Le député de la 1ère circonscription de Polynésie a entamé lundi une tournée de trois semaines pour informer la population et recueillir son avis avant de finaliser l’écriture d’une proposition de loi sur la citoyenneté Mā’ohi qu’il veut déposer à l’Assemblée nationale avant la fin de l’année. Les critères pour déterminer à qui accorder cette citoyenneté sont « en gestation ». La démarche s’accompagne d’une pétition en ligne. Explications de notre partenaire Radio 1 Tahiti.
Tematai Le Gayic, qui doit écrire puis déposer à l’Assemblée nationale une proposition de loi constitutionnelle sur la création d’une citoyenneté Mā’ohi, organise sur trois semaines une série de réunions publiques sur le sujet. « Dans l’histoire de la Polynésie, la citoyenneté n’a jamais été expliquée aux peuples autochtones », dit-il, « et l’idée c’est d’expliquer que la citoyenneté, c’est un lien qui relie l’individu à son état, et qui comporte un certain nombre de droits mais aussi de devoirs. »
« Retour de la dignité du peuple autochtone, préservation de l’emploi et du foncier » sont les principaux objectifs de la loi. La démarche s’accompagne d’une pétition en ligne. Il s’agit non seulement d’informer, mais aussi de trouver des référents qui dissémineront l’idée dans les quartiers. Tematai Le Gayic dit « proposer une base de réflexion » qui sera « enrichie ou modifiée par les retours récoltés sur le terrain » : les critères pour être un citoyen Mā’ohi sont « en gestation », mais la barre est haute : les propositions vont de « la moitié de sa vie » à « 20 à 25 ans de résidence à partir de l’âge de 18 ans ».
Sur le nombre d’années de résidence nécessaire pour obtenir la citoyenneté Mā’ohi, Tematai Le Gayic précise que ce critère pourrait être mitigé par la qualité de la « contribution à la communauté » qui serait évaluée par une commission de naturalisation. « L’acquittement de l’impôt » ou « la préservation de l’environnement » pourraient être pris en compte. En revanche, la maîtrise d’une langue polynésienne n’est pas envisagée parmi les critères : « Aujourd’hui c’est compliqué de mettre un critère linguistique dans l’acquisition du statut juridique, car les jeunes générations ne maîtrisent pas notre langue », constate Tematai Le Gayic.
Concernant la filiation, un seul parent polynésien suffirait. Certaines personnes, rapporte le député, envisagent des critères plus sévères, comme « une filiation plus une naissance en terre Mā’ohi », ce qui exclurait les Polynésiens nés hors de Polynésie, par exemple des enfants de militaires ou de gens poursuivant leurs études à l’extérieur. De même, les époux et épouses de citoyens Mā’ohi pourraient prétendre à la citoyenneté après 15 ans de mariage au moins et un passage devant une commission.
Les citoyens Mā’ohi auraient le droit de vote aux élections locales et aux référendums. Les non citoyens, eux, pourraient prétendre à l’obtention d’une sorte de permis de séjour et de travail en Polynésie, « sans forcément pouvoir décider de l’avenir politique. » Tematai Le Gayic a tenu ses deux premières réunions cette semaine avec, assure-t-il, « un retour extrêmement positif parce que c’est un texte qu’ils attendent depuis longtemps. »
Caroline Perdrix pour Radio 1 Tahiti