Avec « Discord Étudiants Mahorais » et « Ensemble Nari Some », Binti Chaharoumani se bat pour l'excellence mahoraise

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Avec « Discord Étudiants Mahorais » et « Ensemble Nari Some », Binti Chaharoumani se bat pour l'excellence mahoraise

Forte de près de 700 étudiants, l'association Discord Étudiants Mahorais multiplie les initiatives pour accompagner les jeunes mahorais dans leur réussite académique et professionnelle. Dans l'équipe composée d’ingénieurs, de chercheurs, de pharmaciens ou encore d’enseignants, Binti Chaharoumani, 25 ans, apporte une double énergie : membre active de ce canal Discord et fondatrice de « Ensemble Nari Some » (ensemble, étudions), sa propre initiative de soutien scolaire. Pour cette jeune femme portée par les valeurs d'éducation et d'impact social, ces deux engagements poursuivent un même objectif : briser l'isolement des étudiants et faire rayonner l'excellence mahoraise.

Ce samedi 13 décembre, place à un nouvel épisode de « 10 Cordes, ça m'dit », un rendez-vous mensuel où les étudiants peuvent rencontrer des invités aux parcours inspirants. Pour cette nouvelle édition, le Discord des Étudiants Mahorais reçoit Soidridine Soulaïmana, président du Réseau LAHIKI – Mayotte Expat, qui accompagne les étudiants tout au long de leur parcours : de la mobilité à l'insertion professionnelle, en passant par le mentorat. Cette rencontre témoigne de l'ambition collective portée par Binti Chaharoumani et son équipe : montrer aux jeunes mahorais qu'ils peuvent compter sur des aînés prêts à les guider.

En effet, avant d'accompagner les autres, la jeune femme a d'abord dû apprivoiser sa propre trajectoire. Elle grandit à Mayotte, où elle effectue sa scolarité jusqu'en cinquième avant de rejoindre l'Hexagone pour y faire sa rentrée en quatrième. « Quand on arrive dans l’Hexagone, même quand on a de la famille, on finit par se retrouver seul au bout d'un moment », raconte-t-elle, évoquant ces années de collège, de lycée pro puis de BTS, marquées par des interrogations et un sentiment de décalage. Pour renforcer son profil, elle enchaîne les formations complémentaires et s'oriente vers un poste salarié au sein de l’Association pour le droit à l'initiative économique (ADIE). En parallèle, une question continue de lui tarauder l’esprit : « Qu'est-ce que je peux faire pour servir ma communauté ? ».

Ensemble Nari Some : une safe place pour réviser

C'est en observant les difficultés d'un proche et celles des étudiants de son entourage que l'idée mûrit réellement. « J'ai toujours cherché une association qui réunissait des étudiants, et je me suis dit qu'un jour, il faudrait que je crée une initiative ou que je m'associe à quelque chose qui met en relation les étudiants et les motive à réussir leur année scolaire.» Ce désir de passer à l'action ne la quittera plus et deviendra le socle d'Ensemble Nari Some. Le principe : des ateliers de révision une fois par semaine, ouverts aux étudiants mahorais dans l’Hexagone, à La Réunion, à Mayotte, mais aussi à ceux qui préparent le bac. « On est une petite dizaine pour le moment, mais l'objectif, c'est d'avoir un noyau d'étudiants ambitieux, qui se tirent vers le haut », décrit Binti Chaharoumani. Les sessions sont libres : une étudiante en pharmacie peut présenter un cours, un autre en droit partage un chapitre de procédure, une licence d'espagnol propose un diaporama en langue étrangère. Chaque participant doit préparer des fiches au format digital.

Plus qu'un groupe de travail, Ensemble Nari Some veut être une safe place : « J'aurais pu faire des lives sur Instagram ou Twitter, mais ce n'est pas ce que je veux. Là, on est entre nous, en vidéo, et les étudiants se sentent en sécurité, compris, entourés de personnes qui leur ressemblent », insiste-t-elle. Aujourd'hui, elle n'est plus seule dans l'aventure : une jeune étudiante en master l'a rejointe pour co-animer les rendez-vous et partager les tâches.

Une alliance naturelle avec d’autres

La passerelle avec le Discord des Étudiants Mahorais se fait presque par hasard. Un jour, la jeune femme tombe sur une vidéo et un commentaire mentionnant la plateforme ; elle clique, se renseigne, participe à un atelier, puis est finalement contactée pour rejoindre l'équipe. « On s'est tout de suite compris, on avançait sur la même lignée. On était alignés sur un but commun », se souvient-elle. Désormais, elle assure des ateliers de motivation coaching une fois par mois et renforce la communication de l'association aux côtés d’un autre membre de l’équipe. Le canal, qui rassemble aujourd'hui près de 700 membres, propose des ateliers CV ou lettres de motivation, de l’aide à la rédaction de rapports de stage ou de mémoires, mais aussi des conseils de professionnalisation. « Ce n'est pas de l'aide aux devoirs, c'est surtout lié à la professionnalisation du parcours, et on sent qu'il y a une énorme demande dans notre communauté. »  Grâce à l'organisation en salons thématiques (anglais, CV, masterclass, etc.), les étudiants, qu'ils soient au Canada, aux États-Unis ou en France, peuvent accéder aux informations, aux ateliers et au réseau en quelques clics.

« C'est très bien organisé, chacun trouve sa place, et surtout, dès que quelqu'un a une info, elle circule très vite », ajoute-t-elle. Lancée en 2023, l’association trouve petit à petit son public avec des rendez-vous attendus, à l’instar de « 10 Cordes, ça m'dit », un concept qui donne la parole à des invités aux parcours marquants, autour de thématiques multiples.

« Ce genre de rencontre montre aux jeunes que leur avenir ne se limite pas à un diplôme. Il y a des réseaux, des mentors, des personnes prêtes à les accompagner », insiste Binti Chaharoumani. Pour la jeune fondatrice, ce combat est appelé à durer : elle réfléchit déjà à la possibilité de proposer un jour un événement physique, en complément des ateliers en ligne.

En attendant, entre sessions de révision avec Ensemble Nari Some et ateliers collectifs sur Discord, elle continue de bâtir, patiemment, un réseau où les étudiants mahorais n'ont plus à choisir entre ambition et solitude. « L'idée, c'est qu'aucun étudiant ne se sente seul face à ses études. » D’ailleurs le slogan de l’association est très clair : Kogno Moja : Soyons unis et solidaires pour Mayotte.