Vue du quartier Trénelle à Fort-de-France © JLXP/Wikimedia Commons

Dans sa nouvelle publication de conjoncture économique consacrée à la Martinique, datée du 12 janvier, l’Institut d’émission des départements d’Outre-mer (Iedom) note une amélioration contrastée du climat des affaires. Un redressement perceptible est à l’œuvre, dans l’agroalimentaire et surtout le BTP, mais les secteurs du commerce, des services aux entreprises et du tourisme sont en berne.

Entre optimisme et pessimisme. Ainsi navigue actuellement l’humeur de la Martinique sur le plan économique. D’après sa dernière note conjoncturelle, l’Iedom écrit que l’indicateur du climat des affaires (ICA, mesuré par une enquête auprès des entreprises) est en hausse de 1,5 point pour le troisième trimestre 2020. Cependant, pas de quoi pavoiser, car dans l’ensemble « l’ICA reste encore nettement en dessous de sa moyenne de longue période, dessinant une reprise économique en aile d’oiseau, sans véritable rattrapage », constate l’institution. Plus précisément, « les entreprises se déclarent plus optimistes concernant leur activité et leurs soldes de gestion (trésorerie, délais de paiement) », mais elles sont pessimistes concernant les résultats à venir du quatrième trimestre 2020, marqué par une dégradation des conditions sanitaires et un reconfinement.

Les chiffres, maintenant. « La part des entreprises n’ayant pas subi de dégradation du chiffre d’affaires par rapport au même trimestre l’année précédente a augmenté de 24,1% à 42,2% au troisième trimestre. De même, la part de celles qui déclaraient une perte supérieure à 50% a
fortement baissé de 16,9% à 1,2%, signe du redressement à l’œuvre », note l’Iedom. Dans ce contexte, par rapport au 2e trimestre, 44,3% des entreprises ont mis certains de leurs salariés en activité partielle (en baisse de 29,9 points), 38,6% ont instauré des dispositifs de télétravail, et 38,6% également ont eu recours aux congés payés. Les licenciements ont baissé (1,1% après 3,4%), et les recrutements sont repartis à la hausse (10,2% contre 7,9%).

Bonnes nouvelles donc, confirmées par la globale stabilité de l’indice des prix à la consommation et
une diminution de l’inflation par rapport à 2019 (+ 0,1%). Sur le plan du marché du travail, la
situation de l’emploi s’est améliorée au troisième trimestre, confirme l’étude. Le nombre de
demandeurs d’emploi est en baisse (-4,7%), et les offres d’emploi enregistrées en forte hausse
(+78,3%), profitant à toutes les tranches d’âge. Toutefois, prévient l’Iedom, « les perspectives
d’emploi au quatrième trimestre se dégraderaient selon l’enquête de conjoncture ». N’oublions pas
enfin que le taux de chômage en Martinique était de 14,8% pour le 3e trimestre 2020, contre 9%
pour la France entière (chiffres de l’Insee).

Qu’en est-il des différents secteurs de l’économie ? L’amélioration est modeste et inégale, relève la
note. « Au sein des filières agricole et agroalimentaire, le climat d’affaires s’améliore sensiblement.
Les chefs d’entreprise du secteur déclarent majoritairement faire face à une hausse de l’activité au
troisième trimestre ». Cependant leurs exportations demeurent stagnantes ou négatives (-1,6% pour
l’ensemble des produits agroalimentaires, -9,5% pour les produits agricoles). Dans le BTP, l’activité a
particulièrement rebondi. « Ainsi, les ventes de ciment repartent à la hausse (+36,3%), tant les ventes
en sac (+21,3%) qui reflètent les petits chantiers que les ventes en vrac (+43,8%) qui illustrent
l’évolution des grands chantiers structurants », précise l’Iedom. « Par ailleurs, les chefs d’entreprise
du secteur sont une majorité à prévoir une hausse de leurs investissements dans les 12 prochains
mois, et ce pour le deuxième trimestre consécutif. »

Dans les secteurs du commerce et des services aux entreprises, les professionnels indiquent en
majorité une baisse de l’activité, notamment dans le secteur automobile : « si les immatriculations
ont connu un sursaut au troisième trimestre relativement au trimestre précédent, leur niveau de
vente en cumul est inférieur de 21% à l’année précédente », écrit l’Iedom. Enfin, concernant le
tourisme, il y a une modeste amélioration du climat des affaires, mais qui reste délicate pour
l’hôtellerie et les services de location de véhicules. « La fin des restrictions de déplacement à
destination et en provenance de l’Hexagone au troisième trimestre a toutefois donné lieu à une
importante augmentation de la fréquentation de l’aéroport de 378,6% à la fin septembre. Le nombre
de vols a également augmenté de 201,3% », constate l’étude. Mais le chiffre d’affaires du secteur
serait en baisse de 35% environ par rapport au 3e trimestre 2019.

PM