Entre 2020 et 2022, l’économie mahoraise a encaissé choc sur choc. Si les entreprises ont su faire preuve de résilience, leur capacité à encaisser les coups pourrait s’émousser face aux crises qui s’enchaînent. Un rapport de l’IEDOM souligne la fragilité persistante de leur trésorerie, tout en mettant en avant leurs capacités à faire face aux difficultés. Détails avec notre partenaire France-Mayotte Matin.
À Mayotte, les crises s’enchaînent et ne laissent que peu de répit aux entreprises mahoraises. Pourtant, entre 2020 et 2022, selon une étude de l’IEDOM publiée en mai 2025, la plupart d’entre elles ont réussi à rester à flot, voire à se développer. En dépit d’un recul de l’activité de 18 % durant les deux mois de confinement de 2020, 81 % des entreprises ont retrouvé le chemin de la croissance l’année suivante. En 2021, leur chiffre d’affaires a progressé en moyenne de 13,4 %, puis de 7,5 % en 2022. Une tendance qui contraste avec la dynamique nationale, plus soutenue, mais aussi plus concentrée sur les plus grandes structures.
Entre 2020 et 2022, 86 % des entreprises mahoraises sont restées bénéficiaires. Celles en perte ont vu leurs déficits se réduire, tandis que les plus solides ont augmenté leurs profits de 41 %. À Mayotte, les marges atteignent en moyenne 39 %, contre 28 % à La Réunion et 24 % en France hexagonale. Cette performance s’accompagne d’une structure financière robuste : 45 % du total des bilans sont composés de capitaux propres, et l’endettement bancaire reste faible (26,8 %, contre 85 % pour les PME nationales). Un chiffre qui s’explique par l’accès limité au crédit, mais aussi par une culture de prudence financière. En 2022, les entreprises mahoraises disposaient en moyenne de quoi tenir 33 jours avec l’argent disponible, contre 57 jours pour les entreprises au niveau national. Le quart des structures affichaient même une trésorerie négative. Le commerce, ainsi que les secteurs primaires et secondaires, sont les plus touchés. Les entreprises doivent aussi composer avec des délais de paiement excessifs, au-delà des limites légales pour les fournisseurs, et avec un surstockage structurel lié à l’insularité.
Les dettes sociales atteignent des niveaux record. En 2023, 20,3 % des cotisations dues à la CSSM n’avaient pas été recouvrées, le taux le plus élevé de France. Un indicateur supplémentaire des tensions de trésorerie dans le tissu productif local. Malgré tout, la capacité des entreprises à honorer leurs engagements reste forte. Une résilience qui ne doit pas cacher une situation complexe, qui pourrait mettre à mal les bonnes volontés des chefs d’entreprise de continuer à investir à Mayotte et freiner les desseins des sociétés qui auraient envie de s’installer sur le territoire.
Par France-Mayotte Matin