Innovation et international: Le SMO Solar Process, la technologie guadeloupéenne engagée dans la lutte contre le réchauffement climatique à l’échelle mondiale

Innovation et international: Le SMO Solar Process, la technologie guadeloupéenne engagée dans la lutte contre le réchauffement climatique à l’échelle mondiale

Outremers 360 vous présente une entreprise innovante ultramarine qui s’exporte ou est en cours de développement à l’international. Nous partons aujourd’hui en Guadeloupe avec l’entreprise NST, créée en 2009, propose une technologie capable de produire de l’hydrogène vert à partir d’énergie renouvelable tout en participant à la réduction des déchets. Une entreprise qui a bénéficié de l’expertise de Business France.

Soutenir l’économie circulaire, en produisant de l’énergie propre sans rejet de CO2, tel est le leitmotiv de l’entreprise guadeloupéenne qui développe SMO Solar Process, une technologie « 4 en 1» qui valorise les déchets via l’énergie solaire tout en produisant de l’énergie et en capturant du CO2. Inventée en Guadeloupe, expérimentée au Maroc, récompensée en Polynésie et présentée aux grands noms du monde électronique à Las Vegas, la technologie SMO est par son essence et sa philosophie résolument ancrée dans l’international. Yasmine Encelade, Directrice Business Developpement nous en dit plus sur ce projet.

Outremers 360 : Pouvez-vous présenter votre entreprise ?

Yasmine Encelade : Je travaille sur un projet qui s’appelle SMO Solar Process. C’est une technologie  inventée par une entreprise NST implantée en Guadeloupe créée par des Guadeloupéens. Elle existe depuis 2009. La technologie SMO Solar Process a été développée depuis 2009 sous l’impulsion d’un chercheur guadeloupéen entouré d’ingénieurs, de chercheurs et de collaborations avec des universitaires. Actuellement cette technologie est au stade d’être déployée en Guadeloupe et partout dans le monde.

Outremers 360 : Qu’est-ce-que SMO Solar Process ?

Yasmine Encelade :  SMO Solar Process est une unité industrielle qui est alimentée directement par l’énergie solaire. Elle permet de transformer tous types de déchets carbonés – comme les résidus de biomasse, les déchets végétaux, les algues sargasses mais aussi les plastiques y compris les plastiques non recyclable, les boues d’assainissement- en énergies vertes, comme de l’hydrogène vert, ou de  l’électricité verte stable ou des produits comme le charbon actif, utile pour décontaminer l’eau, l’air par ses qualités dépolluantes.
L’intérêt de cette technologie, en dehors de favoriser l’économie circulaire et la  valorisation des déchets, est de pouvoir recycler du CO2, déjà présent dans l’atmosphère. Par cela, nous réduisons la quantité de CO2 présent dans l’atmosphère et nous luttons contre le réchauffement climatique.

Outremers 360 : A quel stade êtes-vous dans le développement de votre projet ?

Yasmine Encelade : Nous avons eu l’opportunité et la chance de pouvoir présenter un premier prototype de notre technologie à la COP 22 au Maroc en 2016. Cette présentation a pu démontrer et donner un certain nombre d’indications sur la performance de la technologie. Cette phase au Maroc explore toute la première partie de notre technologie.
Depuis, nous avons continué à développer notre technologie et depuis l’année dernière, nous sommes au stade de déployer notre technologie dans son intégralité, comprenant à la fois la phase de fabrication des charbons qui capturent le CO2 et  de toutes les énergies vertes qui peuvent être obtenues en traitant nos déchets.
Aujourd’hui, notre objectif est d’avoir une première implantation complète et commerciale de notre technologie.

« Notre technologie, elle, n’a pas besoin d’électricité qui vient d’énergies renouvelables pour fabriquer notre hydrogène vert»

Outremers 360 : Comment êtes-vous lancé vers l’international ?

Yasmine Encelade : En octobre 2020, nous avons été lauréats du «Grand Prix Outre-mer» au concours Tech4Islands organisé par la French Tech Polynésie. Nous avons été invités par la French Tech Polynésie à participer au salon CES de Las Vegas en janvier 2021.
C’était pour nous une magnifique opportunité d’être présents au CES même si l’édition digitale fait que les interactions avec les autres participants sont particulières. Cette expérience nous a permis de voir l’engagement des grands noms du secteur électronique pour lutter contre le réchauffement climatique et la nécessité de trouver des solutions d’énergies renouvelables, propres et n’émettant pas de CO2. Notre solution technologique est justement là pour répondre à ce type de besoins. C’était l’occasion de pouvoir identifier des contacts que nous allons poursuivre par la suite.
Sur ce point, nous avons vraiment eu la chance de bénéficier de l’accompagnement des communautés French Tech : la French Tech Polynésie avec le concours Tech4Islands et la French Tech Guadeloupe. Lorsque nous sommes un acteur isolé ou encore une start-up peu connue, pouvoir bénéficier du soutien et du réseau de communautés déjà établies et d’écosystèmes qui fédèrent des acteurs est un coup de pouce supplémentaire pour nouer les bons contacts, à trouver les bons réseaux. C’est vraiment important d’évoluer dans un écosystème et de ne pas être isolé.

Outremers 360 : Après ces expériences, quels sont vos objectifs actuels à l’international ?

Yasmine Encelade : D’une manière générale, notre technologie est modulaire et autonome. Par l’utilisation des déchets du lieu  où l’on s’implante et une alimentation directe à l’énergie solaire, notre projet a vocation à être exporté à l’international. Nous étions déjà en contact avec des acteurs dans la Caraïbe, dans certains pays africains et européens. Grâce au prix remporté lors du concours Tech4Islands, nous avons gagné un accompagnement avec Business France. Cet accompagnement va nous permettre d’explorer de manière plus systématique certains des marchés que nous avons identifiés avec eux. Nous avons ciblé ainsi le marché nord-américain ( Etats-Unis, Canada) d’une part, et l’Allemagne d’autre part. Nous avons choisi ces marchés parce qu’il y a des signaux d’engagements assez forts de part et d’autre, pour l’hydrogène vert et des tailles de marchés qui sont intéressantes pour des investisseurs qui voudraient accompagner notre développement.

Outremers 360 : Quelles sont vos attentes, vos objectifs de votre accompagnement avec Business France ?

Yasmine Encelade : Cet accompagnement avec Business France va nous permettre d’identifier des partenariats pertinents pour notre projet. Nous pouvons perdre beaucoup d’énergie et d’argent à essayer de trouver les bonnes personnes à qui proposer d’investir ou d’être partenaire de notre projet. Business France dispose de réseaux sur place, qui vont nous permettre d’accélérer notre démarche et la rendre plus efficace. Nous attendons beaucoup de ce partenariat pour trouver les bons acteurs locaux et pour limiter aussi nos déplacements, notamment dans la période actuelle où il n’est pas évident de voyager. Nous allons pouvoir nous appuyer sur leur présence locale pour faciliter les prises de contacts.

« La force de notre technologie fait que nous sommes efficaces en énergie, et autonomes»

Outremers 360 : Qu’apporte l’expertise, l’accompagnement de Business France à votre projet ?

Yasmine Encelade:  Nous sommes bien conscients qu’il y a un champ d’ingénierie juridique et fiscale à maîtriser pour s’implanter à l’international. Ce sont des choses sur lesquelles nous sommes en phase d’apprentissage et de montée en compétences. Nous y avons bien été sensibilisés par la Team Export France dans la préparation du salon CES. Nous avons eu l’opportunité d’être en contact avec des représentants des douanes, de l’INPI, en tout cas des acteurs qui vont nous permettre d’avoir accès aux bonnes informations et d’accéder à des aides. Pour une start-up comme nous, tous les dispositifs nous permettant de rationaliser nos dépenses ne peuvent que nous aider à avancer plus vite. De ce point de vue-là, nous avons bénéficié d’une information que nous n’aurions pas trouvé de nous-même.

Outremers 360 : Quels sont les atouts, les potentialités de votre technologie dans le domaine de l’hydrogène, et plus particulièrement l’hydrogène vert ?

Yasmine Encelade: L’hydrogène est une source d’énergie dont on parle beaucoup car lorsqu’on brûle de l’hydrogène, on ne dégage pas de CO2 qui contribuerait au réchauffement climatique mais de la vapeur d’eau. En revanche, pour que l’utilisation de l’hydrogène soit vraiment vertueuse et contribue véritablement à la lutte contre le réchauffement climatique, il faut qu’il soit produit uniquement avec des sources d’énergies propres et renouvelables. C’est pour cela que nous parlons d’hydrogène vert. La technologie de production d’hydrogène vert dont on parle le plus, s’appuie sur l’électrolyse de l’eau via de l’électricité verte, issue d’énergies renouvelables.
Notre technologie, elle, n’a pas besoin d’électricité verte extérieure pour fabriquer notre hydrogène vert. Nous n’utilisons pas la technologie de l’électrolyse, et nous nous alimentons directement à l’énergie solaire. Notre technologie nous permet de nous installer partout dès aujourd’hui, là où les autres technologies sont dépendantes de capacités locales d’électricité photovoltaïques ou éoliennes surabondantes, qui prendront du temps à être construites. Nous avons une technologie modulaire qui tient dans des containers. Il suffit d’installer nos modules et nous sommes prêts à produire en utilisant les déchets locaux.
La force de notre technologie fait que nous sommes efficaces en énergie, car nous n’avons pas besoin d’attendre la conversion d’énergies renouvelables en électricité pour produire, ce qui nous rend autonomes. C’est un aspect qui intéresse des partenaires qui -avec les autres technologies-devraient attendre plus longtemps et probablement payer plus cher pour acheminer de l’hydrogène vert.

Outremers 360: Quels sont vos projets à court terme ?

Yasmine Encelade : A court terme, nous espérons développer notre premier site en Guadeloupe. Nous sommes à la phase d’instruction de nos demandes de financement. Par ailleurs, nous avons initié des contacts sur différents territoires internationaux. Nous espérons au cours de cette année 2021 acter un certain nombre de partenariats pour déployer notre technologie. Et avec l’accompagnement de Business France, si nous pouvions identifier d’autres pistes pour les 3 ou 5 prochaines années, ce serait l’idéal pour nous !