À la rentrée de septembre 2025, la Martinique accueillera pour la première fois un CAP Boucherie, une formation inédite sur l’île, destinée à répondre à un besoin criant de main-d’œuvre qualifiée dans la filière bouchère locale. Le cursus, d’une durée de deux ans en alternance, sera dispensé par le CFA de Rivière-Salée, en partenariat avec l’Éducation nationale, les missions locales et plusieurs acteurs professionnels du secteur.
La création de ce CAP répond à plusieurs enjeux identifiés par les professionnels de la viande en Martinique, notamment une pénurie estimée à plus de 250 bouchers qualifiés, selon l’association interprofessionnelle de la viande (Amiv). Jusqu’à présent, les jeunes Martiniquais désireux de se former devaient partir dans l’Hexagone. Ce nouveau dispositif permettra désormais une formation locale complète, mêlant enseignement théorique et pratique en entreprise.
Une dynamique de partenariat élargie
La mise en place du CAP résulte d’un travail concerté entre plusieurs partenaires, dont la Confédération Française de la Boucherie (CFBCT), en visite récemment en Martinique. Cette délégation a rencontré artisans, élus et représentants de la filière pour échanger sur les moyens de structurer et de pérenniser la profession sur le territoire.
Des entreprises locales comme la Boucherie Artisanale Marti’Viande, la Charcuterie Créole, ou encore les Boucheries de la Mer Caraïbe, ont été sollicitées pour accompagner les élèves dans leur parcours professionnel. Le projet mobilise également des structures telles que Pôle emploi, la Chambre des Métiers et l’entreprise GBH, qui s’impliquent notamment dans l’adaptation des contenus aux exigences de la grande distribution.
Préserver les savoir-faire et renforcer les circuits courts
Au-delà de la réponse à un besoin de main-d’œuvre, les initiateurs du projet soulignent l’importance de préserver les savoir-faire traditionnels et de renforcer les circuits courts en lien avec l’élevage local. L’objectif est aussi de garantir aux consommateurs une traçabilité et une qualité des produits conformes aux spécificités gustatives martiniquaises.
Le programme de formation mettra l’accent sur des compétences spécifiques telles que la découpe traditionnelle, la maîtrise des épices locales ou encore les normes sanitaires. Il s’inscrit dans une volonté plus large de valoriser les métiers manuels auprès des jeunes, et de renforcer l’attractivité économique de la filière artisanale.
Une trentaine à une cinquantaine d’élèves sont attendus pour cette première session, avec à terme la possibilité d’évoluer vers des qualifications supérieures ou d’ouvrir sa propre boucherie. Pour les acteurs de la profession, ce CAP représente un levier important pour structurer une filière essentielle à l’économie locale, tout en préservant un pan important du patrimoine culinaire martiniquais.
Damien CHAILLOT