Nouvelle-Calédonie : Une proposition de plan de diversification de l'économie durable

Nouvelle-Calédonie : Une proposition de plan de diversification de l'économie durable

L'Agence Française de Développement (AFD), le Fonds mondial pour la nature (WWF), et l'Agence de la transition écologique (ADEME), présentaient ce mercredi 23 juin une étude sur les perspectives de diversification de l'économie calédonienne, sur un axe de développement écologique et égalitaire à l'horizon 2040. Le point grâce au reportage de nos confrères de Caledonia.nc.

Alors que l'Institut d'Émission d'Outre-Mer (IEOM) présentait hier des perspectives économiques peu encourageante après l'année 2020, l'AFD, la WWF et l'ADEME arrivent quant à eux avec une proposition de développement et de diversification économique axée sur une thématique écologique et durable.

L'étude, fruit de plusieurs mois de travail auprès des acteurs économiques, institutionnels et coutumiers du territoire, se base sur différents postulats de développement à l'horizon 2040, avec l'objectif d'inclusion, d'égalité, basé sur le principe d'une “soutenabilité forte”, permettant d'envisager de nouvelles pistes de développement pour rendre le territoire plus compétitif et économiquement indépendant.

Caroline Rantien, représentante territoriale de l'ADEME, était au micro de Caldonia.nc pour détailler le travail effectué sur ce dossier : “Cette étude repose sur un vaste travail de modélisation économique de la Nouvelle-Calédonie (…) On a construit des scénarii, on a fait des hypothèses, on est parti de la situation actuelle, 2015, ces dernières années où l'on avait des jeux de données, et on a envisagé des hypothèses à l'horizon 2040. On a sollicité tous les acteurs et parties prenantes du tissu économique Calédonien, CPME, MEDEF, FINC, Chambres consulaires, mais aussi la société civile et le monde coutumier pour discuter, challenger toutes ces hypothèses”.

Hubert Géraux, expert en conservation à la WWF, précise les tenants et aboutissants du principe de “soutenabilité forte”, axe de développement préconisé par l'étude : “Le principe de la soutenabilité forte était essentiel pour l'étude. Diversification économique, oui, mais à soutenabilité forte, à savoir, on ne remplace pas du capital naturel critique par du capital humain ou physique. On ne peut pas détruire la nature en disant “ce n'est pas grave, on crée une autre richesse”, formations nouvelles, hôpital, routes, etc. Donc c'est un principe, on conserve son patrimoine naturel dans le développement économique”.

Enfin, Philippe Renault, Directeur régional de l'AFD pour la région Pacifique, était l'invité du journal de Caledonia.nc, l'occasion de comparer le travail effectué dans ce dossier aux données de l'IEOM quant à l'économie Calédonienne. Partageant le constat d'une économie en berne en Nouvelle-Calédonie, la piste d'une réorientation économique reste selon lui la clé pour les générations futures.

“Je ne sais pas si la Nouvelle-Calédonie a les moyens de financer une transition plus vertueuse, plus juste, plus équitable, plus respectueuse de la nature, mais j'ai le sentiment qu'elle le peut, qu'elle le doit, et qu'elle doit réorienter très probablement une partie de ses investissements et de ses efforts”. L'AFD étant le principal financeur des collectivités locales, l'agence aurait de facto un rôle prépondérant dans le financement d'un tel plan de réorientation économique.

“Tous les ans, nous finançons les investissements des collectivités en prenant un soin de plus en plus grand à l'impact et à la nature des investissements que nous finançons. Grâce au ministère de l'Outre-mer qui nous permet de bonifier une partie de nos prêts, nous privilégions le financement des investissements verts ou sociaux. Donc oui, nous pouvons financer les investissements de diversification économique à soutenabilité forte, comme Hubert Géraux l'a expliqué”.

Le plan identifie 6 secteurs d'activité, tels que l'agriculture, la sylviculture ou encore la pêche, potentiellement porteurs si les institutions venaient à accompagner leur développement. Le plan proposé se base ainsi sur un financement à hauteur de 140 milliards de Francs CFP (env. 1,15 milliards d'euros) sur 20 ans. Un budget conséquent, qui représente 7 milliards de francs par an (env. 58 millions d'euros) d'investissement. Un objectif qui reste à portée de main, selon le directeur de l'AFD.

“7 milliards de Francs par an, c'est à la fois beaucoup, et ça représente aussi 17% du budget d'investissement de l'ensemble des collectivités locales Calédoniennes, ça représente un peu plus de 3% des budgets totaux des collectivités Calédoniennes, communes, provinces et territoires. Donc c'est un effort qu'il est possible d'engager (...) nous pensons que c'est un effort raisonnable, et qui a été discuté avec un certain nombre de chefs d'entreprises et de décideurs”.

Damien Chaillot avec Caledonia.nc