EXPERTISE. Santé : La patate douce, la star des amylacés des Outre-mer

EXPERTISE. Santé : La patate douce, la star des amylacés des Outre-mer

Après les plantes qui renforcent le système immunitaire, le moringa et le basilic sacré, la Guadeloupéenne Suzie Zozio, docteur Biochimie spécialisée en Science des aliments, détaille les mérites de la très appréciée patate douce. « Nous les Outre-mer, nous avons la chance d’avoir à notre portée ce tubercule riche en fibres, sans gluten et possédant des activités thérapeutiques. C’est un véritable alicament qui nous permet de diminuer notre consommation de blé afin de préserver notre santé ». 

Quelle soit de couleur orangée, violette ou blanche, la patate douce (Ipomoea batatas (L.)) est une source d’amidon de qualité reconnue et consommée par les habitants des Outre-mer. En effet, cet amylacé contient non seulement de l’amidon mais aussi des composants fonctionnels comme les fibres alimentaires, les caroténoïdes, les acides phénoliques, les anthocyanes, les vitamines et les minéraux.

Par exemple, la patate douce à chair orangée contient des caroténoïdes, le β-carotène, l’une des meilleures sources de β-carotène de la nature pouvant augmenter les taux sanguins de vitamine A et combler les carences. Contenant également du magnésium, du zinc, du fer, et même du calcium, la patate douce orange est réputée pour avoir une forte activité antioxydante.

La patate violette est caractérisée par la présence d’anthocyanes à l’origine des pigments violets. Ces flavonoïdes sont de très bons piégeurs de radicaux libres, ce qui lui vaut également le titre d’antioxydant. De plus, les études scientifiques ont montré l’intérêt de ces pigments pour les personnes diabétiques grâce à ses effets hypoglycémiants. Cette variété renferme également des polysaccharides hydrosolubles qui ont des propriétés anti-inflammatoire, antioxydante et hépato-protectrice.

shutterstock_1169897428 (2)

Un point commun à toutes les variétés de patate douce est leur faible index glycémique (IG=50). Cette qualité réside dans la structure de l’amidon qui renferme beaucoup plus d’amidons résistants que la pomme de terre par exemple. Comme son nom l’indique, c’est un amidon résistant à la digestion, ne libérant pas de glucose et n’impactant donc pas la glycémie. En général, toutes les racines contiennent une proportion plus ou moins élevée d’amidons résistants mais la patate douce est la championne.

A privilégier si vous souhaitez améliorer votre glycémie. Faites donc des tartines de patate douce pour votre petit déjeuner ou votre dîner. Pour cela, il vous suffit de les précuire entières dans de l’eau durant 5 à 10 minutes, puis de les découper en lamelles épaisses sur lesquelles vous pouvez rajouter du fromage, une sardine, de l’avocat …vous pouvez même les gratiner au four pendant 5 minutes.

S’il vous reste des patates douces cuites du midi ou de la veille, vous pouvez les transformer en galettes en ajoutant des épices puis en les passant à la poêle avec un filet d’huile de coco ou au four ou encore en faire des cakes. La farine de patate douce affiche un index glycémique encore plus faible, idéale pour vos gâteaux, gaufres, pancakes et smoothies.

Un autre avantage, les patates douces n’ont pas de gluten, comme toutes nos racines d’ailleurs ! De plus, il y a de la pectine dans les patates douces, avec des propriétés technologique similaires à la pectine de pomme. Nous pouvons donc formuler toutes sortes de pâtisseries avec la patate douce en ajoutant un peu d’amidon de manioc, ou encore du dictame qui sont d’excellents texturants de chez nous.

Tous les composés cités sont corrélés aux effets thérapeutiques suivants : antioxydant, anti-inflammatoire, immuno-modulateur, anti-tumoral, antimicrobien, antiulcéreux, antidiabétique et hépato-protecteur. Une dernière propriété et non des moindres : une activité pré-biotique permettant une modulation positive du microbiote intestinal dont on sait que le déséquilibre (la dysbiose) favorise les maladies chroniques.

shutterstock_1022543494

Les feuilles de patate douce sont également une bonne source de minéraux (potassium, phosphore, calcium, magnésium, fer, manganèse, cuivre), de fibres alimentaires et d’antioxydants. La concentration de polyphénols contenue dans les feuilles de patate douce est 7 à 9 fois supérieure à celle des pépins de raisin. Les feuilles et les tiges sont consommées comme un légume à feuilles vertes ou utilisées comme les feuilles de vignes en les roulant avec une farce.

Nous les Outre-mer, nous avons la chance d’avoir à notre portée ce tubercule riche en fibres, sans gluten et possédant des activités thérapeutiques. C’est un véritable alicament qui nous permet de diminuer notre consommation de blé afin de préserver notre santé.

Privilégiez donc nos tubercules et vous verrez progressivement les effets bénéfiques sur votre digestion, votre glycémie, votre poids…  Une mine de bienfaits pour notre corps. La meilleure stratégie à adopter pour vivre en bonne santé et lutter contre les attaques virales et bactériennes est de loin celle d’un mode de vie adapté à notre environnement, privilégiant ce qui pousse autour de chez nous, nous exaltant devant notre magnifique biodiversité.

Docteur Suzie Zozio

-Docteur en biochimie spécialisée en science des aliments
-Fondatrice du laboratoire EUBYOSE
-Fondatrice de la marque d’aliments santé KALOUKAERA FOOD
-Créatrice du magazine KRISALYDE, les sciences décodées pour votre santé
-Responsable des programmes SANTÉ PEYI