Le CESE adopte 17 préconisations pour « mieux connecter les Outre-mer »

© le CESE

Le CESE adopte 17 préconisations pour « mieux connecter les Outre-mer »

Le Conseil économique, social et environnemental (CESE) a adopté ce mardi 22 octobre en séance plénière l'avis de la délégation Outre-mer intitulé « Mieux connecter les Outre-mer », avec 115 voix pour. Les rapporteurs de l’avis Danielle Dubrac, (groupe des Entreprises) et Pierre Marie-Joseph (groupe des Outre-mer) ont ainsi proposé 17 préconisations. Ils soulignent que le développement des connexions maritimes, aériennes et numériques est à la fois « une opportunité et une nécessité».

 

Selon les territoires, la moitié aux deux-tiers des échanges commerciaux des DROM-COM ont lieu avec l’Hexagone. Or, cette « France océanique se sent trop souvent prise dans une relation exclusive avec la « France Hexagonale » à travers l’application de normes nationales et européennes, et des modèles d’échange économiques encore trop centrés sur l’Hexagone qui ont des conséquences sociales et environnementales importantes », constatent les deux rapporteurs de cet avis. Danielle Dubrac et Pierre Marie-Joseph rappellent que ces territoires disposent d'atouts non-négligeables« Nos territoires ont la chance d'être placés sur les voies de circulation régionales et mondiales. C'est une chance à saisir » a appuyé en ouverture de cette séance plénière Eric Leung, président de la Délégation aux Outre-mer du CESE. 

Les rapporteurs de l'avis « Mieux connecter en Outre-mer » fixent ainsi trois priorités à travers 17 préconisations. La première priorité est de mieux utiliser les potentiels de connexion de « l’archipel France » comme levier de développement économique et social des territoires. Les Outre-mer français ont la chance de se situer dans des positions géographiques très avantageuses, sur les routes maritimes ainsi qu’aériennes, et sur le passage des plus grands câbles sous-marins. Ces positions peuvent devenir un atout décisif pour favoriser leur développement à condition d’adopter des stratégies de « plateformes de connexion », ou de « hub », permettant de renforcer leur place dans les réseaux de connexion, et de proposer des services potentiellement pourvoyeurs d’emplois et générateurs de retombées économiques. Ces stratégies doivent être suivies à moyen terme (5 ans à 10 ans) pour produire leurs effets et être conditionnées à l’engagement de financements publics. Comme solutions, le rapport du CESE propose entre autres de de développer des filières de services portuaires en Outre-mer, notamment dans le domaine de la réparation navale, du stockage et de la logistique, d’avitaillement, en lien avec l’activité portuaire. Des formations professionnelles initiales et continues doivent être mises en place dans les métiers de service portuaire : réparation navale, manutention, logisticien. 

La deuxième priorité est de permettre aux habitants, aux usagers et aux acteurs économiques de bénéficier de tarifs abordables. Pour cela, il faut maintenir une certaine pression concurrentielle, ouvrir de nouvelles connexions régionales afin de favoriser les échanges, et que l’Etat s’engage à financer une aide à la continuité territoriale beaucoup plus ambitieuse, à l’instar de ce qui existe pour la Corse, qui permette de limiter les surcoûts de déplacement et d’approvisionnement. Le CESE préconise Le CESE préconise de renforcer les dispositifs de continuité territoriale pour les Outre-mer en veillant à une égalité de prise en charge entre les territoires, avec  un rehaussement significatif des crédits alloués à LADOM pour l’aide à la continuité territoriale des « publics prioritaires » en Outre-mer, d'élargir les conditions d'accès à la continuité territoriale en maintenant des conditions de ressources et de motivation pour la prise en charge des déplacements : ce dispositif devra s’appliquer au transport de passagers et de marchandises entre l’Hexagone et les Outre-mer et de définir juridiquement un « droit à la continuité territoriale » pour les Outre-mer afin de poser un cadre législatif adapté, à l’instar des mesures existantes, par exemple pour la Corse.

Une grande partie de la population n’a pas accès à ces connexions, principalement à cause de leur coût très excessif pour la plupart. Et ce coût du transport se répercute dans tous les domaines de la vie. Toutefois, les rapporteurs insistent sur le fait que « dans le secteur aérien, comme maritime ou de la téléphonie, la concurrence est indispensable pour maintenir un dynamisme de marché. Mais cette concurrence doit être saine, c’est-à-dire sans entretenir des situations de monopole, mais aussi en permettant aux compagnies d’avoir une activité pérenne et rentable.»

La décarbonation est enfin un défi essentiel à relever dans le développement d’une meilleure connectivité. La neutralité carbone du transport maritime est un objectif à atteindre en 2050. Il faut que les compagnies maritimes et les ports s’y préparent dès à présent. Des solutions existent, notamment une filière vélique française en plein essor qu’il faut soutenir davantage. Le CESE plaide de faire reconnaître au niveau européen la propulsion vélique comme moyen de décarbonation du transport maritime. La propulsion des navires par le vent permet une réduction de 10 à 15% de la consommation de carburant sur un navire existant, et jusqu'à 90% sur un navire neuf. «Une filière française de la propulsion vélique est en plein essor et doit être soutenue», a souligné la co-rapporteure Danielle Dubrac.

Les connexions numériques permettent aussi en partie d’éviter le recours au transport aérien pour l’accès à la formation, à l’expertise, ou à des consultations médicales dans certains cas. Les liaisons aériennes, pour lesquelles le recours à une énergie carbonée est encore aujourd’hui difficilement substituable, doivent être utilisées à bon escient et utiliser prioritairement des agrocarburants, des matériaux légers, et optimiser les plans de vols afin de diminuer les émissions de carbone.