Depuis quelques années, la fin du mois de juillet et le début du mois d'août sont l'occasion pour l'UDE MEDEF Guadeloupe d'organiser son Tour économique de l'archipel. Cet événement permet aux acteurs économiques de rencontrer des entrepreneurs de divers secteurs comme l'agroalimentaire, la logistique, le multimédia ou encore la formation, et de soulever les nombreux défis qu'ils rencontrent quotidiennement. C’est lors de cet événement que l'année dernière, Outremers360 a rencontré Nathanaël Philbert, un entrepreneur guadeloupéen basé à Bali, spécialisé dans la création de contenu et l'accompagnement des entreprises et des collectivités. Un an plus tard, le jeune homme de 26 ans continue de développer ses projets orientés vers les nouvelles technologies.

À 18 ans, fraîchement diplômé d'un baccalauréat littéraire, Nathanaël Philbert souhaite poursuivre ses études dans une école d'art. Les choses ne se dérouleront finalement pas comme prévu… C’est alors de manière totalement autodidacte qu’il choisira de s’orienter vers d'autres voies. "Je viens d'une famille qui n'était pas aisée. Il fallait que je sois autonome très vite", se rappelle-t-il. "Je n’en étais pas conscient à l’époque, mais je pense que c’est ce qui m’a poussé à entreprendre si jeune. Quand on veut passer son permis, voyager… Cela vient de nos propres fonds. On grandit avec un état d’esprit totalement différent. Je pense que c'est de là que j'ai développé ce côté où il fallait que je gagne rapidement mon propre argent." Fidèle à sa première passion, l'art, Nathanaël Philbert se lance dans un projet artistique en organisant son exposition. Il y vend de nombreuses toiles. "J'avais deux styles : un côté abstrait et un côté réaliste, travaillé à l'huile. J'essayais toujours d'incorporer des émotions dans mes créations. Lorsque je créais, c'était vraiment un peu mon leitmotiv… C’est quelque chose qui m'a, par la suite, beaucoup aidé dans le monde de la vidéo et de la photo".

Des voyages et des rencontres

Grâce à l'argent gagné, Nathanaël décide d’assouvir une autre de ses passions : voyager. Au fil de ses voyages, il se lance dans la création de contenu pour lui-même et pour les autres. "J'ai commencé à faire des vidéos pour des restaurants et des hôtels. De plus en plus de personnes me sollicitaient, et j'ai voulu professionnaliser cette activité. Mes demandes étaient internationales, que ce soit à Dubaï, à Bali, en Europe ou aux États-Unis, à une époque où très peu de personnes encore faisaient cela", raconte-t-il. L'entrepreneur a collaboré avec des marques telles qu'Airbnb, Booking, Hilton Bali Discovery ou encore Volvo. Malheureusement, en 2020, la crise de la Covid-19 l’oblige à revoir ses plans et à rentrer en Guadeloupe pour retourner auprès des siens. C’est durant cette période difficile qu’il se décide à créer NPH Agency, une agence de création de contenu basée sur le territoire. Le succès est au rendez-vous, et en moins de deux ans, l’équipe s’agrandit pour passer à 15 employés. Une nouvelle aventure qui s’arrête brusquement suite à un incendie survenu en mai 2024. Le site et le matériel détruits, l’entrepreneur se résout à fermer l’agence pour se concentrer sur de nouveaux projets.

Aller de l’avant malgré les difficultés

Actuellement en Guadeloupe, l’entrepreneur compte repartir à Bali prochainement pour poursuivre ses autres activités. « J'ai fondé IAcadémie, avec pour objectif d'accompagner les chefs d'entreprise et les entrepreneurs dans le développement de leurs compétences en création de contenu et en intelligence artificielle. L’IAcadémie offre des formations et des outils pour automatiser des tâches complexes ». La structure est lancée depuis 6 mois avec pour objectif de se développer dans la région Antilles et Guyane, mais aussi au Canada et sur les continents africain et européen. Aux jeunes qui souhaitent entreprendre, Nathanaël Philbert leur dit ceci : « Mon premier conseil serait de bien se poser la question : pourquoi veulent-ils entreprendre ? Il y a cette mode sur les réseaux sociaux qui prône le fait de travailler à son compte, quand on veut, avec qui on veut, mais ce n’est pas si simple. Ce qui m’amène à mon second conseil : c’est de se demander si, toutefois, vous deviez continuer à faire ce projet d'entrepreneuriat sans être payé, est-ce que vous continueriez à le faire ? Parce qu’il faut bien comprendre que vous n'allez pas forcément gagner de l'argent tout de suite. C’est un projet que vous allez construire. C’est la valeur que vous allez apporter qui va rapporter l'argent, et pas l'inverse ».

Abby Said Adinani