Annoncé depuis plus d’un an, le Comité stratégique maritime et portuaire de Polynésie française (CSMP) s’est réuni pour la première fois ce jeudi. Ce nouvel organe réunit l’État, le Pays et les professionnels du secteur dans un format resserré, pour « coordonner » l’action publique, et traiter les problèmes « de façon très opérationnelle ». Cette première réunion a été l’occasion de parler d’infrastructures portuaires, de la nouvelle feuille de route de l’économie bleue et de préparer la Conférence des Nations unies sur l’Océan de juin 2025. Explications de notre partenaire Radio 1 Tahiti.
Réflexions collectives et surtout « très opérationnelles » ce matin, au Haut-commissariat. C’est là que s’est réuni, pour la toute première fois, le comité stratégique maritime et portuaire de Polynésie française (CSMP) co-présidé par le président Moetai Brotherson et le Haut-commissaire Éric Spitz, et qui a rassemblé plusieurs membres du gouvernement et chefs d’administration du Pays, des responsables des services de l’État, les représentants du cluster maritime et du secteur de la recherche. Un comité qui avait été annoncé officiellement voilà un an, au travers d’un accord signé entre le président du Pays et le secrétaire d’État à la mer de l’époque, Hervé Berville.
Un « organe support »
L’intention était alors claire : les enjeux maritimes, qui font l’objet de compétences partagées entre l’État et le Pays, sont trop importants pour être traités chacun dans son coin. Cette nouvelle instance doit donc assurer la « coordination » des politiques publiques, en matière d’infrastructures portuaires -en plein mouvement avec l’application du schéma directeur du port autonome -, de développement de la pêche- un des grands objectifs politique du gouvernement -, de recherche sur les grands fonds marins et de formation maritime. Moetai Brotherson insiste d’ailleurs sur ce dernier point : « L’objectif à terme c’était la mise en place du campus des métiers et qualifications de la mer. On avait besoin d’un organe support : aujourd’hui c’est chose faite et on s’en réjouit ».
Avant les discussions avec Hervé Berville, le cluster maritime avait déjà, lors de son forum de l’économie bleue de 2022, demandé la création d’un tel organe de gouvernance. « On avait formulé le vœu qu’il puisse y avoir une instance resserrée, qui soit très concrète et pratique, sur les enjeux maritimes », confirme Stéphane Perez, le président du cluster. « Quelque chose qui ne soit pas une énième conférence, qui soit vraiment quelque chose d’opérationnel ». Le Conseil polynésien de la mer et du littoral, créé en 2010 et composé de trois sous-comités, rassemblait aussi des associations de préservation de l’environnement, des collectifs locaux des zones littoral ou des représentants de diverses catégories de professionnels.
Les professionnels se disent donc satisfaits de pouvoir joindre leur réflexion -souvent très aboutie, grâce au travail du cluster- à celle des autorités. Et se félicitent de façon générale de la mobilisation et de la dynamique entretenues ces derniers mois autour des dossiers maritimes. Le comité de ce jeudi a d’ailleurs été l’occasion de présenter et de « valider » la « feuille de route de l’économie bleue durable » qui vient d’être finalisée par le ministère des Ressources marines, et qui a été préparée avec un appui important de l’État et du cluster. Ce document de 20 pages, qui liste une centaine d’actions à mettre en œuvre -une bonne partie a déjà été lancée, précise le gouvernement- doit être présenté la semaine prochaine en Conseil des ministres et dans les semaines à venir devant les élus de l’Assemblée territoriale.
Sur le chemin de Nice
La séance a aussi été l’occasion de valider les grandes orientations du discours qui sera développé par le Pays, l’État et les professionnels lors de l’Unoc 3. Quatre grands axes, déjà évoqués lors de la soirée de l’Ifrecor du 13 novembre dernier, seront collectivement portés lors de cette Conférence des Nations-Unies sur l’océan, prévue pour juin 2025 à Nice, et qui se veut le pendant maritime des Cop sur le climat. « Le premier aura attrait aux grands fonds marins, je rappelle qu’il y aura une conférence sur le sujet à l’IRD, le deuxième, c’est la préservation de nos ressources, avec cet exemple que l’on peut donner au monde avec le concept de rahui », liste Éric Spitz, qui rappelle que le Pays, l’État et le cluster ont déjà fait tribune commune aux toutes récentes Assises de l’économie de la mer à Bordeaux. « Le troisième, c’est tout ce qui concerne le développement des énergies renouvelables et puis le quatrième tout ce qui concerne l’innovation, avec une articulation avec la stratégie de l’innovation 2030 du Pays ».
Le CSMP devrait une nouvelle fois se réunir avant ce grand rendez-vous mondial auquel devraient aussi participer des scientifiques et des représentants associatifs polynésiens. Le comité a ensuite vocation à se tenir une fois par an. Pas besoin de plus, assurent les participants : « l’idée c’est surtout de réfléchir à moyen et long terme, et d’avoir un guichet unique pour que les problèmes puissent être traités de manière efficace », commente Stéphane Perez.
Charlie René pour Radio 1 Tahiti