Syndicat de l’eau en Guadeloupe : Face à un déficit de 57 millions d’euros, la Chambre régionale des comptes propose un plan de redressement sur 5 ans

Syndicat de l’eau en Guadeloupe : Face à un déficit de 57 millions d’euros, la Chambre régionale des comptes propose un plan de redressement sur 5 ans

Le déficit du budget 2025 du Syndicat mixte de gestion de l’eau et de l’assainissement en Guadeloupe (SMGEAG) s'élève non pas à 41 millions d'euros, mais à 57 millions après la relecture de la Chambre régionale des comptes. Les magistrats financiers proposent un plan sur 5 ans pour tenter réduire partiellement le gouffre. Un sujet de notre partenaire RCI Guadeloupe.

La Chambre régionale des comptes (CRC) vient de rendre, ce vendredi, son avis sur la situation budgétaire du SMGEAG, après la saisine du préfet de Guadeloupe. En juin dernier, le syndicat mixte de gestion de l'eau et de l'assainissement de Guadeloupe avait voté un budget supplémentaire en déséquilibre de 41 millions d'euros. L'analyse et les corrections formulées par la juridiction financière aboutissent à un déficit colossal de 57,5 millions.

Malgré les efforts déjà engagés par la structure de gestion de l'eau, le déficit continue de se creuser. Pierre Grimaud, président Antilles-Guyane de la Chambre régionale des comptes, explique les causes de son déficit : « On a effectivement plus de dépenses que de recettes, le nerf de la guerre étant les recettes. Être mieux payé pour le service qu'il rend et mettre fin aux tours d'eau pour que la confiance de la population se retrouve. Il faut faire attention à ce qu'on redresse les choses de façon plus rapide, mais en tout cas, il y a une alerte faite par cet avis ».

Améliorer les recettes

La CRC a formulé 7 recommandations générales pour améliorer les recettes et générer des économies. Côté recettes, les magistrats veulent mettre les communautés d'agglomération, le conseil régional et le conseil départemental à contribution. En d'autres termes, ces collectivités devraient verser solidairement environ 16 millions d'euros en 2 ans au SMGEAG en guise de financement exceptionnel.

Une hausse tarifaire progressive est aussi envisagée afin de lisser les différents tarifs proposés par le syndicat. Pour l'eau potable, la chambre en dénombre 30 sur l'ensemble de la Guadeloupe, un chiffre bien trop important. De plus la mise en service de 20 000 à 30 000 compteurs, non intégrés dans les bases de facturation est proposée par la CRC.

Faire des économies

Côté économie, la Chambre régionale des comptes demande un recours plus important à la numérisation, la rationalisation du parc automobile et la maîtrise de la sous-traitance. Les dépenses de personnel sont aussi visées par les magistrats, qui veulent faire passer la masse salariale de 38 millions d'euros en 2026 à 33 millions en 2030. Le niveau visé en 2026 serait la conséquence d'un plan de financement de départs volontaires.

La CRC fixe comme objectif au SMGEAG de réduire son taux d'impayés à 34 % en 2030 contre 42 % en 2026. Pour y parvenir, l'organisme devra améliorer ses procédures de recouvrement et mieux suivre ses procédures contentieuses. L'ensemble de ces mesures permettrait de réduire le déficit du syndicat de 8,9 millions d'euros en 2030. Une baisse qui serait significative, mais pas encore suffisante rappelle la CRC.

Mobilisation forte de la CRC

Pour parvenir à cet avis ainsi qu'au plan qui en découle, les magistrats financiers ont mis en œuvre des moyens exceptionnels. Une mesure qui se justifie au regard de l'importance de la problématique de l'eau en Guadeloupe.

Aloys Domon, conseiller de la CRC, a travaillé sur ce dossier : « On a dû travailler dans un temps assez contraint, puisque le Code des juridictions financières et le Code général des collectivités territoriales nous contraignent justement en termes de temps dévolu à l'instruction. Justement, une organisation un petit peu exceptionnelle a été mise en place pour ce contrôle à fort enjeu sur le SMGEAG, puisque nous étions une équipe de contrôle en quelque sorte doublée, c'est-à-dire deux magistrats et trois vérificateurs ».

Aloys Domon note la bonne collaboration des services du SMGEAG dans le cadre de cette revue des comptes. « Il y a vraiment l'idée que chaque budget doit être regardé en détail, qui soit important ou plus modeste au niveau de la structure. Et enfin, la chambre doit également prendre en compte le fait qu'on est sur une structure récente, issue d'une fusion entre plusieurs structures précédentes qui étaient elles-mêmes complexes, qui avaient elles-mêmes leurs difficultés. Ce qu'on a pu constater, c'est qu'il y a eu une collaboration qui a été assez efficace avec les équipes du SMGEAG. Je pense qu'il y a aussi un souhait de leur part de pouvoir faire la lumière sur la situation financière réelle ».

RCI Guadeloupe