Le monde économique calédonien affronte un nouvel épisode de restriction lié au Covid-19, déjà annoncé comme plus important que les deux précédents en raison de la présence du variant Delta sur le territoire. À l'aube d'une période difficile pour les entreprises calédoniennes, les mesures d'aides se mettent en place. Le point grâce au reportage de nos confrères de CALEDONIA.

Le troisième confinement pour le territoire sera certainement le plus difficile. Si les précédents cas de contamination avaient pu être rapidement retracés et contenus, la présence, cette fois-ci, du variant Delta et de sa haute capacité de contagion change la donne.
Les deux précédents confinements avaient déjà engendré des pertes de l'ordre de plus de 50 milliards de Francs CFP du tissu économique calédonien (env. 415 millions d'euros) et il est pour l'heure difficile d'anticiper l'importance des pertes de ce nouvel épisode sanitaire.
Les entreprises et patentés du territoire sont inquiets, mais les institutions et l'Etat promettent d'être au rendez-vous.

L'Etat d'urgence décrété pour la Nouvelle-Calédonie s'accompagne du renforcement de l'ensemble des aides de l'Etat déjà mises en œuvre par le passé, à savoir les aides du Fonds de Solidarité (FSE), les prêts garantis par l'Etat, l'aide à la trésorerie et le dispositif “coûts fixes”.
Les modalités d'obtention de ces aides seront communiquées d'ici la fin du mois de septembre, tandis que les formulaires de demande d'aides de l'Etat seront mis en ligne au mois d'octobre, via le site www.impots.gouv.fr.

Au niveau local, à l'image des dispositifs mis en place lors des deux épisodes précédents, la cellule d'accompagnement est réactivée, sous l'égide du gouvernement de Nouvelle-Calédonie, la Chambre du Commerce et de l'Industrie (CCI), la Chambre des Métiers et de l'Artisanat (CCMA), et la Chambre d'Agriculture de Nouvelle-Calédonie (CANC).
De même, la CCI et la CCMA maintiendront une continuité de suivi pendant les périodes de confinement afin de garantir leur soutien aux entrepreneurs du territoire.
Concernant le gouvernement, les décisions relatives à la prise en charge des dispositifs, notamment l'allocation de chômage partiel, souvent évoquée sous le nom de “chômage covid', n'ont pas encore été prises.

Dans le cadre de ce dossier, David Guyenne, Président de la CCI de Nouvelle-Calédonie, était interviewé par nos confrères de Caledonia.nc. Au sujet de la préparation des institutions à cette nouvelle phase de la crise sanitaire, il affirme : «On est préparé, pour autant, on sait que ce troisième confinement sera différent par son ampleur, son urgence, et l'aspect réel et concret que n'ont pas eu les deux confinements précédents».

Évoquant les pertes financières liées à ces deux premiers épisodes de confinement, il évoque la nécessaire solidarité territoriale : «Le premier confinement, une perte de 32 milliards de richesses qui n'ont pas été créées par les entreprises. Le deuxième confinement, une perte de 20 milliards, cela fait beaucoup, ça s'accumule. Je pense que ce qui est différent dans cet épisode du Covid, le troisième, c'est l'aspect d'urgence et de solidarité».

Une solidarité, œuvre de tous, dans l'intérêt du territoire :«Cela veut dire que tout le monde, chaque Calédonien peut faire quelque chose pour la cause publique et pour la cause collective et que ces actions doivent se faire sans incriminer l'autre. Par exemple, les citoyens calédoniens participent à la solidarité en se faisant vacciner, en respectant les gestes barrières et le confinement, et en retour la solidarité s'exprime, j'espère par le chômage partiel bonifié qui est en cours de négociation, mais aussi par les vaccins de la métropole, et par le maintien de l'activité économique des entreprises»

Selon le Président de la CCI, les entreprises font partie intégrante de cette notion de solidarité:
«Les entreprises participent à la solidarité collective en restant ouvert, en acceptant de s'endetter de manière importante pour la troisième fois, et en retour, elles vont recevoir de la solidarité par les aides de l'Etat, des provinces on l'espère, et on l'espère aussi, les aides du gouvernement. Ce qui est important, c'est de dire que les entreprises font partie du tissu social calédonien et qu'à ce titre, elles doivent être protégées et elles doivent être aidées».

L'avenir paraît difficile à anticiper avec ce nouvel épisode sanitaire, qui va imposer des restrictions importantes afin d'endiguer l'épidémie : «Pour nous, il y a un effort crucial, de respecter un confinement strict. Les activités économiques, de les restreindre au maximum à ce qui est vraiment essentiel, pour casser cette chaîne de transmission et pour permettre aux Calédoniens de se vacciner. Et quand on aura ce niveau de vaccination suffisant, quand on aura aussi l'assurance que la santé des Calédoniens et le système de santé de la Calédonie pourra affronter le virus, il faudra vivre avec le Covid, et dans ce cas-là, il faudra ouvrir les activités économiques et apprendre à vivre avec le Covid».
 

Damien Chaillot