La France Insoumise et l’Union populaire Polynésie, qui avaient mené la campagne locale de Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle, ont annoncé qu’ils soutiendraient Tematai Legayic, Steve Chailloux et Moetai Brotherson aux législatives de juin. Les candidats indépendantistes s'engagent, en cas de victoire, à rejoindre un des groupes parlementaires de la « Nouvelle union populaire écologique et sociale », fruit d’une union nationale des partis de gauche. Explications de notre partenaire Radio 1 Tahiti.
Des rencontres à Paris ou à Papeete, des échanges de courriers, et finalement une annonce : celle du soutien de l’Union populaire Polynésie aux candidats du parti indépendantiste polynésien, Tavini Huira’atira, aux législatives. Le collectif qui avait mené la campagne locale de Jean-Luc Mélenchon appelle à voter pour Tematai Legayic dans la 1ère circonscription, Steve Chailloux dans la deuxième et Moetai Brotherson dans la troisième.
Pas complètement une surprise, puisque le député sortant avait déjà annoncé qu’il menait des discussions avec le parti de Jean-Luc Mélenchon, la France Insoumise, ainsi qu’avec « l’Union populaire », le collectif qui avait porté sa campagne. Un collectif qui s’est récemment mué, au niveau national, en « Nouvelle union populaire écologique et sociale », à la faveur de partenariats avec Europe Écologie Les Verts, le Parti Socialiste ou encore le Parti communiste.
Cette « union des gauches » s’est fixée un objectif clair, et pour l’instant très incertain : remporter la majorité absolue des sièges à l'Assemblée nationale, et donc obliger Emmanuel Macron à nommer un gouvernement de cohabitation. « Mélenchon 1er ministre », lit-on ainsi en tête du communiqué de l’Union populaire Polynésie, qui parie donc sur les élus du Tavini pour « appliquer le programme l’Avenir en commun au plan national et au plan polynésien ». « Notre souhait est que Moetai, Steve et Tematai puissent participer à cette majorité de 289 députés nécessaires pour les changements prévus au programme », écrit le collectif.
L’Union populaire veut « rompre avec la colonisation »
Mais plus qu’avec le groupe local de l’Union populaire, c’est entre le Tavini et les Insoumis qu’ont eu lieu les tractations. Dans une lettre adressée au début du mois de mai au parti du leader indépendantiste Oscar Temaru, Mathilde Panot, présidente du groupe de gauche radicale à l’Assemblée, et dont Moetai Brotherson s’est rapproché pendant son mandat, et Manuel Bompard, président de la délégation insoumise au parlement européen proposent officiellement le soutien de leur parti.
Elle demande en échange un engagement à ce « que les candidats Tavini une fois élus rejoignent le groupe parlementaire de l’Union Populaire », et qu’ils « soutiennent le programme partagé construit à partir de l’Avenir En Commun ». Les responsables nationaux s’engagent de leur côté à « reconnaître l’entière liberté de vote aux élus Tavini sur tous les sujets qui concernent la Polynésie » et à « ouvrir un débat pour comprendre quels sont les domaines, les secteurs et les politiques qui manifestent la colonisation, politiques avec lesquelles il faudra en toute hypothèse rompre ».
Mathilde Panot et Manuel Bompard reviennent aussi dans leur courrier, sur certains points d’engagement de leur parti, déjà formulé à l’occasion de la présidentielle : la reconnaissance et la prise en charge complète des dégâts du nucléaire, la création d’un lycée de la mer, l’ouverture d’un congrès des territoires insulaires pour redéfinir l’autonomie, ou encore des aides d’état en matière de pouvoir d’achat ou de continuité territoriale.
Priver Emmanuel Macron de majorité à l’assemblée
C’est Oscar Temaru qui a répondu à cette proposition mercredi, là encore par courrier. Rappelant d’abord l’aspiration du Tavini à faire « retrouver sa pleine souveraineté » à la Polynésie – un objectif qui n’est pas ouvertement partagé par Jean-Luc Mélenchon et ses soutiens, même si l’insoumis est un des rares soutiens national aux indépendantistes Kanak – l’ancien président du Pays insiste sur l’ancrage de son parti « dans cette Gauche ni française, ni européenne, mais qui est bien un concept universel visant avant tout un développement plus harmonieux, plus respectueux et plus solidaire ».
« Nos idées sont, sur bien des points, totalement en phase avec les vôtres » note le chef de file du Tavini qui confirme, « sans ressentir le besoin d’un accord écrit, que nos trois députés, une fois élus, rejoindront l’une ou l’autre des composantes de l’Union populaire à l’Assemblée nationale ». Les accords de la « nouvelle union populaire écologique et sociale » prévoient en effet que plusieurs groupes alliés pourraient être formés au palais Bourbon, toujours en cas de victoire. Oscar Temaru confirme aussi son soutien à l’instauration d’une cohabitation, « seule garante que ce second mandat d’Emmanuel Macron ne se transforme pas en marche forcée vers l’ultra-libéralisme et l’ubérisation de la société ».
Charlie René pour Radio 1 Tahiti