Guadeloupe : dégradation de la conjoncture économique au troisième trimestre 2024, selon l’IEDOM

©Grand Port Maritime de Guadeloupe

Guadeloupe : dégradation de la conjoncture économique au troisième trimestre 2024, selon l’IEDOM

Au troisième trimestre 2024, la situation économique de la Guadeloupe est morose. Une récente étude de l'Institut d’émission des départements d’Outre-mer (IEDOM) révèle une détérioration générale du climat des affaires dans tous les secteurs d'activité : commerce, tourisme, secteur primaire, industries et services marchands, ainsi que dans le BTP. La consommation des ménages est atone, dans un contexte de tensions autour de la « vie chère », bien que les prix connaissent une légère baisse. Les chefs d'entreprise se montrent pessimistes pour la fin de l'année 2024. Ils continuent cependant leurs investissements en cours tout en limitant les nouveaux projets.

Le troisième trimestre a été marqué par une dégradation significative de l’activité économique, supérieure à celle anticipée, impliquant un repli du climat des affaires. Le taux de défaillance des entreprises s'est accru de 4,4% sur un an, tandis que les importations de biens d'investissement et de biens intermédiaires ont respectivement baissé de 8,4% et 4%, d’après le rapport. Néanmoins, les entreprises interrogées prévoient de maintenir un niveau d'investissement stable.

À la fin septembre 2024, l’indice des prix à la consommation (IPC) a  reculé en glissement trimestriel (-0,1% après +0,5% au deuxième trimestre). Dans le détail, les prix des services et des produits manufacturés diminuent respectivement de -0,4% et -0,2%. « Seuls les prix de l’alimentation progressent en fin de trimestre (+1,6%). En particulier, ceux des produits frais augmentent de 5,5%. En glissement annuel, l’IPC progresse de 2% (+1,1% en France, hors Mayotte) », précise l’IEDOM.

 

« Selon l’enquête de conjoncture de l’IEDOM, les chefs d’entreprise indiquent avoir très peu augmenté leurs prix, dans un contexte de ralentissement de l’inflation et d’inquiétudes croissantes concernant la mobilisation contre la ‘vie chère’. Certains d’entre eux font le constat d’une baisse de pouvoir d’achat de leur clientèle ». Les perspectives sont contrastées. Si les professionnels s'attendent à une reprise de l'inflation en fin d'année, avec des hausses de prix marquées dans certains secteurs comme l'agroalimentaire et le BTP, d'autres filières comme le tourisme et certaines industries pourraient connaître des évolutions plus modérées, voire des diminutions de prix.

 Au niveau du marché de l’emploi, après une hausse au deuxième trimestre, « le nombre moyen d’offres d’emploi enregistrées par France Travail diminue de 11,7% en glissement trimestriel », d’après le rapport. Fin septembre, le nombre de demandeurs d’emploi de catégorie A demeurait stable, tandis que le nombre de demandeurs inscrits depuis plus d’un an (catégories A, B, et C) progressait de 2,9%. Dans le secteur privé, les effectifs se sont maintenus au troisième trimestre.

Dans le secteur du BTP, le climat est plutôt morose. La croissance des activités des chefs d’entreprise ralentit au troisième trimestre, bien que leur trésorerie et leurs charges d’exploitation s’améliorent. « Selon la Cellule économique régionale de la construction de Guadeloupe (CERC), le nombre d'appels d'offres dans le secteur du BTP chute de 21,5%, avec seulement 4,9% d’appels d’offres attribués de janvier à septembre 2024. Les ventes de matériaux de construction, comme le ciment, indicateur clé de l’activité du BTP, restent à un faible niveau ».

 Enfin, en ce qui concerne le tourisme, les indicateurs sont en baisse. « Le nombre de passagers à l’aéroport hors transit diminue sur trois mois (-16%,), tout comme le nombre de nuitées enregistré dans l’hôtellerie (-0,5%, après -9,1% au trimestre précédent) », conclut l’IEDOM. Une diminution d’activité aggravée par des charges qui s’alourdissent. Les professionnels sont pessimistes quant aux perspectives du quatrième trimestre, prévoyant une poursuite de la dégradation du secteur, doublée d’une augmentation des délais de paiement ainsi que des charges. Malgré tout, ils gardent des perspectives d’investissement positives.

 

PM