Dans un communiqué publié après la deuxième réunion avec les élus calédoniens au format « Leprédour », le ministre des Outre-mer Sébastien Lecornu a annoncé une table ronde sur la reprise de l’usine de Vale NC dans le sud calédonien.
Cette communication était attendue puisque les élus calédoniens, mis à part quelques confidences à la sortie de la réunion en visioconférence, ont renvoyé les détails des discussions au partenaire État. Et comme annoncé hier, ces discussions ont bien tourné autour du sujet nickel, et plus précisément de la reprise de l’usine de Vale NC.
« Afin d’avancer de manière constructive sur ce dossier, une table ronde sera organisée par l’État dans les prochains jours », a-t-on notamment appris dans le communiqué du Ministère des Outre-mer. Cette table ronde est attendue par les protagonistes du dossier, tant cette reprise a exacerbé, ces dernières semaines, les tensions sur le terrain. Si le calme est revenu cette semaine, les défenseurs, essentiellement coutumiers et indépendantistes, d’une reprise de l’usine par Sofinor et Korea Zinc sont toujours mobilisés.
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Sébastien Lecornu a par ailleurs abordé cette offre, et réitère ce qu’il avait déjà annoncé dernièrement : qu’elle n’a été connue par l’État que très tard dans le processus de reprise. Regrettant « le silence des partenaires industriels de cette offre », Sébastien Lecornu rappelle qu’ « alors même que le processus de reprise, engagé en avril, touche à sa fin de manière imminente, l’État n’a reçu aucune demande de leur part ». « Ces derniers jours et à la demande du ministre, des tentatives répétées ont été engagées via le réseau diplomatique français pour entrer en contact avec la société Korea Zinc ; sans succès », poursuit-on.
« Éclairer la place des actionnaires calédoniens »
Selon Sébastien Lecornu, cette table ronde « permettra en premier lieu à chacun d’exprimer ses attentes et ses interrogations sur le devenir du site. En second lieu, elle pourra éclairer la place des actionnaires calédoniens dans le contrôle de l’outil de production, les sujets relatifs au pacte social et au pacte de développement du grand Sud et les questions environnementales ». Il a également rappelé les « priorités de l’État dans ce dossier : le respect du droit, la sauvegarde des emplois sur le site et la préservation de l’environnement ».
Les membres du format « Leprédour » sont convenus de se revoir, dans les prochains jours, pour continuer le dialogue initié en octobre, a-t-on encore appris. Le prochain échange permettra de prolonger et d’approfondir les discussions engagées sur le rôle du nickel dans l’avenir de la Nouvelle-Calédonie. La demande exprimée par certains d’un « préalable minier » ainsi que sa finalité, le contenu de la « doctrine nickel », le soutien actuel et futur de l’État à la filière, la dimension environnementale seront abordés. Enfin, le ministre a fait part de sa volonté de réaliser un état des lieux précis sur la situation des trois usines calédoniennes et des conditions de leur rétablissement à court, moyen et long terme.
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Pour rappel, ces discussions au format « Leprédour » ont été mises en place fin octobre, lors de la visite de Sébastien Lecornu au lendemain du 2ème référendum d’autodétermination, et dans un souci de reprendre le dialogue rompu entre les partenaires calédoniens de l’Accord de Nouméa. Cinq indépendantistes et cinq non indépendantistes sont présents autour des échanges. Mais pour ce second rendez-vous « Leprédour », neuf élus étaient présents puisque le président de la province Nord, Paul Néaoutyine, a été excusé en raison d’une réunion avec les communes.
De son côté, Daniel Goa, qui avait déjà annoncé son intention de ne pas participer au dialogue, a finalement quitté les discussions de ce jeudi. Dans une lettre adressée à Sébastien Lecornu, et publiée avant le communiqué de ce dernier, le président de l’UC se dit « fatigué d’avoir à m’adresser à vous, alors qu’à l’évidence vous ne m’écoutez pas, vous n’écoutez pas ce que vous dit aujourd’hui le peuple kanak face au scandale que représente la vente de son usine du Sud par Vale NC ».
« Je me retire de cette réunion non sans vous dire que, si la paix n’est pas négociable, ainsi que vous l’affirmez, c’est qu’elle est la conséquence du respect. Or, aujourd’hui, je n’ai pas le sentiment que vous ayez vraiment pris la mesure de la situation dans notre Pays, et que vous respectiez le peuple kanak et ses représentants », a-t-il poursuivi.