Depuis plusieurs mois, l’État, les communes et le Pays échangent sur le lancement de cet « Epis », créé sur le papier en 2006, mais jamais constitué. L’établissement, censé dans un premier temps mutualiser le traitement des appels au 18 à l’échelle de Tahiti puis de la Société, doit absorber et élargir le CTA actuel, qui, même s’il est logé au Taaone, ne couvre aujourd’hui que quatre communes, et a depuis longtemps « trouvé ses limites ». Aucun calendrier n’est toutefois officiellement avancé, aucun chiffre ferme n’est sur la table sur la participation de l’État et du Pays à cet établissement souhaité par les pompiers de tout le pays, mais qui a jusque-là buté sur des désaccords politiques et financiers. Détails avec notre partenaire Radio .
Pas de calendrier, pas de chiffres, mais un « consensus » qui s’est dégagé au fil des réunions de ces derniers mois. Et qui s’est confirmé, d’après le Haut-commissariat lors de la réunion du Comité polynésien de Sécurité Civile (CPSC), ce vendredi. Autour de la table, le haut-commissaire Éric Spitz, le président du Pays Moetai Brotherson, celui de l’Assemblée Tony Géros, ainsi que les tavana ou représentants municipaux d’une bonne partie des communes polynésiennes. Ce CPSC avait été relancé fin 2023 pour « créer un espace de dialogue autour des sujets et enjeux de sécurité civile ». Et notamment pour trouver une solution aux problèmes de traitement des appels de secours. En Polynésie, chaque commune a sa caserne, chaque caserne répond aux appels au 18 provenant de sa zone. Une organisation dont les défaillances sont identifiées depuis des décennies.
En 2006, l’État avait créé, par ordonnance, un Établissement public d’incendie et de secours, censé mutualiser cette tâche, la confier à des pompiers spécialisés, dotés d’équipements performants et ainsi en finir avec la pris en charge « aléatoire » de ces appels. Sauf que cet « Epis » n’a jamais été créé dans les faits, sur fonds, de mésententes politiques et financières et de conflit de compétences sur les questions de sécurité. Un embryon de mutualisation a tout de même vu le jour, en 2018 : le CTA, centre de traitement des appels, qui, malgré ses locaux aux côtés du centre 15 du Taaone, ne rassemble aujourd’hui que Pirae, Arue, Punaauia, et Hitia’a o te ra. Une organisation d’autant plus bancale que ce centre n’est, administrativement parlant, qu’un service de la mairie d’Arue, qui contracte avec les autres communes et embauche elle-même le personnel fixe du centre. Non seulement le montage à du mal à convaincre d’autres tavana, mais il menace depuis longtemps s’effondrer.
« Une coordination à la hauteur » pour les pompiers du fenua
« Le fonctionnement et la forme actuelle du CTA ont trouvé leurs limites », confirme le Haut-commissariat, qui s’est beaucoup investi sur le sujet ces derniers mois. D’abord pour soutenir le CTA, le moderniser – notamment au travers la mise en place d’un logiciel de géolocalisation des numéros d’urgence, cofinancée par le Pays -, mieux former ses agents… Mais dans le même temps, une série de réunions, de visites et de groupes de travail organisés avec les communes ont permis d’envisager la suite : la constitution de l’Épis, mort-né sur le papier voilà bientôt 20 ans, qui absorbera les missions actuelles du CTA pour l’élargir à d’autres communes. Avant, peut-être, de s’investir dans les autres missions prévues par ses statuts, et se doter de ses propres casernes et véhicules d’intervention en complément de ceux des communes.
Les discussions n’en sont pas là, il s’agit uniquement, à l’heure actuelle de mutualiser les appels au 18 et d’offrir « une coordination à la hauteur des besoins de la population de toute la Polynésie française ». Tout en laissant aux communes leur autonomie en matière d’interventions et de moyens. Les représentants des pompiers municipaux ont depuis longtemps exprimé leur impatience de voir se concrétiser cet établissement, qui doit les aider dans leur mission et surtout régler des problèmes de statuts. Et si un « consensus » se dégage côté communes, c’est avant tout parce que l’État et le Pays ont montré des signes de bonne volonté sur le cofinancement de la structure. Ce vendredi, en CPSC, un point d’étape a ainsi été réalisé notamment au travers « des scénarii de financement partagé et un chemin juridique d’installation de cet établissement » livrés par un cabinet de conseil embauché par l’AFD. Le calendrier, lui, n’est pas précisé, pas plus que les montants promis par chacune des institutions. La délicate diplomatie inter-collectivité suit son cours, dans une période compliquée par l’approche des élections municipales.
Par Radio 1