Ce lundi 24 mars, des manifestations se tiendront en Martinique, en Guadeloupe et en Guyane pour dénoncer l'insécurité des soignants, à la suite de l'agression de deux infirmières en Guyane. L'une d'entre elles a été victime d'un braquage, tandis que l'autre a subi un viol la semaine dernière. Les professionnels de santé des Antilles se joignent à la mobilisation en soutien à leurs collègues de Guyane. Focus avec nos partenaires de Radio Péyi.
Plusieurs syndicats et organisations infirmières appellent à des rassemblements devant les Agences Régionales de Santé (ARS) afin d'exiger des mesures de protection renforcées, après de nouvelles agressions subies par des infirmières du territoire.
Awatef Arghoubhi, représentante de l’URPS infirmière libérale, souligne l'impact dramatique de ces agressions, non seulement pour la profession mais aussi pour les patients, au micro de Radio Péyi : "C’est dramatique surtout pour la population parce qu'aujourd'hui, les seuls professionnels de santé qui se déplacent sept jours sur sept, vingt-quatre heures sur vingt-quatre et ce au domicile des patients, ce sont les infirmiers libéraux. Il n'y a qu'eux qui viennent encore faire des soins à domicile. Donc si une infirmière parce qu'elle a été agressée pour quatre malheureux euros, sa vie a été mise en danger puisqu'elle a été braquée avec une arme à feu et décide aujourd'hui de ne plus assurer ses soins, ça veut dire que les autres collègues sont déjà débordés, qu'ils ne pourront pas non plus assurer la prise en charge des patients. Effectivement nous sommes à des horaires où il n'y a personne, assez difficile. Nous sommes souvent seules, très majoritairement des femmes, et surtout nous pouvons donc être agressées dans la rue, on est repérable, et nous pouvons aussi être agressées aussi parfois au domicile des patients, parce c'est malheureusement déjà arrivé".
Lors de la première mobilisation qui s'est tenue vendredi dernier à Cayenne, le préfet de Guyane, Antoine Poussier, a rencontré les représentants des professionnels de santé libéraux. Plusieurs mesures de sécurité ont été proposées, notamment l'élargissement du dispositif des "boutons anti-agressions", actuellement expérimenté uniquement à Cayenne, des formations de self-défense pour les soignants volontaires et la réalisation d'audits de sécurité dans les cabinets et logements mis à disposition du personnel, notamment à Maripasoula.
Par ailleurs, deux interpellations ont eu lieu dans le cadre de l’enquête sur le viol d'une infirmière libérale survenu dans la nuit du 19 au 20 mars à Maripasoula, lors d'un cambriolage de sa résidence partagée avec d'autres soignantes. Deux hommes ont été arrêtés jeudi à Maripasoula et Papaïchton, puis placés en garde à vue. Toutefois, leurs gardes à vue ont été levées vendredi sans mise en examen, et l'enquête se poursuit. La victime est actuellement prise en charge au Centre hospitalier de Cayenne.
Damien Chaillot