Élection du 17ème gouvernement calédonien : Entre renouvellement, continuité et recul pour les femmes

Élection du 17ème gouvernement calédonien : Entre renouvellement, continuité et recul pour les femmes

©Capture / Caledonia

Ce mercredi à 14h30, heure de Nouméa, 4h30, heure de Paris, aura lieu l’élection du 17ème gouvernement calédonien par les membres du Congrès de l’archipel. Entre renouvellement, continuité et recul pour les femmes : les listes des quatre groupes de l’institution ont été validées et rendues publiques ce mardi.

La continuité d’abord. L’Avenir en Confiance (AEC), groupe non indépendantiste du Congrès, a présenté en position éligible quatre personnalités politiques déjà présentes au sein du précédent gouvernement : Thierry Santa, l’ancien président, Christopher Gygès, qui assurait le portefeuille de l’Économie, Isabelle Champmoreau qui avait en charge l’Éducation et Yoann Lecourieux, en charge du Budget et des Finances.

Pour l’autre groupe non indépendantiste, Calédonie ensemble, c’est le renouvellement puisque la seule personnalité éligible de sa liste est Joseph Manaute, jusqu’ici Directeur du Parc de la Rivière Bleue. Il remplace ainsi Philippe Germain, membre du précédent gouvernement. Renouvellement également pour le groupe indépendantiste Union nationale pour l’Indépendance (UNI). En effet, sur ses deux membres éligibles, on retrouve Louis Mapou, actuel chef du groupe UNI au Congrès et Yannick Slamet, 2ème vice-président de la province Nord. Tous deux n’étaient pas présents au précédent gouvernement.

Concernant le groupe UC-FLNKS et Nationalistes et Éveil océanien, c’est à la fois la continuité et le renouvellement. Pour la continuité, la groupe reconduit en position éligible Gilbert Tyuienon, vice-président du précédent exécutif, et Vaimu’a Muliava, membre de l’Éveil océanien, qui assurait le portefeuille des constructions publiques, du patrimoine immobilier et des moyens, du logement et de l’urbanisme.

Pour ce qui est du renouvellement, le groupe indépendantiste a choisi en tête de liste une figure économique de premier plan : Samuel Hnepeune, ancien dirigeant d’Air Calédonie et surtout, premier kanak à la tête du Medef. On retrouve également Mickael Forrest, deuxième vice-président de l’Union Calédonienne, membre du bureau politique du FLNKS mais aussi directeur de la Culture à la province des Îles.

« Ce gouvernement constitue une véritable opportunité pour ancrer définitivement le pays dans la voie de son émancipation », a réagi le Palika, parti indépendantiste membre de l’UNI. « Il est impératif d’impulser les grandes réformes sociétales attendues pour tous dans le cadre d’une économie solidaire ». Le parti appelle à « sortir du statu quo et du conservatisme ambiant », « en donnant la possibilité aux candidats de l’UNI d’accéder à la présidence du prochain gouvernement ».

Colère des femmes

En revanche, la colère est grande sur le sujet de la représentativité des femmes au sein du futur gouvernement : en effet, seule une femme est en position éligible tandis que l’ancien gouvernement en comptait déjà que deux (Isabelle Champmoreau et Valentine Eurisouké). « Nous aussi nous bâtissons ce pays, nous méritons notre place et nous avons des droits » a déclaré l’Union des Femmes francophones d’Océanie (UFFO). L’union entend demander au nouveau gouvernement de « mettre en place un secteur essentiellement et exclusivement dédié au droit des femmes », assure Sonia Togna, interrogée par Caledonia. Un portefeuille qui ne devra pas « être dilué » dans d’autres secteurs et qui devra porter « un plan bien défini et des objectifs clairs ».

En attendant, l’élection du gouvernement aura donc lieu ce mercredi par les membres du Congrès. Scrutin proportionnel, l’AEC devrait avoir 4 sièges, Calédonie ensemble 1 siège, l’UNI 2 sièges et l’UC-FLNKS et Nationalistes et Éveil océanien 4 sièges. Ainsi, pour la première fois depuis la création du gouvernement collégial calédonien par l’Accord de Nouméa, le 17ème exécutif de l’archipel sera, sauf grande surprise, majoritairement indépendantiste. Les membres du gouvernement élu aura ensuite la charge d’élire, au scrutin majoritaire, leur président et leur vice-président, et de se répartir les secteurs.

Pour rappel, il y a près de 40 ans, Jean-Marie Tjibaou devenait, le 18 juin 1982, le premier indépendantiste à la tête d’un gouvernement (ou Conseil du gouvernement, loi n° 79-407 du 24 mai 1979), en tant que vice-président, puisque le Haut-commissaire ou Gouverneur était de fait le président.