Le gouvernement finalisera un plan d'aide à la diversification agricole en Martinique d'ici juin 2025, a annoncé mercredi le ministre des Outre-mer François-Noël Buffet, en visite sur l'île antillaise secouée par des tensions causées par la cherté des produits alimentaires.
A la demande du chef du gouvernement, la ministre de l'Agriculture, Annie Genevard, et François-Noël Buffet devront « mener rapidement une mission sur le développement agricole en Martinique » afin de « structurer sur le long terme les filières », a déclaré ce dernier, lors d'une rencontre avec des élus et une vingtaine d'agriculteurs sur un marché associatif de Saint-Esprit, dans le sud de la Martinique.
« Une stratégie claire » sera finalisée « dans le premier semestre » de l'année 2025, a affirmé le ministre qui termine ce jeudi une visite de quatre jours sur cette île touchée depuis début septembre par un mouvement contre la vie chère qui a dégénéré avec des émeutes urbaines et des violences, essentiellement nocturnes. Selon des chiffres de la préfecture, plus de 230 véhicules ont été brûlés volontairement et des dizaines de locaux commerciaux ont été incendiés, vandalisés ou pillés.
Le 16 octobre, un protocole a été signé par le préfet de la Martinique, de nombreux élus et acteurs du monde économique, dont les patrons des groupes locaux de distribution, afin de faire baisser de 20% les prix de 6 000 produits dans les supermarchés dès janvier. Cet accord prévoit également de soutenir la production agricole locale sur cette île où 80% des produits consommés sont importés. Il a toutefois été rejeté par le RPPRAC, mouvement locomotive de la contestation sociale en Martinique.
« On ne fera pas l'autonomie alimentaire en trois semaines », a averti François-Noël Buffet, qui a néanmoins reconnu avoir « parfaitement conscience de l'urgence ». Une enveloppe de 2 millions d'euros, prélevée sur les fonds européens destinés à l'agriculture en Martinique, sera allouée en 2025 à la diversification agricole. Ce montant sera progressivement porté à 6 millions d'euros en 2027.
« Ce gouvernement a transmis le dossier à Bruxelles : c'est une étape importante », s'est félicité Nicaise Monrose, conseiller exécutif chargé de l'agriculture à la Collectivité territoriale de Martinique, à l'issue de la rencontre.
Avec AFP