Logement, sentiment d'insécurité : Les élus d'Outre-mer dressent le bilan

(crédits Outremers360)

Logement, sentiment d'insécurité : Les élus d'Outre-mer dressent le bilan

Entre sentiment d'insécurité et crise du logement, les maires et présidents d'associations de communes d'Outre-mer ont appelé à des réponses "sur-mesure" dans leurs territoires, lors d'une rencontre lundi matin à la veille de l'ouverture du 104e congrès des maires de France.

La lutte contre les violences et l'insécurité est "une question de vie ou de mort", pour Mady Madi Souf, président de l'association des maires de Mayotte, qui décrit ce territoire comme une "terre de traumatismes, de peur et de deuil". Le chef-lieu de l'archipel, Mamoudzou, est secoué depuis une dizaine de jours par des violences inter-quartiers qui ont fait un mort, un jeune de 20 ans tué à la machette, et plusieurs blessés.

Le sentiment d'insécurité de l'élu de Mayotte est largement partagé parmi les quelque 800 élus réunis lundi. Michel-Ange Jérémie, président de l'association des maires de Guyane, a rappelé la nécessité d'agir contre le trafic de drogues et d'armes à feu qui gangrène son territoire et est à l'origine de "11,2% des homicides" commis sur le territoire. 

Début octobre, le gouvernement a annoncé l'envoi de renforts policiers et douaniers "massifs" en Guyane afin de lutter contre la violence chronique qui touche ce département français d'Amérique du Sud. Un total de 50 policiers et gendarmes supplémentaires ont été déployés dans ce territoire, plaque tournante du trafic de drogue vers la France métropolitaine.  

Jocelyn Sapotille, président des maires de Guadeloupe, attend, lui, plus de douaniers : "s'il y a une force supplémentaire qui doit participer, c'est bien elle".  Le général André Pétillot, commandant de la gendarmerie d'Outre-mer, a confirmé "l'ambiance criminogène" extrêmement importante dans les territoires ultramarins et rappelé l'engagement des forces de gendarmerie envers les Outre-mer. Il a également rappelé l'ambition de l'Etat et des forces de l'ordre de faire du "sur-mesure" en fonction des territoires.

La guerre du logement

Deuxième thématique abordée lors de ce rendez-vous, celle du logement préoccupe tout autant les élus d'Outre-mer. Dans l'ensemble des collectivités et territoires, près de 80% de la population est éligible à un logement social. Pourtant, seuls 15% d'entre eux y a accès, selon les chiffres de la Cour des comptes cités par le ministre délégué au Outre-mer Jean-François Carenco.

Comment expliquer ce phénomène et comment l'endiguer ? Pour Sophie Charles, maire de Saint-Laurent du Maroni (Guyane) et représentante de l'association des communes et collectivités d'outre-mer (ACCDOM), il faut mettre à disposition le foncier dans ce territoire où il appartient à 80% à l'Etat. Un argument défendu par Maurice Gironcel, président de l'association interco' outre-mer qui réclame une "politique foncière abordable et aménagée" en fonction des territoires.   

D'autres réclament une refonte de la loi Solidarité et renouvellement urbain (SRU), qui impose un quota de logements sociaux par commune. Ils exigent une meilleure prise en compte des spécificités des territoires ultra-marins, qui manquent parfois de surfaces constructibles et de moyens financiers.

Le taux de vacances des logements dans certains départements et le besoin de créer des habitations adaptées aux différents âges de la vie (vieillesse, jeunes) sont d'autres problématiques mises sur la table.  Pour Thierry Repentin, vice-président de l'AMF, "des outils existent" mais sont trop encore trop faibles pour résoudre la problématique du logement en Outre-mer.

Avec AFP