L'avenir de la société Le Nickel SLN se trouve «dans les mains des autorités calédoniennes», a estimé vendredi Christel Bories, PDG d'Eramet, sa maison-mère, lors de l'assemblée générale du groupe minier français qui a lancé un plan de sauvetage de l'entreprise depuis fin 2018.
« Nous sommes persuadés, avec le management de la SLN, que la SLN peut avoir un avenir pérenne», a dit Mme Bories aux actionnaires d'Eramet, tout en posant deux conditions à ce succès: l'obtention d'une « autorisation d'exportation de deux millions de tonnes supplémentaires de minerai de nickel» et « la construction rapide d'une centrale électrique plus compétitive et plus verte pour assurer le futur de l'usine».
La SLN, qui opère l'une des trois mines de nickel exploitées sur le territoire néo-calédonien, dispose d'une autorisation d'exportation de 4 millions de tonnes (Mt) par an, ce qui « n'est pas suffisant pour équilibrer le modèle», a jugé Mme Bories.
L'an passé, « malgré des perturbations sociales et météorologiques», la SLN a vu ses exportations de minerai de nickel croitre de 55% par rapport à 2019 (à 2,5 Mt). Pour 2021, le volume d'exportation devrait croitre à 3,5 Mt, a précisé Mme Bories aux actionnaires.
L'assemblée générale d'Eramet s'est tenue à Paris vendredi, au moment où le gouvernement français mène parallèlement depuis mercredi une série de journées de discussions avec les indépendantistes et les loyalistes en Nouvelle-Calédonie, en vue d'un futur référendum d'autodétermination qui devrait se tenir d'ici à 2022.
Les antagonismes autour du nickel sont l'un des sujets importants de ces discussions. Pour les indépendantistes du FLNKS, le nickel est le socle d'une indépendance viable. L'Etat français est actionnaire à hauteur de 25,6% du groupe Eramet, la Nouvelle-Calédonie étant actionnaire à hauteur de 4%.
Le nickel était déjà au centre de la revendication indépendantiste lors de la négociation de l'accord de Nouméa (1998) destiné notamment à « rééquilibrer» les richesses de l'archipel en faveur des Kanak après des années de tensions et de violences.
Eramet souligne par ailleurs l'envolée de sa production de minerai de nickel en Indonésie (mine de Weda Bay), exploitée depuis 2019, dont l'objectif de production de plus de 10 millions de tonnes en 2021, la « positionnera comme l'une des plus grosses mines de nickel du monde» a souligné Mme Bories.
Avec AFP