Montagne d’or en Guyane : Recours de l’État contre la prolongation de la concession minière

Montagne d’or en Guyane : Recours de l’État contre la prolongation de la concession minière

©Compagnie minière de la Montagne d’Or

Le gouvernement a réaffirmé son opposition au projet minier Montagne d’or en Guyane en déposant un recours contre le tribunal administratif de Cayenne qui lui avait ordonné de prolonger les concessions minières, ont annoncé les ministres de la Transition écologique, des Outre-mer et de l’Industrie, mercredi dans un communiqué.

Le Gouvernement réaffirme que le projet Montagne d’or tel qu’il a été présenté n’est pas compatible avec ses ambitions en matière d’environnement, rappelées le 11 janvier dernier par le président de la République à l’occasion de la quatrième édition du One Planet Summit dédiée aux enjeux de protection de la biodiversité, indique le communiqué commun de Barbara Pompili, Sébastien Lecornu et Agnès Pannier-Runacher.

A l’occasion du premier Conseil de défense écologique du 23 mai 2018, Emmanuel Macron s’était exprimé en faveur de l’arrêt de ce projet minier. L’État n’avait donc pas donné suite aux demandes de prolongation des concessions sollicitées par la compagnie. Mais en décembre dernier, le tribunal administratif de Guyane avait enjoint l’État « de prolonger » dans un délai de six mois les concessions minières de la Compagnie Montagne d’or en Guyane, annulant le refus implicite du ministre de l’Économie Bruno Le Maire.

S’appuyant sur le dépassement du délai réglementaire d’instruction de deux ans, le ministre de l’Économie avait implicitement rejeté le 21 janvier 2019 le renouvellement pour 25 ans des concessions minières de la compagnie Montagne d’or (CMO), portant alors juridiquement un coup d’arrêt au plus grand projet d’extraction d’or primaire jamais proposé en France, porté par le consortium russo-canadien Nordgold-Columbus Gold.

Le tribunal administratif considérait que CMO « présente suffisamment d’éléments justifiant de ses capacités techniques et financières pour exploiter les concessions ». La justice avait aussi souligné le « défaut de contestation sérieuse » du ministre de l’Économie, pour justifier son rejet implicite. Les concessions (d’une surface de 40 km2) sont situées dans les communes de Saint-Laurent du Maroni et Apatou, en pleine forêt, entre deux réserves à haute valeur de biodiversité. La compagnie y envisage dans les prochaines années l’exploitation et le traitement par cyanuration en circuit fermé d’un gisement de 85 tonnes d’or.

« Le projet Montagne d’Or est clairement incompatible avec nos ambitions environnementales et nous maintenons notre opposition au projet : c’est une question de cohérence », a toutefois rappelé Barbara Pompili dans le communiqué. « Cette affaire met en lumière le fait qu’une réforme du code minier est nécessaire pour apporter des réponses concrètes aux parties prenantes et prendre davantage en compte les enjeux environnementaux en amont des projets miniers ».

Pour le ministre des Outre-mer, le projet Montagne d’or « ne répond ni à nos exigences environnementales, ni aux attentes économiques et sociales des Guyanaises et des Guyanais. Pour autant, je crois au développement d’une filière aurifère responsable et durable. Pour cela, nous devons travailler collectivement avec les entreprises locales pour une montée en compétences techniques et une progression sur le plan environnemental ».