Guyane : Trois options présentées pour une piste entre Apatou et Papaïchton

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Guyane : Trois options présentées pour une piste entre Apatou et Papaïchton

Lors de la présentation des travaux d'études du génie militaire, hier matin à Saint-Laurent-du-Maroni (SLM), la préfecture et les Forces armées de Guyane ont dévoilé le projet  d’une "piste améliorée" entre Apatou et Papaïchton. Cette annonce fait suite à la visite du président de la République en mars dernier.  La piste plus proche du fleuve fait l'unanimité parli les elus présents. Focus grâce aux propos recueillis par nos partenaires de Radio Péyi.



Trois options de tracé ont été présentées. Le tracé le plus proche du fleuve, donc des lieux de vie, a recueilli l’unanimité parmi les élus présents. Le projet, dont le coût est estimé à 320 millions d’euros, devrait s'étaler sur 16 ans, avec quatre années d'études préalables et douze années de travaux pour une piste de 220 à 280 kilomètres.

Un projet d’ampleur

Antoine Poussier, préfet de Guyane, a souligné l’importance de cette étape : « Un engagement du président de la République lors de son déplacement, une promesse qui avait été faite et donc une promesse qui a été tenue aujourd'hui en demandant au génie militaire de présenter les conditions de réalisation de cet itinéraire entre Papaïchton et Apatou. Elle a permis de parler de ce projet et d’en parler de façon concrète en termes de délais, en termes de coûts, en termes de tracés, en termes de techniques, et ça marque une étape importante parce qu'on n'est plus dans l'incantation mais dans une réflexion collective sur la possibilité de cet itinéraire. C'est un projet massif, c'est un projet qui coûte très cher, c'est un projet qui sera très long, c'est un projet dont l'impact à la fois environnemental et sociétal doit être pesé finement, et c'est surtout un projet qui doit faire l'objet d'un vrai consensus local avant de pouvoir être porté au niveau national, parce que c'est un projet dont l'ampleur nécessitera la collaboration entre la collectivité territoriale de Guyane et l’État ».

Trois tracés à étudier

Le commandant supérieur des Forces armées de Guyane, Marc Le Bouil, a détaillé les résultats de l’étude de faisabilité : « Nous avons proposé trois types de tracés qui sont réalisables plus ou moins loin du fleuve ou près du fleuve. Près du fleuve, on est sur 270 km de tracé. Si on s’éloigne du fleuve, la distance diminue à 250 ou 220 km. 220 km de tracé d'une piste que l'on proposerait plutôt en latérite renforcée de chaux et de ciment, ce sont des pistes qui existent et que l'on sait faire. D'ailleurs, cette question des pistes inclut celle des ouvrages d'art. Plus on se rapproche du fleuve, plus il y a de criques et de cours d’eau à passer, et chaque cours d'eau demande un pont qui doit être réalisé. On parle de 120 à 180 ponts. Les conclusions de l’étude montrent qu’un travail de cette ampleur prendrait entre 10 et 20 ans de travaux, suivant si on a réussi à ouvrir deux fronts – un à partir du Sud et un autre à partir du Nord – ou si l'on arrive uniquement à attaquer finalement cette piste à partir d’Apatou ».

La priorité des élus : une route nationale 4

Pour Jules Deie, maire de Papaïchton, la préférence des élus va clairement à un autre projet : « Nous, élus, on opte avant tout pour une route nationale 4. Nous, en tant qu’élus autour de la table, à l'unanimité, nous avons opté pour avoir une route nationale numéro quatre qui longe, on va dire, le fleuve en prenant en considération les différentes populations qui vivent dans ces différents bassins de vie. Donc nous, en tant que responsables territoriaux du territoire guyanais, de l’Ouest plus précisément, on ne peut pas régresser ou au moins ne pas prendre le mieux pour notre population et pour l’ensemble de la Guyane. On parle de désenclavement : c’est donner les moyens de faciliter la circulation à cette population, que ce soit pour leur approvisionnement en marchandises ou simplement pour leur propre circulation et leur manière de vivre. C’est faciliter leur désir de se déplacer librement sur cette partie du territoire, qui est l’Ouest de la Guyane. Je regarde aussi la possibilité de travailler sur les deux fronts : une partie des travaux qui commencerait à Apatou et l’autre à Papaïchton, ce qui pourrait réduire la durée de réalisation ».

La question du désenclavement de l’Ouest guyanais reste donc au cœur des débats, avec des attentes fortes de la part des élus locaux et des habitants pour une solution durable attendue de longue date. 


 

Damien CHAILLOT