées. Avec son associé Frédéric Gaudin, ils ont fait le choix de la fiabilité et de la disponibilité de ces dispositifs vitaux un combat structurant, dans un secteur encore insuffisamment organisé. Une vision récemment saluée par trois distinctions majeures, médaille d’or CCI, Medef Business Award 2025 et finaliste à Paris du Trophée des Leaders de Demain du Medef dans la catégorie « impact territorial » : « Une consécration qui illustre un double impact : fortement ancré à La Réunion, mais désormais visible et reconnu bien au-delà, dans l’ensemble des territoires ultramarins et à l’échelle nationale. ». Pour Outremers360, Mamodraza Mamodaly nous dévoile les ressorts de cette réussite, les défis persistants du marché et ses ambitions à l’horizon 2030, entre ancrage territorial renforcé et déploiement à l’échelle nationale.

 

© DR

La Réunion à 100 % de disponibilité, contre 60 % dans l’Hexagone

Dès sa création, Star Aid fait le choix d’un modèle BtoB, au service des entreprises, des collectivités, des établissements recevant du public. « Il vaut mieux ne pas s’équiper que s’équiper mal. Un défibrillateur qui ne marche pas, au moment où on en a besoin, est potentiellement mortel. », insiste Mamodraza Mamodaly, rappelant qu’en France hexagonale, sur 500 000 défibrillateurs recensés, près d’un tiers ne serait pas fonctionnel. Sur les territoires où Star Aid est implantée, l’entreprise revendique un niveau de performance radicalement différent du reste du pays : « À La Réunion, sur notre parc, nous sommes à 100 % de disponibilité. En France hexagonale, on descend à environ 60 % en moyenne. » Il s’interroge « Comment est-ce possible d’accepter qu’on perde 40 points de disponibilité sur un appareil qui doit sauver des vies ? » et rappelle la mission première de Star Aid : « Cette année à La Réunion, nous avons sauvé 4 vies. Nous avons notamment sauvé une vie à l’aéroport Roland Garros. Ça veut dire que nous avons réussi notre mission, notre appareil était fonctionnel, nous avons donné les bonnes informations à notre locataire et les choses se sont bien déroulées. C’est notre leitmotiv, on est là pour sauver des vies. »

© DR

Cap 2030 : changer d’échelle sans renoncer à l’ancrage territorial

Mamodraza Mamodaly revendique une vision de long terme, façonnée par l’expérience du terrain. Implantée à La Réunion, à Mayotte et aux Antilles, Star Aid affiche désormais de fortes ambitions nationales. Avec le projet Cap 2030, l’entreprise vise la gestion de 60 000 défibrillateurs en France hexagonale, en s’appuyant sur plus de dix ans d’expérimentation dans les outre-mer pour valider un modèle duplicable. Accompagné par des consultants et Bpifrance, Mamodraza Mamodaly a soumis son projet à une triple exigence d’innovation, de modélisation et de rentabilité, avant d’engager ce changement d’échelle. Une expansion d’autant plus stratégique que le cadre réglementaire évolue, avec un projet de loi qui viserait à imposer l’équipement en défibrillateurs des copropriétés à partir de 20 logements, ouvrant ainsi un nouveau marché.

© DR

La formation, pilier stratégique

Mais Star Aid ne se limite pas au matériel. La formation constitue un pilier essentiel de son activité dans les domaines de la santé-sécurité au travail et les risques professionnels. Une antenne a été ouverte à Marseille, autour de la formation en santé mentale, premier pied assumé dans l’Hexagone. L’entreprise expérimente également des outils pédagogiques innovants, notamment les outils pédagogiques JUSKOUTIRA et SLAC : « Ils ont d’abord été utilisés en interne, dans une logique d’expérimentation. L’objectif était de permettre aux collaborateurs de découvrir le dispositif, d’en comprendre les mécanismes et de prendre le temps de la formation et de la réflexion. », observe-t-il. Au-delà de l’outil, l’expérience a marqué les équipes : « Pendant une journée, j’ai vu des collaborateurs rire. Et surtout, certains ont exprimé des choses qu’ils n’auraient pas osé dire autrement », souligne le dirigeant, mettant en avant un nouvel espace d’expression, y compris entre collaborateurs et managers.

© DR
© DR

Une organisation hybride au service de la performance collective

Cet esprit d’équipe revendiqué par Star Aid s’appuie sur une organisation que Mamodraza Mamodaly défend et cultive au quotidien. Souple et hybride, elle réunit près d’une soixantaine de collaborateurs et s’articule autour d’un modèle agile, combinant une équipe salariée structurée, une trentaine de formateurs indépendants mobilisés régulièrement, ainsi que des consultants spécialisés sollicités en fonction des besoins.

© DR

Entreprendre, une responsabilité avant d’être une promesse

Mamodraza Mamodaly porte un regard critique sur une certaine vision idéalisée de l’entrepreneuriat. Il dénonce ce qu’il qualifie d’« entrepreneuriat facile », souvent véhiculé par les réseaux sociaux : des promesses rapides, des formations en ligne ou des séminaires censés garantir le succès immédiat.

© DR
© DR

À l’inverse, il défend une approche fondée sur la durée et l’engagement. Pour lui, entreprendre relève avant tout « de la résilience et du long terme ». Si les outils numériques et les réseaux sociaux peuvent accélérer les trajectoires, ils ne doivent pas masquer la réalité du terrain. « Derrière l’entrepreneuriat, il y a des responsabilités, des engagements, des collaborateurs », rappelle-t-il. Une posture qu’il revendique pleinement : « Je dis souvent à mes équipes que je suis naturellement responsable d’elles. Si l’entreprise va mal, ce sont aussi leurs familles qui sont impactées. » souligne-t-il.

Un rappel assumé, selon lui, de la part d'incertitudes et d’échecs inhérents au parcours entrepreneurial : « On ne devrait pas avoir honte d’échouer. Sans l’échec, on ne réussirait pas. »