Un retour inédit et un recadrage qui tombent mal pour le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, alors que la situation économique du territoire est déjà reconnue comme difficile. Dans un courrier destiné au président du Congrès de la Nouvelle-Calédonie, Roch Wamytan, les services de l’État sont sans appel : « Le budget propre 2023 avec reprise anticipée de la Nouvelle-Calédonie est entachée d’illégalité pour insincérité de ses recettes ».
Un retour difficile et une première pour un budget du territoire, l’État retoque la copie du gouvernement calédonien, évoquant son « insincérité ». En cause, le budget prévoit une recette de 835,3 millions de Francs CFP (7 millions d’euros) liée à un apport financier de l'Union européenne, au titre d’une convention de financement dans le cadre du « Schéma de la Transition Énergétique de la Nouvelle-Calédonie 2.0 ». Or, cette convention n’est pas signée, et le cas échéant, cette signature ne pourra se faire avant la fin de l’année 2023.
Selon Virginie Ruffenach, chef de groupe de l’Avenir en Confiance au Congrès, des volonté politiciennes déplacées sont à l’origine de l’imbroglio, affirme-t-elle au micro de nos confrères de CALEDONIA : « Le gouvernement avait mis dans son budget 835 millions venant de l'Union européenne, qui devait être donnée par l'Union européenne, mais qui ne l’a pas été parce que le Schéma de Transition Énergétique n’a pas été voté au Congrès, alors que le membre du gouvernement en charge de ce Schéma de Transition Énergétique a déposé le texte depuis plus de 6 mois sur le bureau du Congrès. Pour des raisons politiciennes, on s’oppose, côté indépendantiste, pour certains d’entre eux, à ce Schéma de Transition Énergétique, et donc nous venons de perdre 835 millions, parce que l'Union européenne ne les donnera pas, et c’est la première fois qu’on a un budget présenté par le gouvernement et son président, qui est qualifié comme insincère par le contrôle de légalité ».
Côté indépendantiste, Pierre-Chanel Tutugoro, secrétaire général de l’Union Calédonienne, s’est lui aussi exprimé au micro de CALEDONIA. De son côté, il reconnaît la problématique, mais défend le choix indépendantiste : « Les groupes indépendantistes n’ont pas voté contre le Schéma, ils sont simplement posés sur la table une motion préjudicielle pour renvoyer en discussion en commission le dit-schéma. C’est une procédure normale, c’est pour ça que je sépare les deux choses. L’insincérité notifiée par les services de l’État, il n’y a pas de soucis, ce sont des choses dont on a l’habitude dans le cadre de nos responsabilités, et puis la justification amenée par rapport au Schéma. Bien rappeler qu’on n'est pas contre le schéma, sinon on aurait voté contre ». Suite à la déclaration des services de l’État, le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie dispose maintenant de 2 mois pour régulariser son budget.
Damien Chaillot