Les Outre-mer particulièrement concernés par le troisième Plan national d’adaptation au changement climatique

Suites du passage du cyclone Chido à Mayotte en décembre 2024 ©DR

Les Outre-mer particulièrement concernés par le troisième Plan national d’adaptation au changement climatique

Le gouvernement a publié, le 10 mars 2025, son troisième Plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC). Les autorités souhaitent se doter d’une stratégie systémique pour l’ensemble du pays, avec 52 mesures visant à faire face aux impacts engendrés par les bouleversements du climat. Leurs objectifs sont notamment de protéger la population, d’adapter nos modes de vie, notre économie et nos infrastructures en intégrant les évolutions à venir dans l’ensemble de la planification écologique. Dans ce cadre, les territoires ultramarins se retrouvent en première ligne.
 

Dans son introduction, le PNACC rappelle que l’année 2024 a été la plus chaude jamais enregistrée sur la planète avec une température moyenne supérieure de 1,55° degré Celsius à celle de l’ère préindustrielle, d’après les données de l’Organisation météorologique mondiale. Le document prévoit une hausse des températures moyennes de + 4°C sur l’ensemble du territoire national d’ici 2100, mais de manière différenciée selon les régions. Selon le PNACC, les projections envisagent une augmentation de + 1,9°C dans le Pacifique Sud et + 3,5°C dans le bassin Atlantique, en valeur médiane des simulations climatiques.

 « Outre-mer, une intensification des cyclones, des baisses de précipitations corrélées à des pluies plus intenses, ainsi que des épisodes de sécheresse plus marqués sont globalement attendus : dans l’ensemble des territoires, ces évolutions, associées aux spécificités des territoires d’Outre-mer (isolement et éloignement) peuvent générer des crises d’ampleur - telles la crise de l’eau en 2023 et le cyclone Chido en 2024 à Mayotte », précise le Plan.

Aussi, de nombreuses mesures du PNACC concernent particulièrement les Outre-mer, et priorité devrait être donnée à certaines d’entre elles au regard des enjeux spécifiques de ces territoires (voir à la fin de l’article). En outre, « dans les Outre-mer, la mise en œuvre de ces mesures prioritaires reposera aussi sur le déploiement de synergies, échanges, convergences, avec les autres Etats de l’espace régional dans lequel s’insère chaque territoire, à la fois pour favoriser l’échange de technologies (avec les États-Unis ou l’Australie par exemple pour les collectivités ultramarines du Pacifique et de l’Atlantique) mais aussi du point de vue du renforcement des capacités (avec les autres petits Etats insulaires) », souligne le document.

 

À l'échelle européenne, le PNACC considère qu’il est essentiel d'assurer une meilleure prise en compte des particularités des régions ultrapériphériques (RUP) lors de l'élaboration et de la mise en œuvre de la réglementation de l’Union liée à l'adaptation au changement climatique. La France proposera ainsi d'introduire une obligation visant à intégrer systématiquement, dans toute étude d'impact concernant une proposition législative, un « test régions ultrapériphériques ». Ce test consisterait en une évaluation des effets et de la faisabilité des normes européennes dans ces territoires.

 

Parmi ses actions, le PNACC envisage de déployer une stratégie adaptée aux particularités des Outre-mer, et notamment le « lancement d’une mission d’inspection complémentaire sur le financement des conséquences du recul du trait de côte des départements et régions d’Outre-mer, compte tenu de leurs spécificités, mais également de leur hétérogénéité ». Un rapport sera ensuite établi pour inventorier les biens menacés à court et moyen termes (horizon 2050) et évaluer leur valeur. La mission devra proposer des ajustements législatifs et réglementaires, et définir les priorités pour protéger les zones, notamment via la construction d’ouvrages.

Par ailleurs, pour mieux « prendre en compte les spécificités de ces territoires où l’essentiel des activités est concentré en zone littorale, et où les autres aléas (sismique, volcanique, etc.) contribuent à limiter les possibilités de relocalisation des populations à l’intérieur des terres », le PNACC veut élaborer des cartes locales d'exposition pour les communes ultramarines, à réaliser dans un délai de deux ans maximum suivant la publication des textes d'application du Plan. Cette démarche débutera par les cinq communes les plus exposées aux risques dans chaque territoire, avant de s'étendre progressivement afin de couvrir l'ensemble des communes concernées d'ici 2030.

Plus généralement, les principales mesures préconisées par le PNACC pour les territoires ultramarins sont, entre autres, les suivantes : « Développer des équipements de protection individuelle (EPI) contre les effets de la chaleur liée à la canicule, ou de fortes chaleurs en Outre-mer ; Intégrer le confort thermique en Outre-mer, dans toutes les rénovations énergétiques du parc immobilier de l’Etat ; Élaborer un guide opérationnel sur l’adaptation des services publics d’eau et d’assainissement ; Améliorer la résilience du parc de production éolien et solaire ; Mettre en œuvre le Programme d’options spécifiques à l’éloignement et à l’insularité (POSEI), (…) et les plans de souveraineté alimentaire ; Et lancer une mission du Conseil général de l’Alimentation, de l’Agriculture et des Espaces Ruraux (CGAAER) afin de déterminer si et comment les agriculteurs ultramarins peuvent être intégrés au Fonds de mutualisation sanitaire et environnemental ».  

 

PM