Nicolas Philippot, Usine Gardel : «Dès l'année prochaine, nous serons le premier territoire d'outre-mer à fabriquer du sucre de canne bio»

© Stéphane Jumet/ DR

Nicolas Philippot, Usine Gardel : «Dès l'année prochaine, nous serons le premier territoire d'outre-mer à fabriquer du sucre de canne bio»

Avec 10 000 emplois sur le territoire, la filière canne à sucre en Guadeloupe est une activité économique importante, et l'usine Gardel constitue un des piliers importants de ce secteur. Depuis deux ans, Nicolas Philippot dirige cet outil industriel majeur du territoire. Bilan de la dernière campagne sucrière, développement de la production cannière, émergence du premier sucre de canne bio, professionnalisation de la filière, le directeur général délégué de l'usine Gardel dresse pour Outremers 360 les ambitions et perspectives pour pérenniser ce secteur agricole.

 

Outremers 360 : Nicolas Philippot, vous êtes le directeur général délégué de l'usine Gardel depuis deux ans. Pouvez-vous présenter votre parcours et nous dire ce qui vous a amené à être à la tête de l'usine Gardel? 

Nicolas Philippot: Alors j'ai eu un parcours dans l'agroalimentaire pendant 23 ans, au sein d’un groupe fromager français et mondial. J'ai toujours travaillé dans l'agroalimentaire mais je suis plutôt issu de la branche marketing/communication/commerciale. Mon premier poste de directeur général était en Angleterre où je suis arrivé pendant le Brexit. J'y ai passé trois ans pour m'occuper de la filiale avec toutes les questions liées au Brexit. Je suis ensuite rentré dans l’Hexagone avec un périmètre beaucoup plus large. J’étais en charge de plusieurs sites de production. J’ai voulu revenir à un poste de direction générale où l’on avait beaucoup plus d'autonomie et davantage à taille humaine. Cependant, je voulais garder un pied dans les champs et un pied dans l'assiette, «de la fourche à la fourchette», comme on dit souvent. Car, j'ai beaucoup aimé travailler avec les agriculteurs, notamment en France, les coopératives agricoles, sur la collecte du lait, etc. Je retrouve tout cela chez Gardel car nous sommes étroitement liés à la filière, et donc aux planteurs, aux agriculteurs. Mais en même temps, nous nous devons de promouvoir notre sucre, d'aller vers le consommateur, vers les marchés internationaux.

Après une longue carrière au sein d'un groupe fromager français, Nicolas Philippot est à la tête de l'usine Gardel depuis 2021 © Stéphane Jumet 

Outremers 360 : Depuis votre prise de fonction, quels constats faites-vous sur ce produit particulier qu’est le sucre, à la différence du lait/fromage ? Et plus particulièrement sur le sucre guadeloupéen ?

Nicolas Philippot :Je suis passé d'une industrie agroalimentaire, qui doit suivre des normes d'hygiène extrêmement renforcées. En Guadeloupe, lorsqu'on regarde et visite le site, on a l'impression d'être dans une industrie de sidérurgie, avec des machines énormes, etc. C'est le premier gros changement.

Après, le sucre est un produit basique, international, présent dans l'alimentation à travers le monde et soumis à une concurrence internationale très forte, avec des grands pays producteurs tels que le Brésil, l’Inde. C’est un produit assez faiblement transformé Mais un des enjeux est de valoriser la spécificité. La spécificité du sucre de Guadeloupe repose sur une filière à taille humaine, comptant 1500 producteurs de canne. (voire 2 000 en comptant Marie-Galante)

© Cédric Isham Calvados

 Nous sommes capables de faire émerger le territoire guadeloupéen et de parler davantage de la Guadeloupe autour du sucre pour en faire quelque chose de spécifique. En tout cas, c'est la direction, j’en suis persuadé qu'il faut prendre, pour rendre notre sucre unique, et hors de la concurrence avec des sucres de grands pays producteurs.

Outremers 360 : Et comment l'usine Gardel arrive à sublimer ce sucre? Comment l'usine Gardel travaille pour rendre ce sucre spécifique?

Nicolas Philippot: Alors très honnêtement, aujourd'hui, on n’en fait pas assez. Historiquement, l'histoire de Gardel, et d'ailleurs, des sucreries de Guadeloupe, c'était de fabriquer du sucre de canne et d'importer dans l’Hexagone où il était raffiné pour devenir un sucre blanc. Il était mélangé à d'autres sucres de différentes provenances, souvent même de sucre de betterave. C'est encore le cas aujourd'hui, pour 35 à 40 % des volumes de Gardel. Mais de plus en plus, nous allons vers des sucres qu'on appelle des sucres de spécialité, que je préfère appeler des sucres de consommation. Ce sont des sucres qui ont un niveau d'exigence en termes de qualité et des spécificités propres, beaucoup plus précises qui font que nos clients achètent ce sucre là pour le cahier des charges qu'on leur propose. Il faut davantage sur notre spécifité en proposant de nouveaux produits :  un sucre IGP Guadeloupe ou le sucre bio par exemple.

Outremers 360: Alors à l'heure actuelle, combien de tonnes produit l’usine Gardel en termes de sucre?

Nicolas Philippot : Nous sommes aux alentours de 40 000 tonnes à l'année, ce qui est faible au regard de l'historique. Forcément, c'est étroitement lié à la quantité de cannes que l'on récolte. Aujourd'hui, on récolte environ depuis quelques années 404 000 tonnes de canne là ou avant ont dépassé le million. Il faudrait de façon plus réaliste atteindre les 700 à 750 000 tonnes de canne sur le territoire guadeloupéen, cela nous permettrait de sortir 75 000 tonnes de sucre.

© Cédric Isham Calvados

Outremers 360: Cette moyenne de 40 000 tonnes de sucre a-t-il été atteint lors de cette dernière campagne sucrière?

Nicolas Philippot : Alors on n'a pas totalement atteint malheureusement. Parce que, comme je vous le disais, le taux de sucre est plutôt aux alentours de 9 %. Mais malheureusement, cette campagne a été une campagne extrêmement difficile, très pluvieuse, qui dit pluvieuse et surtout tardive. On a démarré trop tardivement et donc on a rencontré les pluies. Conséquences : la canne qui emmagasine du sucre pour justement passer une période de sécheresse, s’est trouvé les pieds dans l'eau. N’étant plus soumise à la sécheresse, la canne repuisait dans son sucre pour repartir en végétation, c'est -à-dire se remettre à produire du végétal. Cela a entraîné une baisse du taux de sucre dans la canne et donc on en a récolté 404 000 tonnes de cannes Mais nous n’avons pas sorti 40 000 tonnes de sucre, nous sommes plutôt sur une campagne qui est décevante.

Nous avons une industrie à taille humaine mais qui fait vivre une filière

Outremers 360 : Après la campagne sucrière, quelle est la suite du programme pour l'usine Gardel?

Nicolas Philippot : Alors, lorsqu'on lance l'usine sucrière et la récolte, l'enjeu, c'est de ne pas s'arrêter. On compte à peu près 100 jours de broyage et on va dire quatre mois et demi à cinq mois de campagne. Et donc l'enjeu, c'est que le site ne s'arrête pas et surtout broie une quantité de canne qui fasse qu'on arrive à passer ou à récolter sur la période de campagne, toute la canne présente en Guadeloupe, parce que les planteurs attendent de Gardel que toute la canne soit récoltée.

© Cédric Isham Calvados

Sur la période hors campagne, nous révisons le site. Nous rentrons dans une période de maintenance, on fait de la maintenance préventive. En même temps, on fait des plans d'investissement, des travaux neufs qui vont nous permettre d'être plus efficaces, plus efficients, de développer de nouveaux outils. Tout cela se passe en inter-campagne. L’enjeu,  est de redémarrer la campagne en sachant que l'intégralité de nos moulins, pompes et toute la partie électrique, ont été révisés. L’objectif est de lancer la campagne sereinement, sans avoir de panne ou d'avarie pendant la campagne.

On commence déjà à récolter de la canne bio et on va fabriquer des sucres bio l'année prochaine

Outremers 360 : Malgré la baisse de la production du tonnage de sucre, l’Usine Gardel arrive-t-elle à répondre aux besoins en sucre des consommateurs et de ses clients ?

Nicolas Philippot : On fait aujourd'hui à peu près 60 % de nos volumes sur des sucres de consommation, 40 % de nos volumes sur des sucres à raffiner. Ces sucres partent en bateau pour y être raffinés en Europe, et ensuite ils sont vendus sur des marchés internationaux. Les sucres de consommation sont des sucres spécifiques guadeloupéens, des sucres roux avec des spécifications bien précises. Ces derniers qui représentent environ 35 %, sont vendus sur le territoire local,  les Antilles au sens large avec principalement la Guadeloupe, un peu la Martinique et après les îles environnantes. Pour répondre à votre question, oui, on arrive à répondre à cette demande, et c'est d'ailleurs celle que l’on privilégie. On fait en sorte de répondre à cette demande locale. Cette demande locale est décomposée en deux grandes parties : ce sont des industries locales ( industries de jus de fruits, de confiture, de produits locaux sucrés) et le consommateur final qui achète le sucre dans un supermarché.

L’autre proportion de sucre produite part en Europe, principalement en France vers des industries agroalimentaires qui incorporent nos sucres dans leurs recettes. Sur cette deuxième partie, on a un carnet de commandes supérieur à ce qu'on est capable de produire. C'est un bon signe. C'est aussi conjoncturel puisqu'aujourd'hui, le réchauffement climatique avec les sécheresses, la production de sucre est moins importante sur les marchés internationaux, soutenant ainsi le prix de marché. Mais les clients internationaux sont à vouloir davantage de sucres que nous sommes capables d'en produire.

© Cédric Isham Calvados

Outremers 360 : Quels sont vos prochains projets à l’usine Gardel. Vous évoquez précédemment un sucre IGP Guadeloupe. Où en est-on, quel est le calendrier fixé?

Nicolas Philippot : Pour l'instant, c'est juste une intention, il est encore à l'état de projet.

Hormis ce projet de sucre IGP, Il y a un projet qui pour le coup, est bien lancé et programmé, c'est le sucre bio. Il existe évidemment du sucre de betterave, il n’existe pas de sucre bio de canne français. Nous avons des clients qui fabriquent des produits agroalimentaires estampillés 100 % français, qui achètent nos sucres. Pour ces mêmes recettes en bio, ils ne sont pas capables de trouver des sucres de canne bio français. La Martinique et  La Réunion territoires producteurs de sucre également, ne produisent pas de sucre bio et ne sont pas lancés sur un programme bio. A l'inverse, la Guadeloupe, nous sommes désormais engagés sur ce programme depuis 3-4 ans, en encourageant les planteurs à passer leurs plantations en culture bio. On commence déjà à récolter de la canne bio et l'année prochaine, pour la première fois, on va fabriquer des sucres bio. Dès l'année prochaine, nous serons le premier territoire d'outre-mer à fabriquer du sucre de canne bio.

Outremers 360 : Quelle proportion ce sucre bio représentera-t-il dans la production de sucre?

Nicolas Philippot : A terme, ça représentera 10 %. Sur les 40 000 tonnes, si on atteint 4000 tonnes de sucre bio, cela sera bien. Evidemment, l’année prochaine, ce pourcentage sera plus bas car nous commençons timidement. Nous allons essayer de faire grandir la part des plantations bio et par conséquent, la quantité de canne bio qui nous est livrée.

Outremers 360 : Sur les 1500 planteurs, combien de planteurs se tournent vers la production de sucre bio aujourd'hui?

Nicolas Philippot:  Il y en a une centaine pour environ 250 hectares sur 12 000 hectares de canne bio. La spécificité de la canne bio est quand même très exigeante. Elle demande du temps puisqu’elle implique l’interdiction d’usage d’herbicide, cela veut dire de tout faire en mécanique. La spécificité, c'est que la plupart des planteurs bio sont conventionnels, mais sur certaines parcelles sont en culture bio. Demain, on peut imaginer que des planteurs proposant les deux cultures et disposant de parcelles bio, choississent de faire de la culture bio pour avoir un meilleur revenu.

Gardel, en campagne, c'est 182 000 € de coûts par jour.

Outremers 360: Vous fixez l’ambition d’attendre dans les prochaines années 750 000 tonnes. Selon vous, quelles sont les pistes à aborder pour atteindre cet objectif?

Nicolas Philippot : C'est un enjeu majeur. D'ailleurs, puisque vous couvrez tous les territoires d'outre-mer, vous savez que c'est aussi un enjeu pour La Réunion. La baisse du tas de canne, ce qu'on appelle le tas de la canne disponible, est un vrai problème à la fois pour les industries sucrières et la filière plus largement. La raison est simple:  nous sommes une industrie de frais fixes. Nous possédons un outil de production énorme, demandant une grande masse salariale, et des charges fixes conséquentes. Pour vous donner un chiffre, Gardel, en campagne, c'est 182 000 € par jour. Donc si on ne sort pas un minimum de sucre par jour, on n'est pas rentable. Si nous ne sommes pas une industrie rentable, nous restons une industrie qui fait vivre une filière. C'est un enjeu majeur d'écraser nos charges fixes en produisant plus de sucre et en plantant davantage de cannes. Cela sous-entend un programme où  les sucreries, les planteurs, les syndicats agricoles, les opérateurs de coupe et de transport, les opérateurs de l'entretien des parcelles, les techniciens de terrain se mettent d’accord, se sentent responsable pour essayer de développer le tas de canne, y compris les acteurs tels que la Région, le Département, la Direction de l'alimentation et des Eaux et Forêts.

Les grands enjeux à relever, quels sont-ils ? Le premier, est peut-être celui de l'enrichissement des sols. Aujourd'hui le planteur ayant une trésorerie très faible, n'a pas toujours le temps ou les moyens de faire des analyses de sols, les enrichir. Résultats : plus le sol est appauvri, plus les rendements sont en baisse. Lorsqu’on observe les courbes de rendements, elles sont en baisse.

Avec le réchauffement climatique,  les problèmes de disponibilité de l'eau en Guadeloupe, la systématisation de l’irrigation, sur certaines parcelles est nécéssaire et constitue lesecond défi à relever, notamment sur la Grande-Terre.

C'est aussi la question de la disponibilité des parcelles. Trop de parcelles sont en friche ou  non remises à disposition des agriculteurs pour des motifs variés : l'agriculteur partant à la retraite les conserve pour ses boeufs, construction illicite de maisons sur ces terrains. Un vrai programme avec la Chambre d'agriculture, avec la Safer pour la mise à disposition des agriculteurs ces parcelles, pour l’installation de jeunes agriculteurs/planteurs qui n’attendant que cela pour exercer leur activité. Un grand bond dans le développement de la filière aura été effectué si l’on travaille sur ces trois premiers défis.

Après, il y a un enjeu aussi de professionnalisation de la filière. Beaucoup de planteurs avec de petites parcelles, exerce une autre activité principale, dans le secteur tertiaire notamment. 

Si on avance sur ces différents programmes, l’objectif de produire 700-750 000 tonnes de canne n'est pas quelque chose d'utopique. Je dirais d'ici une dizaine d'années, on est capable de l'atteindre.

 © DR

 

Emerger grâce à la provenance et à la qualité de nos sucres, oui, c'est un enjeu qu'on est capable de relever

Outremers 360: Sur le marché mondial, que représenterait alors le marché du sucre guadeloupéen avec ses 750 000 tonnes ?

Nicolas Philippot: On est microscopique face aux géants mondiaux (l'Inde, le Brésil et d'autres territoires pourvoyeurs en sucre de canne) et betteraviers français. L’ important est de voir ce que représente la filière canne en Guadeloupe, le nombre de personnes qu’elle fait vivre. On estime que c'est sans compter le rhum, c'est 8000 personnes et 10 000 personnes en intégrant la filière rhum.

C'est une filière majeure, qui n'est pas facilement remplaçable par une autre culture. A titre de comparaison, l'autonomie alimentaire représente 1000 hectares quand la filière canne avoisine les 12 000 hectares. Nous soutenons la volonté d’accélérer l'autonomie alimentaire, mais la culture cannière est tout aussi importante par la part des emplois directs et indirects qu’elle génère.

L’ambition est de faire émerger notre filière grâce à la provenance et à la qualité de nos sucres. C’est un défi tout à fait relevable en faisant briller davantage la Guadeloupe, en obtenant l’IGP ou les sucres bios.

Outremers 360 : Dans certains supermarchés, le sucre de canne Gardel était commercialisé sous la marque Daddy? Est-ce un coup d’essai ou une démarche pour conquérir le marché français à plus grande échelle?

Nicolas Philippot : Alors, nous sommes adossés à nos actionnaires, le Cristal Union, numéro deux français du sucre de betterave, qui nous aide à développer notre sucre sur les marchés internationaux ou français,mais en tant que sucre roux de canne. Faire émerger la marque Gardel sur le territoire hexagonal n’est pas une stratégie, ce serait beaucoup d'efforts pour peu de volumes. 

Déjà faire exister notre marque aux Antilles est un beau programme ! Les marges de manœuvre sont nombreuses dans ce contexte.  La vente du sucre de Gardel, du sucre guadeloupéen au travers de la marque Daddy est une manière aussi de faire honneur aux territoires d'outre-mer pour cette grande marque. Pour autant,le sucre Gardel existe dans les rayons Produits du monde dans les supermarchés, les centres commerciaux où l’on retrouve bon nombre de produits antillais. La marque Gardel est disponiblendans les épiceries antillaises en région parisienne, notamment grâce à notre importateur partenaire. Mais on n'a pas vocation à aller au-delà sur le marché français.

© Cédric Isham Calvados

Outremers 360 : On va aborder l'angle écologique. Vous êtes adossé à Albioma. Comment l'usine Gardel englobe cette transition écologique dans son processus ?

Nicolas Philippot : Déjà, Gardel a été la première sucrerie, toutes catégories confondues, à obtenir la norme ISO 50 001. C'est la norme d'économie d'énergies, cela veut dire qu'on pilote notre activité en essayant chaque année de réduire notre consommation en énergie.

Notre consommation d’énergie ici est extrêmement propre puisque on a la bagasse, le résidu du broyage de la canne que l'on envoie à notre site voisin, une usine de co-génération, Albioma, qui transforme cette bagasse en énergie.. De façon globale, la bagasse Gardel permet de fournir 15 % de l'énergie de l'électricité en Guadeloupe. Albioma nous envoie en contrepartie de la vapeur pour alimenter notre site. Notre consommation, qu'elle soit en électricité ou en vapeur, on essaye au fil des années de la diminuer en mettant en place des investissements pour mettre en place des équipements qui soient moins énergivores par exemple.

 La question de l'écologie et la question de l'énergie font partie de notre quotidien

Après, il faut savoir que la culture de la canne et son exploitation en usine sucrière est extrêmement propre. 85 % de la canne est constituée d’eau. En campagne, on n'utilise pas du tout de l'eau du réseau, nous retraitons l'eau de la canne et la réutilisons à tous les stades de la sucrerie. La canne est également une culture très propre puisque ne faisant appel ni aux fongicides ni aux insecticides. Seules les herbicides sont utilisés, et la part de ces derniers tend à réduire avec la production de cannes bio. 

Chez Gardel, nous souhaitons aller encore plus loin chez Gardel. Un projet intitulé ValorCannes, qui doit voir le jour en 2024, est en cours de concrétisation. Il s’agit d’une plateforme d'amendement organique en partenariat avec d'autres industriels, pour mettre en commun des coproduits issus de la canne et aboutir à un amendement organique qui sera proposé gratuitement aux agriculteurs pour venir amender leurs sols. On parlait du besoin d’amender les sols, nous apportons à travers ce projet, une réponse à ce déjà. Nous filtrons nos jus après avoir broyé les cannes pour recueillir de la matière organique issue de cette filtration. On recueille 22 000 tonnes de matière organique qui aujourd'hui sont mises dans les champs. Mais cet ensemble n'est pas organique mais qui finalement n'est pas complet.  A ces 22 000 tonnes d’écumes, on va y ajouter la cendre de bagasse d’Albioma qui ne sont pas valorisés et il est obligé de les traiter au travers de filières bien spécifiques. Notre voisin Damoiseau, qui dispose de bagasse et de vinasse, nous fournira et livrera ces co-produits. Et enfin, nous avons la plus grosse distillerie de Guadeloupe, l’usine Bonne-Mère qui, elle, va nous livrer ces sirops de vinasse. En mettant en commun tous ces coproduits, en les mélangeant, en les faisant maturer pendant un mois et en faisant entrer en décomposition. On passera de quatre coproduits, un amendement parfaitement équilibré sur lequel nous avons déjà fait des tests et qui répond aux attentes. On ira encore plus loin, c'est à dire que déjà, on est plutôt sur une industrie très propre. Mais il reste quelques coproduits qu'on va mettre en commun pour fabriquer un amendement.

On peut donc dire que la question de l'écologie et la question de l'énergie font partie de notre quotidien, sans parler de nombreuses structures sur lesquelles on installe de plus en plus du photovoltaïque pour faire en sorte, là aussi, d'étendre cette énergie verte.

Vidéo de l'interview en intégralité à venir