Les dirigeants du Forum des îles du Pacifique (FIP) ont annoncé mercredi le report d'une mission en Nouvelle-Calédonie, territoire français secoué depuis plus de trois mois par des violences liées à la réforme du corps électoral, en raison d'un différend entre les autorités calédoniennes et Paris.
Le FIP, qui regroupe 18 Etats et territoires associés du Pacifique -dont la Nouvelle-Calédonie et la Polynésie française-, avait annoncé début août l'envoi dans l'archipel d'une "mission d'enquête de haut niveau" pour aider à résoudre la crise, ce que le gouvernement français avait accepté.
Cette mission devait arriver en Nouvelle-Calédonie cette semaine, avant la réunion annuelle du FIP prévue du 26 au 30 août aux îles Tonga. Mais elle a été reportée sine die car le gouvernement calédonien a fait état de "problèmes relatifs à la régularité de la procédure et du protocole qui doivent être résolus", a fait savoir le Forum dans un communiqué.
Ce report fait suite à des allégations provenant du président du Congrès de la Nouvelle-Calédonie, l'indépendantiste Roch Wamytan, selon qui la France essaye d'imposer au FIP le programme de sa mission."Nous considérons que c'est une forme d'humiliation inacceptable", a déclaré M. Wamytan, cité par la radio néo-zélandaise RNZ.
Une source proche de l'Etat français a affirmé que la France est prête à accueillir cette mission "à n'importe quel moment". "Le report de cette mission n'est pas du fait de l'Etat", a ajouté cette source.
Toujours selon cette source, le président français Emmanuel Macron a donné son accord à une mission "autour de quelques grands principes", à savoir "l'ordre public, la sécurité, la gouvernance et la stabilité économique et sociale".
Paris a proposé au président du gouvernement calédonien Louis Mapou de "participer à l'organisation de cette mission", mais l'élu indépendantiste "a écarté cette proposition", a ajouté la même source.
Les violences qui frappent la Nouvelle-Calédonie, territoire colonisé par la France au milieu du XIXe siècle, ont provoqué la mort de 11 personnes, dont deux gendarmes. Elles ont éclaté le 13 mai, pendant l'examen au Parlement français d'un projet de réforme électorale accusé de marginaliser la population autochtone kanak.
Cette réforme a été depuis suspendue mais les indépendantistes, qui en demandent l'abandon pur et simple, continuent de se mobiliser dans la rue.
Avec AFP