Guyane : L’ordre en force aux frontières

© Gendarmerie Egm43/7 Decize

Guyane : L’ordre en force aux frontières

Contrôle anti-délinquance, opération de lutte contre l'immigration illégale, surveillance des frontières dans la cadre de la crise sanitaire, la protection du terrioire de la Guyane est un enjeu majeur pour l'Etat.  Une task-force a d'ailleurs été déployée par la Préfecture de Guyane pour répondre à cet enjeu. Zoom sur ces actions de surveillance aux frontières de la Guyane.
 

Les actions intenses des forces de l’ordre aux frontières de la Guyane ne faiblissent pas, elles s’accélèrent même. Les frontières maritimes ne sont naturellement pas étanches, mais elles sont sous haute surveillance. Depuis le début de la crise sanitaire, les dispositifs interministériels ont été renforcés. En plus de leur travail habituel de surveillance et de contrôle, ils sont aussi dédiés à la protection des populations dans le cadre du freinage de l’épidémie. 

Des dispositifs multi-services sont opérationnels face aux deux territoires frontaliers : le Brésil et le Suriname. Car outre le côté sanitaire, l’ADN de la « task force » sous la direction du préfet Thierry Queffelec, est bien celui de lutter contre tous les trafics, du mercure aux drogues, en passant par l’immigration irrégulière ou encore les flux logistiques clandestins. Pour le sous-préfet des communes de l’intérieur, Frédéric Bouteilleque nous avons contacté « C’est une nouvelle démonstration de la détermination de l’État à entraver tout trafic et toute circulation non autorisée. La saisie, pouvant aller jusqu’à la destruction des pirogues utilisées pour assurer les mouvements illégaux, est extrêmement dissuasive pour les passeurs. Ces opérations ponctuelles d’envergure renforcent l’efficacité des patrouilles quotidiennes » . 

4 426 pirogues refoulées depuis le début de l’année

En face de la rive française, le Suriname. Facile donc d’imaginer la complexité des trafics qui peuvent avoir lieu avec une frontière si grande et si vaste, avec notamment des courses poursuites en bateau qui ne font pas que des vagues sur le Maroni, comme on a pu le voir avec l’actualité récente. De nombreuses voix s’élèvent pour dresser ce constat, mais outre les patrouilles renforcées et les opérations musclées, c’est à se demander quel serait le meilleur dispositif pour bloquer les mouvements d’un fleuve ? Crédit photo : Gendarmerie Egm43/7 Decize

Cette semaine une opération tenue secrète a eu lieu sur le Maroni selon nos informations. Elle a été menée par l’ensemble des forces qui participent à la politique de surveillance : la douane, la police aux frontières et la gendarmerie nationale. Une opération donc anti-délinquance inter-services qui a mobilisé le 14 juin dernier de 12h à 17h 16 gendarmes, 22 fonctionnaires de la police nationale, 6 douaniers, ainsi que 4 fonctionnaires des affaires maritimes, sans mentionner les 4 bateaux et les pirogues officielles mises à l’eau. Un coup de poing rapide, précis et visiblement efficace. Bilan: 4 tonnes de marchandise saisies, 1 pirogue saisie,  83 verbalisations dans le cadre des mesures de freinage contre la propagation du virus (COVID19), 148 personnes non admises sur le territoire, 1 Étranger en situation irrégulière contrôlé, 54 notifications de mise en septaine sanitaire, 37 pirogues et 202 personnes contrôlées, 71 pirogues et 428 personnes refoulées. 

Le préfet Thierry Queffelec que nous avons joint a rappellé la priorité de l’État, qui n’est pas « celle d’une étanchéité chimérique, mais d’un contrôle permanent, efficace et coordonné, avec une coopération qui monte en puissance au Brésil et qui se renforce au Suriname ». 

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« Ces chiffres illustrent certes l’activité du fleuve, mais aussi l’activité assez exceptionnelle des services de l’État en Guyane. Cependant puisque le sujet demeure fort et constant, la mobilisation se poursuit et surtout se renforce » ajoute le service communication du préfet de Guyane. 

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Bilan global de la task force au 14 juin 2021

Un Schéma régional d'accueil des demandeurs d'asile en préparation

Parmi les sujets les plus épinglés autour des frontières, il y a celui qui concerne le flux des personnes qui rentreraient illégalement sur le territoire guyanais. Soit à l’aide de filières extérieures bien organisées, soit à l’aide de passeurs locaux qui s’aventureraient sur ce genre de trafic en échange d’une contrepartie financière. 

Les services de la Direction Générale de la Cohésion des Populations – DGCOPOP – au sein des services de l’État en Guyane, font état d’une « augmentation constante des places d'hébergement d'urgence depuis 2020 ». 

D’après leurs chiffres, 220 places étaient ouvertes au 1er janvier 2020 (en logement de droit commun dans des appartements entièrement meublés). Ajoutons à cela un centre d'hébergement collectif de 40 places pour hommes seuls, pour un total à la fin de l’année 2020 de 260 places. 

Depuis le début de l’année 2021, la DGCOPOP expose les évolutions d’accueil avec des chiffres « au vert » : 24 places de plus au centre d’hébergement pour hommes seuls, 60 places supplémentaires pour des familles, et une perspective de 340 places d’ici le mois de décembre 2021 chez les bailleurs sociaux, contre 280 aujourd’hui. 

À retenir, les hébergements d’urgence seraient donc en augmentation : 464 places prévues pour décembre 2021, contre 260 en 2020. Sans compter les 340 places dans le système hôtelier. 740 personnes sont aujourd’hui hébergées par les services de l’État sous la responsabilité du Préfet, avec une augmentation de 24 places prévue d’ici la fin de l’année. 

Un schéma régional d'accueil des demandeurs d'asile et d'intégration des réfugiés est en cours d'élaboration. 

La gestion des flux migratoires n’est pas méconnue. Un travail coordonné et de fond est en cours dans les bureaux de la DGCOPOP et de la DGSRC, Direction Générale de la Sécurité de la Réglementation et des contrôles. 

Le schéma régional d'accueil des demandeurs d'asile et d'intégration des réfugiés doit voir le jour en 2022 pour permettre une adaptation de la politique d’accueil au contexte migratoire et aux spécificités du territoire. « Ce schéma repose sur deux piliers : mieux héberger et mieux accompagner ». Comme l’explique Didier Duport, Directeur Général de la Cohésion des Populations « ce travail vise à donner une gestion territorialisée aux dossiers, à encadrer l'augmentation des places d'hébergement et à en assurer la fluidité en hébergeant mieux et en assurant un accompagnement social global pour une meilleure intégration ».