Une manifestation contre la vie chère, organisée par le RPPRAC, a réuni environ 2 000 personnes à Fort-de-France samedi. Le collectif a appelé à de nouveaux blocages dès lundi, malgré l’accord sur une baisse des prix de l’alimentaire signé entre l’État et les distributeurs.
« Les choses ne font que commencer » : environ 2 000 manifestants, selon un journaliste de l’AFP, se sont rassemblés samedi à Fort-de-France, déterminés à poursuivre le mouvement contre la vie chère en Martinique malgré l’accord signé en vue d’une baisse des prix de l’alimentaire. Le Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro-caribéens (RPPRAC), organisateur de cette manifestation, a appelé à de nouveaux blocages dès lundi sur l’ensemble du territoire de l’île antillaise de 350 000 habitants.
La préfecture et la Collectivité territoriale avaient annoncé mercredi soir avoir signé un accord notamment avec les distributeurs pour baisser de « 20 % en moyenne » les prix de l’alimentaire en Martinique, théâtre depuis début septembre d’une mobilisation émaillée de violences. Or cet accord n’a pas été signé par le RPPRAC, le collectif à l’origine du mouvement, qui avait appelé à un rassemblement samedi sur le parking d’un stade.
L’accord signé par les autorités ne concerne que « 6 000 articles, est-ce qu’on peut accepter ça ? », a lancé samedi face à la foule le leader du mouvement Rodrigue Petitot - surnommé le « R » -, accueilli comme une rock star sous les applaudissements. « Non », lui a répondu la foule en chœur, poings levés et vêtue de rouge - la couleur emblématique du mouvement.
« Il faut qu’on fasse quelque chose »
« Jusqu’alors, on acceptait en silence. Est-ce qu’on continue le combat ? », a demandé Rodrigue Petitot, ce à quoi ses partisans ont répondu « Oui », toujours le poing levé. « Ce combat c’est notre combat […], si on dit que personne ne peut circuler, personne ne pourra circuler. On est chez nous ici », a martelé le « R », qualifiant l’accord d’« échec ».
« Les choses ne font que commencer, le mouvement est là, a pris naissance et il va s’étendre », a affirmé à l’AFP sous couvert de l’anonymat un habitant portant un T-shirt à l’effigie du militant anticolonialiste martiniquais Frantz Fanon. Même son de cloche pour Supa Maya, nom d’artiste d’une chanteuse locale qui a exprimé son « envie que (son) peuple, que les enfants d’aujourd’hui puissent connaître un meilleur avenir à la Martinique ». Raison pour laquelle « il faut qu’on fasse quelque chose, sinon on capitule, il y a tout qui empire », a-t-elle poursuivi.
« On n'a pas la main sur tout le monde »
Rodrigue Petitot s'est aussi exprimé sur les exactions commises la semaine dernière durant la nuit. « On n'a pas la main sur tout le monde. On a demandé au préfet de faire en sorte de faciliter pour les petites entreprises l'accès au chômage partiel », a-t-il déclaré, déplorant que des petits commerces martiniquais soient pris pour cible. « On ne va pas retourner à la CTM voir des gens qui ont montré les limites de ce qu'ils pouvaient faire », a précisé Rodrigue Petitot.
Ce dernier a une nouvelle fois demandé au ministre des Outre-mer, François Noël Buffet de venir en Martinique avec des solutions pour sortir de la crise. Une visite qui devrait avoir lieu prochainement, a assuré le ministre sans préciser de date. Après un premier couvre-feu partiel mis en place du 18 au 26 septembre pour contenir les émeutes, le préfet a décrété de nouvelles interdictions de déplacement nocturne sur l’ensemble du territoire à compter du 10 octobre. Ces mesures sont en vigueur jusqu’à lundi.
Avec AFP et RCI Martinique