Jocelyne Béroard, ambassadrice du "zouk multiple" de Kassav', poursuit son Chawa Tour à Paris ces 18 et 19 novembre

Jocelyne Béroard, ambassadrice du "zouk multiple" de Kassav', poursuit son Chawa Tour à Paris ces 18 et 19 novembre

"Le zouk de Kassav' est multiple" insiste Jocelyne Béroard, voix de ce groupe matrice du genre, à la carrière parallèle en solo, ravie d'entendre des sonorités de cette musique chez des artistes comme Aya Nakamura. Après une tournée aux Antilles, l'artiste martiniquaise poursuit son Chawa Tour aux Folies Bergères à Paris ces 18 et 19 novembre.

 

"J'en suis très heureuse", sourit la sexagénaire quand on lui fait remarquer que l'interprète de "Djadja", chanteuse francophone la plus écoutée dans le monde, brasse dans ses influences du zouk, style forgé dès 1979 par Kassav', formation à l'ossature entre Guadeloupe et Martinique. "On m'a fait écouter ce matin un jeune artiste qui fait du zouk néerlandais, c'est super-beau; aujourd'hui tout le monde le transforme à sa sauce, tant mieux", commente Jocelyne Béroard, rencontrée par l'AFP à Paris. Elle se produit aux Folies Bergère cette semaine.

"Jacob a toujours dit tu crées quelque chose, tu le livres au monde, ça ne t'appartient plus; aujourd'hui on appelle ça comme on veut, de l'afro-beat, de l'urbain, mais on y entend franchement du zouk". Jacob Desvarieux était le leader de Kassav', décédé à 65 ans des suites du Covid en 2021.
"Jacob, je ne pense pas tout le temps à lui, mais des fois je lui demande +qu'est-ce tu aurais fait ?+; je lui parle, je l'ai engueulé quand il est mort, il avait tant d'autres choses à faire".

Lire aussi : Le Chawa Tour de la chanteuse martiniquaise Jocelyne Béroard fait étape à Paris les 18 et 19 novembre 2022

 "Hommage à Jacob" 

Que va devenir Kassav' ? "Kassav' deviendra ce que vous en ferez, en 2023, en juillet (mois de son décès) il y aura avant toute chose un hommage à Jacob, avec des invités, puis probablement une tournée", commence la chanteuse. "C'est en construction, je réfléchis, on verra les moyens qu'on a, car si on veut un hologramme de Jacob, il faut trouver un gros chèque".
Dans l'immédiat, la Martiniquaise est lancée dans sa propre tournée, le "Chawa Tour", déjà passée par les Antilles. "Chawa est une chanson que je chantais en duo avec Jacob, avec les voix d'un homme romantique et d'une femme plus directe, avec des paroles comme +c'est toi que je veux pour démarrer+". "Avec cette chanson je dis au public +allez, venez+, je les amène ailleurs, dans plein de styles de zouk, il n'y a pas que le zouk-love, celui de Kassav' est multiple". Jocelyne Béroard mêle dans son récital tubes du groupe et répertoire personnel.
Parmi ses chansons, outre le hit "Kolé Séré" (avec Philippe Lavil), on trouve "Atann", qui s'inspire d'une existence sur les routes en tournée. Du vécu. "Je devais me marier en 1990, mais mon fiancé a préféré une relation loin des tumultes de la vie d'artiste", écrit-elle dans son auto-biographie "Loin de l'amer".

 "Combats à mener" 

Un livre où elle raconte comment elle a trouvé sa place dans Kassav' à partir de 1983. Non sans mal, pour celle qui avait débuté des études en pharmacie, avant de bifurquer vers les Beaux-Arts puis le micro. Une première audition tourne court. On lit qu'elle reproche alors à Jacob Desvarieux de ne pas lui "parler franchement" de sa première prestation dans les choeurs et qu'"il supporte mal d'être bousculé par une femme devant d'autres hommes".

Le leader de Kassav' la recroisera plus tard, dans un festival où elle a brillé. Elle ne sera pas juste chanteuse de Kassav', puisqu'elle écrira par exemple "Mové Jou", standard et titre à la trame féministe. Un épithète qu'elle manie avec précaution. "Féministe, ça dépend comment on utilise ce mot, je n'appartiens à aucun mouvement, même si j'ai participé à des luttes pour l'égalité des salaires ou contre la maltraitance des femmes".
Parmi les "combats à mener", il y a aussi la défense du créole à travers le zouk lors de tournées mondiales. "Un des endroits le plus improbables où on a été avec Kassav', c'était en URSS en 1989; Jacob disait que les gens étaient venus pour notre merchandising (rires), mais il y avait des étudiants africains qui dansaient devant et les autres ont suivi".
 

Avec AFP