La desserte maritime interinsulaire en Polynésie dotée de cinq nouveaux navires à l’horizon 2028

4 des 5 nouveaux navires attendus en Polynésie d’ici 2028, dans l’ordre prévu d’arrivée : Dory 2, Na Hiro e Pae, Aranoa et Mareva Nui 2

La desserte maritime interinsulaire en Polynésie dotée de cinq nouveaux navires à l’horizon 2028

Alors que le gouvernement de la Polynésie française s’apprête à lancer les travaux du prochain schéma directeur du transport maritime interinsulaire, le ministre en charge du secteur, Jordy Chan, a fait l’état des lieux. La Collectivité compte 22 caboteurs, et 5 nouveaux bateaux doivent entrer en service d’ici à 2028, notamment pour renforcer la desserte des Tuamotu Est et Nord-Est, et celle des Australes. Explications de notre partenaire Radio 1 Tahiti.

L’Observatoire du transport maritime s’est réuni fin novembre, avant le lancement par le Pays, début 2026, des travaux préparatoires au prochain schéma directeur du secteur.  Entre 2015 et 2024, le tonnage de fret a augmenté de 4%, et le nombre de passagers de 22%, principalement grâce à la hausse du trafic entre Tahiti et Moorea.

La Polynésie compte 22 caboteurs en service. Ils ont 26 ans de moyenne d’âge, un progrès puisque cet âge moyen était de 40 ans en 1990. Mais ce n’est pas encore tout à fait satisfaisant, dit Jordy Chan, et le Pays souhaite encourager le renouvellement de la flotte en maintenant la défiscalisation, l’aide au fret et l’accès au carburant détaxé. Objectif : éviter les pannes qui provoquent des ruptures d’approvisionnement. Des dispositifs qui permettent aux armateurs d’investir avec seulement 10% de fonds propres et 20% d’emprunt.

Le premier défi du secteur, ce sont les pannes et les retards, qui induisent des pénuries de carburant dans les îles et mettent en péril l’alimentation des centrales électriques. Six nouveaux navires ont été mis en service de 2023 à 2025, et 5 autres sont attendus d’ici à 2028. Ils vont notamment renforcer la desserte des Tuamotu Est et Nord-Est, des Australes et des Marquises, et devraient permettre de réduire le risque de pénurie.

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Les autres challenges : les ventes à l’aventure dans lesquelles les îles en bout de ligne sont mal servies, et que les commerçants locaux voient d’un mauvais œil, les besoins en infrastructures dans les îles, la baisse de la production de coprah, tombée à 6 000 tonnes par an, qui oblige les navires à revenir à Papeete chargés à seulement 15% de leur capacité, et le manque de hangars de stockage et d’espace de travail sur les quais de Papeete.

Coordination grâce aux outils numériques : le secteur peut mieux faire

Des outils numériques pour rationaliser les dessertes ont été mis en place pour les connaissements et les plannings, mais tous les armateurs et les maires ne se sont pas encore totalement saisi de ces outils, notamment pour mieux organiser les périples et éviter de voir arriver deux navires en même temps, ou encore pour anticiper les expéditions de poisson, explique le directeur adjoint de la DPAM, Charles Taputuarai : « Il faut que ceux qui sont invités viennent aux réunions, il faut que tout le monde joue le jeu. » Le système Revatua, qui a souffert de plusieurs bugs, sera bientôt hébergé sur un serveur plus puissant.

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Des discussions avec le ministère de l’Environnement pour pouvoir couler les vieux navires

Reste la question du démantèlement des navires de grande taille, et Jordy Chan rappelle que cela relève du secteur privé. Une discussion est en cours avec le ministère de l’Environnement, dit Jordy Chan. Car les armateurs -l’exemple récent du Taporo VII le montre- n’ont pas les moyens de provisionner les sommes nécessaires à l’acheminement et au démantèlement à l’étranger. Les armateurs voudraient donc pouvoir couler leurs vieux navires.

Caroline Perdrix pour Radio 1 Tahiti