Nouvelle-Calédonie: Francis Lamy appelle à ce qu'il n'y ait pas de pression sur les électeurs

Nouvelle-Calédonie: Francis Lamy appelle à ce qu'il n'y ait pas de pression sur les électeurs

Le conseiller d'Etat Francis Lamy, président de la commission de contrôle chargée de garantir la sincérité du troisième référendum d'autodétermination de dimanche en Nouvelle-Calédonie, demande que personne n'empêche des électeurs de voter, après l'appel des indépendantistes à ne pas participer au scrutin.


- En quoi ce troisième référendum est-il différent des deux précédents ?

La particularité par rapport aux précédents référendums c'est que cette année il y a des partis politiques, en l'occurrence les partis indépendantistes, qui ont appelé à la "non-participation" alors que lors des derniers référendums tous les partis appelaient à la participation. Donc cela représente un risque d'abstention important.
La décision de partis politiques d'appeler à la non participation relève de leur liberté, c'est une orientation politique que la commission n'a pas à discuter et qu'elle respecte. Mais, en revanche, le jour du scrutin, c'est le jour de l'électeur. L'électeur doit choisir en toute liberté, en toute indépendance, à l'abri de toute pression. Il doit choisir entre ne pas voter s'il est d'accord avec les orientations des partis indépendantistes ou aller voter s'il a envie d'aller voter, et voter naturellement ensuite pour qui il l'entend.

Craignez-vous des incidents dans les bureaux de vote dimanche ? Y en avait-il eu lors des précédents référendums ?

Je lance un appel à ce qui est la règle le jour d'une élection: il ne faut pas de manifestations extérieures qui peuvent s'apparenter à une pression sur l'électeur, soit par exemple pour le dissuader d'aller voter, soit pour voter dans un certain sens. Ces pressions peuvent prendre des formes très différentes: Ca peut être des drapeaux à l'entrée d'un bureau de vote, ça peut être des regroupements de personnes à proximité de bureaux de vote, bref, toute une série d'actes, d'agissements que, s'ils se produisent, la commission relèvera, constatera et qu'elle analysera dans les observations qu'elle joindra à la proclamation des résultats de l'opération électorale.
Il n'y avait pas eu (d'incidents) lors du premier référendum. Il y en a eu, lors du deuxième, le jour du scrutin. Il y a eu dans le grand Nouméa des affluences, des groupes de personnes avec des drapeaux, en l'occurrence des drapeaux indépendantistes, à l'entrée des bureaux de vote, à proximité immédiate. La commission a relevé l'existence de ces faits et elle a été amenée à dire que ces faits étaient regrettables.

Une forte abstention peut-elle porter atteinte à la sincérité du scrutin ?

En soi, l'appel à la non-participation n'encourt aucune critique, c'est une liberté. Des partis politiques peuvent tout à fait opter pour cette conduite. En revanche, la question peut se poser de savoir si une forte abstention a une incidence sur la régularité ou sur la sincérité du scrutin. La jurisprudence apporte une réponse pour les élections municipales. Le Conseil d'État a eu l'occasion de se prononcer dans le contexte du Covid et il a dit qu'une forte abstention en elle-même n'était pas un motif d'invalidation du scrutin.
Le taux d'abstention, aussi fort soit-il, en lui-même, n'est pas un motif d'invalidation ou d'irrégularités du scrutin.
Néanmoins il faut regarder précisément les choses et quels sont les motifs de cette non-participation. Imaginons une non-participation qui s'expliquerait parce que des électeurs auraient été empêchés de se déplacer et de voter. A ce moment-là, à coup sûr, ce serait des faits de nature à fragiliser le résultat du scrutin, voire a entraîner son annulation devant le Conseil d'État.

Avec AFP