Depuis Mayotte, la start-up Esseyi construit le pont entre l’Afrique et les Outre-mer

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Depuis Mayotte, la start-up Esseyi construit le pont entre l’Afrique et les Outre-mer

En 2026, il faudra compter sur EsseyiI, première plateforme en ligne dédiée à l'orientation, l'étude et l'emploi en Afrique. Émeric Koda et Max Agueh, fondateurs de la start-up, finalistes de la 10ème édition d'Innovation Outre-Mer, ont de grands projets pour Mayotte, où ils sont implantés depuis début 2025. Et après une participation aux Outre-mer French Tech Days qui se sont déroulés du 1er au 4 décembre 2025 en Guadeloupe, ce sont des connexions partout dans les Outre-mer qui pourraient se faire.

 

Derrière la start-up Esseyi se cache une amitié vieille de 25 ans. Émeric Koda et Max Agueh se sont rencontrés en 2000 sur les bancs de l'école d'ingénieurs de Nantes. S’ils refont régulièrement le monde pendant leurs longues discussions, chacun trace son parcours professionnel pendant des années. Max Agueh obtient un doctorat en électronique, systèmes et réseaux, avant de diriger des filières d'école d'ingénieurs spécialisées en cybersécurité en région parisienne. Émeric Koda, lui, s'est orienté vers l’enseignement supérieur ainsi que l’expertise dans la vente de solutions technologiques. « Cela fait quinze ans qu’on se disait qu’on entreprendrait ensemble », confie Émeric Koda. On se connaît par cœur. On est différents, mais complémentaires. On se fait confiance et surtout nous avons une conviction : le développement économique et social du continent africain doit se faire avec sa jeunesse. » 

De cette conviction naît Esseyi, en 2021. À l’origine, il s’agit d’un simple annuaire des formations disponibles sur le continent africain. « L’orientation, la préparation à l'emploi, c'était quelque chose qui n'existait pas. D’ailleurs, il y avait un tel besoin que rapidement près de 10 000 personnes par mois visitaient la plateforme. C’est à ce moment-là qu’on a décidé d’y adosser un business model», se souvient Émeric Koda. Aujourd'hui, Esseyi propose de connecter les étudiants avec les établissements d'enseignement supérieur du continent. Le deuxième axe, lancé en 2024-2025, permet d'obtenir des certifications professionnelles en ligne sur des compétences demandées localement. La troisième solution analyse et aide à créer des CV pertinents, capables de passer les filtres des recruteurs et de valoriser les fortes des candidats. « Pour nous, l’Afrique de demain se prépare aujourd’hui. Et cela passe d’abord par donner aux jeunes les moyens de s’orienter et de se projeter. » 

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En quelques années, la start-up a été distinguée à plusieurs reprises : à l’évènement AfricanTech Awards ou encore en étant lauréat du Challenge Yprlink Africa 2025. Depuis, la structure travaille avec de nombreux établissements d'enseignement supérieur francophones au Bénin, où les premiers bureaux se mettent en place avec une équipe d’une dizaine de personnes ; mais aussi au Togo, au Sénégal ou encore en Côte d’Ivoire. L’un des objectifs est de continuer à se développer sur toute l’Afrique mais également dans les Outre-mer. 

Mayotte, territoire stratégique

 À Mayotte, Max Agueh et Émeric Koda découvrent des problématiques similaires à celles qu’ils ont déjà rencontrées des années plus tôt. La start-up se rapproche rapidement de l'Université de Mayotte, du réseau Carif-Oref et de la French Tech Mayotte. « Mayotte est stratégique pour nous dans le sens que c'est le plus africain des départements français », résume Émeric Koda. « Il y a des liens naturels qui se forment, des solutions qui se trouvent, des connexions qui se développent. Mayotte, c’est un territoire jeune et créatif. C’était naturel pour nous d’y ancrer un pont entre l’Afrique et les Outre-mer. » Actuellement, Esseyi travaille pour faciliter la continuité pédagogique suite au cyclone Chido. La start-up prévoit notamment de déployer des solutions digitales.

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 Pour Essayi, qui fasait partie des quatre start-up mahoraises présentes aux Outre-mer French Tech Days qui se sont déroulés en Guadeloupe, l'occasion était toute trouvée de rencontrer des investisseurs et de nouer des partenariats stratégiques. Ces connexions d’ailleurs ont donné naissance à des projets concrets. Avec une start-up polynésienne de Tahiti qui a développé un casque de réalité virtuelle, Esseyi prévoit de créer des simulations d'entretiens d'embauche en réalité virtuelle. « On veut proposer ça aux acteurs de l'emploi à Mayotte. Les jeunes pourraient ainsi s'entraîner aux objections, aux interruptions et à tout ce qui peut déstabiliser lors d'un entretien. Sans la Guadeloupe, on n’aurait jamais imaginé collaborer avec une start-up tahitienne pour réinventer la préparation à l’entretien. Les Outre-mer sont une force d’innovation incroyable », sourit Émeric Koda.

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Une reconnaissance qui s'affirme

 À Mayotte, Esseyi se veut un facilitateur pour assurer la transition entre études et emploi grâce au numérique. L’objectif est également de travailler en réseau entre les universités, les entreprises et les étudiants. « On se rend compte que pour la plupart des innovations que nous aurons à faire pour Mayotte, on doit viser des marchés qui sont plus gros, et le marché naturel c’est le continent africain. Ensuite, pourquoi ne pas proposer ces solutions à d’autres territoires ultramarins qui auraient des besoins semblables ? » 

Pour 2026, l'ambition est claire : « Ce sera une année de consolidation et de renforcement de notre présence. On va être un peu moins dans le développement de nouvelles plateformes et de nouvelles technologies, mais on va vraiment avoir pour but d'aller signer des partenariats, des contrats, dans les Outre-mer, continuer sur Mayotte et toujours en Afrique francophone », détaille le co-fondateur d’Esseyi.

Dans les six prochains mois, une équipe de production devrait être basée à Mayotte, travaillant main dans la main avec l'équipe de développeurs web basée au Bénin, continuant ainsi le développement de ces passerelles entre territoires.