La production de wassaï, petite baie issue d’une variété de palmier, est en baisse marquée en Guyane. Le phénomène météorologique El Nino, qui apporte sécheresse et par conséquent, un logique manque d’eau, frappe durement la culture locale. Focus avec le retour d’expérience de Mathieu Derain, producteur de wassaï à Sinnamary, suivi par nos partenaires de Radio Péyi.
Depuis l’année 2023, la culture de wassaï connaît des difficultés croissantes. Alors que pendant la saison 2021-2022, de fortes pluies avaient là aussi, mis en difficulté les productions, c’est maintenant l’effet inverse, la sécheresse apportée par le phénomène El Nino, qui impact les acteurs de la filière wassaï, très implanté en Guyane et au Brésil.
Au micro de Radio Péyi, Mathieu Derain, producteur de wassaï à Sinnamary, constate les dégâts sur sa production :
« En production, on a quasiment perdu 60% de la production. Entre la perte des plants et la perte des fleurs et des grappes (…) En quantité normalement, on est censé produire actuellement 400 kg par semaine et là, on est à zéro. En pleine production, on est à une tonne semaine, et la dernière livraison qu’on a fait au mois de décembre, normalement en pleine période, on était à 800kg par semaine ».
Un fort ralentissement de la production, aux conséquences financières lourdes sur son activité, alors que la demande reste forte : « À l’heure actuelle on finance tout l’entretien de la parcelle sur fonds propre, donc la trésorerie en prend un coup. En entretien sur les plus de 10 hectares, on est à 400€ par semaine, en entretien et en gasoil (…) On a beaucoup de réclamation de la clientèle. On est en manque de wassaï clairement. Il leur faut du wassaï pour Pâques, alors que pour Pâques, on n'en aura pas, c’est clair ».
Aujourd’hui, afin d’espérer une reprise de la production qui permettrait de satisfaire la demande, Mathieu Derain affirme qu’il faudrait qu’il pleuve 2 jours par semaine pendant 3 prochains mois, une perspective qui paraît irréaliste selon le producteur de Sinnamary : « Il y a 2 ans, on a eu un excès de pluie, donc on a eu toutes les fleurs qui étaient minées avec des limaces, et là depuis un an plein, on a un manque d’eau, une saison sèche qui continue, et je pense que cette année, on n'aura pas de saison des pluies ».
Seule solution envisagée pour éviter ce genre de crise à l’avenir, l’installation d’un système d’irrigation dédié, au prix d’un coût supplémentaire sur la production : « Courant de l’année prochaine, on va essayer de faire une irrigation, mais c’est encore un coût. Une irrigation pour 10 hectares, on est à 90.000€ d’investissement ».
Damien CHAILLOT