La Direction des Affaires Sanitaires et Sociales (DASS) de Nouvelle-Calédonie pilotait un premier baromètre eau-santé sur le territoire, jaugeant de l'avis des Calédoniens sur la qualité de l'eau, mais aussi de leurs habitudes vis-à-vis de la précieuse ressource. Une étude aux enseignements multiples qui permettront d'ajuster la politique de communication quant à la précieuse ressource.
Grâce à une étude financée par le programme européen, Projet Régional Océanien des Territoires pour la Gestion durable des Écosystèmes (PROTEGE) et piloté par la DASS, le baromètre eau-santé a consisté à plus de 1500 appels téléphoniques réalisés en mai 2020, visant à connaître l'avis des Calédoniens quant à la qualité de l'eau, aux risques sanitaires liés, leurs connaissances sur le sujet ou encore leur perception de l'eau et de sa potabilité.
Pour Karine Saumë, ingénieur sanitaire en charge des eaux de consommation de la direction des Affaires sanitaires et sociales, « ce diagnostic doit permettre d’établir des axes de sensibilisation et des outils adaptés à chacune des problématiques identifiées et aux différentes zones géographiques. Et dans un second temps, d’engager la population dans un changement de comportement vis-à-vis de la ressource en eau ».
Un véritable programme de santé publique, puisque « selon l’Organisation mondiale de la santé, 24 % des maladies et 23 % du nombre total de décès dans le monde sont dus à des facteurs environnementaux. En agissant sur la qualité de l'eau et sa perception, l'objectif est d'améliorer la santé des Calédoniens ». Pour rappel, dans le plan Do Kamo voté en 2018, l’eau est un des déterminants de santé sur lequel il faut agir pour le bien-être de la population.
Il est à noter que l'étude a permis de révéler que, si 9 Calédoniens sur 10 utilisent l'eau du robinet comme principale source d'alimentation en eau, les personnes disposant d'une autre source principale, telle que l'eau de pluie, prélèvement de rivière ou encore forage privé, se montrent plus confiant dans cette source d'approvisionnement personnelle, alors même que « ce sont des sources ni contrôlées, ni gérées par des collectivités publiques. Il faut casser les idées fausses et mieux sensibiliser la population aux enjeux sanitaires » explique Karine Saumë.
Une information qui va de pair avec la constatation que les usagers, de manière générale, connaissent peu le fonctionnement des services de l'eau, de son traitement à sa distribution, en passant par son assainissement. Une approche qui met en exergue les différences notables des résultats du baromètre eau-santé et les données des gestionnaires de l’eau, ou encore les réalités du terrain sur certaines zones géographiques. L'étude en conclut une nécessité d’intervenir davantage sur les sujets de l’eau sur le territoire, afin de réduire les écarts existants.
Dans une volonté de clarifier les positions des Calédoniens quant à leur perception de l'eau sur le territoire, l'étude dresse 5 profils qui se sont démarqués pendant l'étude.
Les motivés : ces usagers perçoivent l'ensemble des problématiques liées à l'eau, notamment sanitaire et environnementale. Ils s'attendent à une dégradation dans le futur tant au plan de la quantité que de la qualité.
Les solidaires : peu conscients du risque sanitaire lié à l’eau, ces consommateurs sont en revanche assez critiques sur le rapport qualité/prix de l'eau et sont conscients du problème de l'accès à la ressource. Ils ont déjà mis en place des écogestes et sont prêts à en faire davantage.
Les conscients peu concernés : raccordés au réseau, ces usagers, principalement aux îles Loyauté, utilisent en priorité une source alternative, c'est pourquoi ils se sentent peu concernés par les problématiques liées à l’eau de distribution. Toutefois, ils pensent qu'il y aura une dégradation de la ressource à long terme.
Les sceptiques : ces consommateurs ont totalement confiance dans le réseau de distribution d'eau potable et sont sceptiques quant aux problématiques liées à la ressource. Situés en majorité sur le Grand Nouméa, ils pensent qu'il y aura toujours de l'eau douce.
Les éco-restreints : raccordés au réseau, ces foyers généralement modestes se préoccupent d'abord du rapport qualité/prix jugé trop élevé. La problématique de la ressource en eau n'est pas leur priorité.
Damien Chaillot.