Le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie va engager une large concertation avec les partenaires sociaux pour réformer la fiscalité alors que les finances de l'archipel sont « au bord du gouffre », a-t-il annoncé mardi.
« C'est évident qu'on est au bord du gouffre. Sans le recours à l'emprunt, nous n'aurions pas pu boucler le budget 2022 », a déclaré Gilbert Tyuienon, membre du gouvernement calédonien en charge de la fiscalité. « Maintenant, on arrête la parlotte pour entrer concrètement dans les réformes, avec une méthode et un calendrier précis », a-t-il poursuivi, à l'issue de la première réunion d'un Comité de suivi de la réforme fiscale (CSRF).
Autour de l'exécutif, ce comité réunit organisations patronales et syndicats de salariés en vue de bâtir « dans la concertation » en 2022 une série de mesures structurelles, qui seront ensuite examinées par le Congrès (assemblée délibérante). Le territoire dispose de longue date d'une autonomie fiscale. Les réformes portent notamment sur la lutte contre la fraude fiscale, la création d'une taxe sur les plus-values immobilières et d'une redevance d'extraction minière (nickel) ou encore sur une révision du barème de l'impôt sur le revenu.
« La Nouvelle-Calédonie vit au-dessus de ses moyens. Il y a nécessité d'interroger son modèle et son financement à court et à long terme », a recommandé Mimsy Daly, présidente du Medef, plaidant pour « une réduction des dépenses publiques ». Satisfait de la démarche du gouvernement, Milo Poaniewa, secrétaire général de l'Usoenc (Union syndicale des ouvriers et employés), a de son côté insisté sur la nécessité « de moins impacter les consommateurs et les salariés et de veiller à une meilleure redistribution ».
Confrontée à une érosion constante de ses recettes fiscales et aux déficits importants de ses régimes sociaux (220 millions d'euros de dette cumulée), la Nouvelle-Calédonie n'est parvenue à boucler son budget 2022 que grâce à l'octroi en février d'un prêt de 175 millions d'euros, garanti par l'État. Le budget doit être adopté fin mars par les élus locaux. En 2020, l'archipel avait contracté un premier prêt (240 millions d'euros) pour faire face à la crise sanitaire. Son taux d'endettement s'élève désormais à 162%, bien au-delà du seuil d'alerte.
Avec AFP.