Covid-19 : L'Assemblée nationale vote la prolongation de l’état d’urgence sanitaire en Outre-mer

©Radio 1 Tahiti (Illustration)

Covid-19 : L'Assemblée nationale vote la prolongation de l’état d’urgence sanitaire en Outre-mer

L'Assemblée nationale a donné mardi 7 septembre au soir un premier feu vert à une prorogation, jusqu'au 15 novembre, de l'état d'urgence sanitaire dans la grande majorité des territoires ultramarins, durement touchés par le rebond de la crise du coronavirus.

Cette extension, qui permet notamment d'instaurer ou maintenir des mesures de couvre-feu et de confinement, concerne la Guadeloupe, la Martinique, Saint-Barthélemy et Saint-Martin dans les Antilles, ainsi que la Guyane, La Réunion et la Polynésie française. La Nouvelle-Calédonie, où un confinement strict est entré en vigueur mardi, a été ajoutée à cette liste par un amendement du gouvernement adopté en séance. Longtemps préservé, l'archipel vient d'enregistrer plusieurs cas autochtones de Covid-19 qui font redouter une explosion des contaminations.

Un texte approuvé par 90 votes 

Marquant la reprise des travaux parlementaires après la pause estivale, le texte examiné en première lecture en urgence au Palais Bourbon a été approuvé par 90 votes contre 13 et une abstention. Les groupes de la majorité ainsi que l'opposition de droite comme de gauche l'ont soutenu largement, seule la France insoumise (LFI) s'y opposant résolument. Le projet de loi et son article unique viendront jeudi matin devant le Sénat, le gouvernement espérant boucler dans la même journée le processus d'adoption parlementaire.

La prolongation au 15 novembre de l'état d'urgence instauré pour la plupart de ces territoires jusqu'au 30 septembre, est « justifiée » par « la nécessité d'y maintenir un instrument de réponse rapide et réactive face à un virus imprévisible », a estimé le rapporteur Jean-Pierre Pont (LREM). Malgré certains signes d'amélioration, ces territoires se caractérisent globalement par une situation beaucoup plus dégradée qu'en métropole, qu'il s'agisse du taux d'incidence du virus ou de la saturation des hôpitaux, ainsi que des taux de vaccination plus faibles.

Une situation sanitaire compliquée 

Ainsi en Guadeloupe, 68 personnes, dont 59 malades du Covid-19, se trouvaient en réanimation lundi. Grâce aux renforts acheminés de métropole, le territoire compte actuellement 98 lits de réanimation et 36 lits de soins critiques. Sachant qu'en temps normal, le nombre de lits en réanimation sur l'île n'atteint pas 30.

En Martinique, le taux d'incidence, après avoir dépassé en août les 1000 cas pour 100 000 habitants, s'établit actuellement à 438, contre 141 dans l'Hexagone. « L'incidence épidémique est en diminution » en outre-mer mais « la pression hospitalière reste très importante », a déclaré mardi le ministre de la Santé Olivier Véran. Le ministre chargé de l'outre-mer Sébastien Lecornu a souligné la nécessité de « prendre des mesures indispensables pour sauver des vies », qui seront « adaptées à chaque territoire ». Il a évoqué des « territoires fragiles par leur éloignement et l'insuffisance de leur couverture vaccinale ».

En Polynésie, 33 personnes sont décédées du Covid-19 le week-end dernier, et neuf ce lundi, portant à 522 le nombre total de décès liés au virus sur le territoire de 270 000 habitants depuis le début de l'épidémie, dont plus de 360 depuis la mi-juillet. Le taux d’incidence y est monté jusqu’à plus de 2 800 / 100 000, sur l’ensemble de la Collectivité, et plus de 3 300 pour les seules îles de Tahiti et Moorea, les plus peuplées. Si la pression hospitalière a débuté une lente décrue, les établissements de santé publics comme privés de Polynésie restent au-delà de leurs capacités d’accueil. 

« C'est une crise sans précédent à l'échelle de notre territoire », a souligné Maina Sage, députée de Polynésie française et membre du groupe Agir (majorité). Cette région, constituée de « petites îles où tout le monde se connaît », est frappée par « des drames humains et familiaux terribles ». Mais « cette crise révèle aussi des déficits structurels en termes d'infrastructures, de moyens matériels et humains », relève-t-elle.

« Des mesures de freinage fortes » à venir pour Mayotte

Le projet de loi prévoit aussi que si l'état d'urgence sanitaire était déclaré à Mayotte et Wallis et Futuna avant le 15 octobre, il serait là aussi en vigueur jusqu'au 15 novembre. Saint-Pierre et Miquelon a été retiré de ce groupe en cours de séance, la situation sanitaire ne suscitant « pas d'inquiétude à ce jour » selon le rapporteur Jean-Pierre Pont. Concernant Mayotte, Sébastien Lecornu a indiqué que des « mesures de freinage fortes » seraient annoncées cette semaine par le préfet.

À droite, Philippe Gosselin (LR), favorable au texte, a toutefois souligné que « l'état d'urgence ne peut pas être une mesure sèche ». Il faut l'assortir « d'un accompagnement économique » et « donner confiance dans la vaccination », a-t-il assuré, à l'instar de nombreux autres parlementaires. La principale opposition est venue du groupe LFI qui a déposé sans succès une motion de rejet. Le chef de file des Insoumis, Jean-Luc Mélenchon, a souligné que « les départements d'outre-mer sont les pires déserts médicaux de France » et estimé que l'exécutif ne s'attaque à « aucune des causes structurelles » de la crise sanitaire.

Le texte doit encore être validé par le Sénat, ce jeudi. 

Avec AFP.