Les intempéries et pluies abondantes qui ont marqué les derniers mois en Nouvelle-Calédonie signent un premier semestre qui s'annonce très difficile pour le secteur apicole. Une production en baisse constatée partout sur le territoire, les apiculteurs misent aujourd'hui sur un second semestre plus clément pour sauver leur production annuelle. Focus grâce au reportage de nos confrères de Caledonia.nc.
Avec une production enregistrée de 130 tonnes de miel en 2018, contre 90 tonnes en 2010, le secteur apicole calédonien connaît un véritable essor, puisque la production de miel local couvre aujourd'hui 96% de la demande du territoire. Malheureusement, l'année 2021 s'annonce sous de mauvais auspices, en raison des fortes pluies qui ont émaillé la météo des derniers mois.
Une situation qui pourrait trouver son explication en partie en raison du phénomène météorologique connu sous le nom de La Niña se produisant tous les 4 à 5 ans dans la région. Ce dernier provoque une intensification des précipitations d'environ 20%, de pair avec un relatif affaiblissement des vents et une hausse des températures.
La situation est bien résumée par Harold Babin, apiculteur de Ponérihouen interviewé par Calédonia.nc. « Il y a eu de la pluie juste à la sortie de la floraison, ce qui fait que le nectar coule des fleurs et les abeilles n'ont plus rien à récolter ».
Même constatation à Ouégoua par Christophe Vico : « Les ruches qui étaient déjà un peu faibles à la sortie de la sécheresse commençaient à reprendre, et elles reprennent une séance de pluie derrière, donc le peu de réserve qu'elles avaient elles l'ont consommé pour elles, donc c'est plus dur pour elles de redémarrer ».
Seul espoir pour les apiculteurs du Caillou, une seconde partie de l'année plus clémente et des fleurs tirant profit de l'eau distribuée par les épisodes pluvieux, annonçant potentiellement de belles floraisons prochaines. Christophe Vico poursuit, et veut rester confiant : « Il y aura plus de fleurs qui vont durer plus longtemps dans l'année. C'est un mauvais impact pour le début de récolte, mais sur le restant de l'année ça va aller mieux, les sols sont gorgés d'eau ».
Cependant, une autre ombre au tableau met cette année 2021 en péril. Le potentiel manque de nourriture pour les abeilles pourrait favoriser certaines maladies, parmi lesquelles les loques européenne et américaine, comme l'explique Philippe Lemaître, président du syndicat des apiculteurs de Nouvelle-Calédonie : « (Avec) pas suffisamment de nourriture, les abeilles ne vont pas pouvoir nourrir correctement les futures abeilles qui sont dans les alvéoles, donc ces maladies vont se développer, et la problématique est qu'elles peuvent aussi aller transmettre les maladies sur les colonies avoisinantes ».
Margot Camoin, Responsable par intérim du centre de l'apiculture de Nouvelle-Calédonie, invitée du journal de Caledonia.nc, évoquait la situation, mais se veut confiante : « Les pluies pour les abeilles sont plutôt favorables puisqu'elles déclenchent parfois des floraisons, comme les floraisons de niaoulis, mais là, c'est l’enchaînement de nombreux épisodes de pluie, cyclones, inondations, qui ont provoqué des pertes directes pour les apiculteurs, puisqu'il y a des apiculteurs qui ont perdu des colonies, ou qui ont provoqué des consommations des réserves par les abeilles qui ont décalé dans le temps les récoltes pour les apiculteurs. Mais là, du fait du stress sur la végétation et des dernières pluies, les floraisons reprennent donc c'est effectivement plutôt positif pour la fin de saison ».
Damien Chaillot
