Guyane : Restitution du projet Art et Science « animer les visions amérindiennes de la biodiversité »

Guyane : Restitution du projet Art et Science « animer les visions amérindiennes de la biodiversité »

À partir de ce lundi et jusqu’au vendredi 24 mars, sont présentés les travaux issus du projet Art et Science « animer les visions amérindiennes de la biodiversité », porté par le Centre National de Recherche Scientifique (CNRS) et deux artistes du Kollectif Mc Guffin, basé à Lyon. Le résultat, deux courts-métrages poétiques, « L’Anaconda et la couleur des oiseaux » et « Mondes sonores d’Amazonie », traitant des représentations amérindiennes de la biodiversité.

Une dizaine de jours de présentations sont prévus pour les deux courts-métrages animés : du 13 au 19 mars dans les villages Wayãpi de Camopi et de Trois-Sauts, du 20 au 24 mars dans différentes écoles, collèges et lycées, le 21 mars au Bocal, à Kourou, le 22 mars au Totem de la Canopée des Sciences, à Cayenne, et le 23 mars au Café de la Gare à Cayenne.

Ces œuvres, conçues par les artistes designers Beto Acosta et Tiffanie Deschamps, sont proposées par Julien Meyer, linguiste et bio-acousticien du CNRS, et Damien Davy, Anthropologue au CNRS, comme une introduction à une partie de leur travail de recherche mené avec des savants Wayãpi depuis plusieurs années.

Ces court-métrages ont été réalisés grâce au soutien de nombreux acteurs culturels Wayãpi de l’Oyapock et sous la direction des chercheurs du CNRS à partir de leur travail de recherche scientifique, qui explore les représentations amérindiennes de la biodiversité à travers les mondes sonores d’Amazonie, s’appuyant également sur des travaux antérieurs en anthropologie et en ethnomusicologie.

Les Wayãpi, à l’instar des peuples amérindiens d’Amazonie, portent une vision du monde et de la nature qui contraste grandement avec le grand partage occidental entre Nature et Culture. Pour eux, la nature n’existe pas comme une réalité séparée de la vie sociale, et les êtres peuplant leur environnement se comportent comme les humains, en tant qu’êtres pensants.

De cette culture, si tous les êtres ont pu communiquer et vivre ensemble en des temps mythiques, la communication directe est aujourd’hui rompue. Il n’en reste pas moins que les êtres peuplant l’environnement des Wayãpi continuent d’interagir de manière active avec eux, et il s’agit alors de respecter un certain nombre de règles et de manières d’être au monde afin de préserver des équilibres fragiles où chacun vit en interdépendance avec les autres.

Le premier animé, « Anaconda et la couleur des oiseaux », illustre le mythe Wayãpi d’origine de la couleur des oiseaux qui est encore conté, chanté et accompagné musicalement sur l’Oyapock, fleuve frontière entre la Guyane et le Brésil. Ce mythe raconte comment les oiseaux, originellement tous noirs, ont fait pour acquérir leurs couleurs en les subtilisant à l’Anaconda dont la peau aux reflets irisés dans la lumière du soleil a attiré leur attention. L’Anaconda devient Arc-en-Ciel à la fin de cette histoire. Un mythe avec une puissante symbolique qui existe chez de nombreux peuples amazoniens.

Le second animé, intitulé « Mondes sonores Amazoniens, imitations animales et parole sifflée des Amérindiens Wayãpi » montre avec quelle expertise les Wayãpi leurrent les animaux grâce à des imitations de leurs chants ou de sons qui attirent leur attention, notamment lors de la chasse et de la pêche. Cet animé permet de découvrir des espèces emblématiques de la forêt guyanaise et fait entrer le spectateur au cœur du paysage sonore amazonien, montrant comment il est possible de siffler des mots et des phrases entières pour se parler de loin sur la rivière ou à travers la végétation dense sans risquer d’effrayer les animaux avec la voix.

Damien Chaillot