TRIBUNE. Mayotte : « Engageons-nous à parachever le processus de départementalisation entamé en 2011 ! »

TRIBUNE. Mayotte : « Engageons-nous à parachever le processus de départementalisation entamé en 2011 ! »

Dans une tribune, 54 députés, parmi lesquels les députés de Mayotte Ramlati Ali et Mansour Kamardine, appellent « au parachèvement de la départementalisation de Mayotte, à l’occasion du 10ème anniversaire de la départementalisation le 31 mars ». Rappelant l’histoire du statut de l’île, depuis 1841 à 2011, « un chemin long et semé d’embuches », les 54 députés fixent trois « agendas distincts » : « l’égalité sociale et la mise à niveau des services publics (…) », la « mise à niveau des infrastructures (…) et enfin la reconnaissance internationale de la francité de Mayotte ». 

Le 31 mars 2001, Mayotte devenait le 101ème département français. 10 ans après l’accès au statut de collectivité unique d’Outre-mer, exerçant les compétences des départements et des régions relevant de l’article 73 de la constitution, Mayotte demeure au milieu du gué ! L’accès à l’égalité des territoires et l’accès à l’égalité des chances des citoyens ne sont pas encore pleinement acquis. Aussi, nous appelons à ce que la République se fixe pour objectif de combler les déficits d’infrastructures, des politiques publiques et les manquements en termes d’égalité sociale, selon un agenda clair, pour une départementalisation pleine et entière, à l’horizon 2030 au plus tard.

Un long combat porté par des générations successives

L’intégration institutionnelle de Mayotte à la République française fut un long combat porté par des générations successives de mahorais. Que de chemin parcouru depuis 1841, lorsque Mayotte fut placée sous protectorat français à la demande de son sultan, afin de se protéger des visées colonisatrices et des razzias des îles voisines du canal de Mozambique ! Colonie dès 1843, territoire d’Outre-mer en 1946, collectivité territoriale d’Outre-mer à titre temporaire en 1976, collectivité départementale en 2001, puis, enfin, collectivité unique exerçant les compétences des départements et régions en 2011 ! Le chemin fut long et semé d’embuches. Nos compatriotes mahorais ont dû, à chaque fois, les contourner ou les enjamber, avec une détermination sans faille et en s’appuyant sur l’un des principes les plus fondamentaux de la charte des Nations-Unies de 1945, c’est à dire le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Il fallut 52 ans et 5 consultations populaires successives de 1974 à 2009 pour que la République accède à la demande d’intégration, par la départementalisation, du « petit peuple mahorais » au peuple français.

Une fierté française

L’émancipation des mahorais au sein du peuple français, contestée par l’Union des Comores, composée de 3 anciens sultanats, qui ont choisi l’émancipation par l’indépendance et qui ont tenté de saisir l’occasion de leur séparation d’avec la France pour coloniser Mayotte est une fierté française. En cette période où des forces centrifuges multiples et puissantes taraudent l’unité de la Nation, accablent son passé, fracturent le corps social et amenuisent sa puissance économique, Mayotte est l’expression vivante de la perpétuation des valeurs universelles portées par la France, la démonstration de leur vitalité au 21ème siècle, l’affirmation que la République assure aux hommes qu’ils naissent libres et égaux en dignité, sans distinction d'origine, de race ou de religion. A Mayotte, la flamme du siècle des lumières continue à briller dans les yeux d’une jeunesse qui a soif de liberté et d’égalité !

Un territoire stratégique pour la France et l’Europe

Mayotte est également une chance pour la France et l’Europe. En effet, après avoir participé au développement du programme spatial Ariane, en permettant à la France d’implanter, en territoire français, une base de suivi des lancements de fusées effectués de Guyane, mais encore en permettant d’implanter, en territoire français, un important centre d’écoute électromagnétique quand les américains sont contraints d’implanter le leur pour l’Afrique australe en territoire étranger, Mayotte prend toute sa part à l’autonomie stratégique de notre pays, des années 1970 à nos jours. Quant au canal du Mozambique, au milieu duquel est située Mayotte, il demeure une voie maritime commerciale d’importance mondiale et une voie alternative au canal de Suez, en cas de blocage, qui nécessite une surveillance permanente pour sécuriser le transport de marchandises. Le 101ème département est, également, une importante base d’appui à l’exercice de notre souveraineté sur nos zones économiques exclusives régionales qui représentent le double de celle de la Métropole. Enfin, les fortes perspectives de développement économique de l’Afrique australe et de l’Afrique de l’Est, notamment en ce qui concerne le très stratégique secteur énergétique, font de Mayotte un point d’appui stable et de droit français, pour développer le rayonnement économique français et européen.

Une prise de conscience tardive de la situation de dénuement

Mayotte souffre d’un sous-développement historique de ses infrastructures collectives, de sous-développement économique malgré d’importantes potentialités, notamment portuaires, aéroportuaires et agricoles. Quant aux services de base à la population, ils sont déficients, qu’il s’agisse de l’accès à l’eau, à l’électricité, à la salubrité publique, à la santé et à l’éducation nationale. En 2021, 40% des habitations sont en tôle et situées dans des zones à risques naturels. De plus, 30% des habitants n’ont pas accès à l’eau courante. L’unique centre hospitalier est saturé du 1er janvier au 31 décembre, engendrant 2000 évacuations sanitaires annuellement… 800 classes de primaires manquent à l’appel pour scolariser les enfants, selon les normes nationales. 77% des habitants vivent sous le seuil de pauvreté et l’espérance de vie est inférieure de 8 ans, à la moyenne nationale. Au 21ème siècle, un département français possède donc des ratios sociaux du tiers monde. Le rattrapage et la mise à niveau des services publiques et des infrastructures de bases attendus de la départementalisation de 2011 sont mises en échecs par une immigration illégale de masse qui met en concurrence, sur 374 km², un tiers monde français, désormais minoritaire, à un quart monde étranger, créant ainsi de fortes tensions communautaires du fait de l’appropriation des terres, des provocations comoriennes et d’une délinquance de plus en plus violente. Cette situation volcanique conduisit à la grave crise sociale qui s’étala de septembre 2017 à mai 2018, lors de laquelle l’opinion publique française prît conscience, avec stupéfaction, de la condition de dénuement de nos compatriotes mahorais, ce qui poussa les pouvoirs publics à réagir.

Des efforts réels mais insuffisants

Le renforcement, à partir du second semestre 2018, des moyens de lutte contre l’immigration clandestine et des forces de l’ordre pour endiguer l’insécurité sont notables, mais insuffisants pour stabiliser la situation. Le feu couve sous des braises encore brulantes, alimentées quotidiennement par des arrivées de kwassa-kwassas et la violence barbare de bandes de jeunes désocialisés et armées qui écument nos villes et nos campagnes mahoraises. Les plans du second hôpital, annoncé en octobre 2019, demeure à tracer. L’eau, bien essentiel, ne coule pas tous les jours dans toutes les communes du département. Le SMIC est toujours inférieur de 20% au SMIC de droit commun. Les principales aides sociales sont toujours plafonnées à 50% de celles des autres départements français. Les pensions de retraite pour une carrière complète sont inférieures, pour la plupart, au RSA servi en métropole. Il manque 200 classes de plus en 2021 qu’en 2018. Bref, la marche vers l’égalité sociale stagne et l’horizon de l’égalité des chances s’éloigne. Mayotte a donc, plus que jamais, besoin d’une volonté politique réaffirmée qui soit appuyée par des actions résolues, afin de dynamiser son processus de départementalisation.

Le statu quo dans la relation France-Union des Comores n’est plus tenable

Les tensions bilatérales concernant Mayotte, entre la France et l’Union des Comores, pays formé en 1974 du rassemblement des 3 îles de Mohéli, Anjouan et Ngazidja, procèdent d’un travestissement de l’histoire qui n’a été permis que par le contexte de la lutte des blocs issue de la seconde guerre mondiale. En effet, chaque île de l’archipel géologique des Comores est historiquement un micro-état. Mayotte n’a jamais fait partie d’un ensemble indépendant rassemblant les îles de l’archipel. Aussi, les velléités permanentes de l’Union des Comores d’intégrer, de force, Mayotte à son État relève, au 21ème siècle, d’un abject colonialisme. La perpétuation du différend territorial, depuis 45 ans, n’a été possible que par le relativisme et le manque de résolution de notre diplomatie, souvent prompte à évoquer des problématiques plus larges pour ne pas résoudre la situation. Or, l’acceptation internationale de la francité de Mayotte est un horizon indépassable pour amorcer un co-développement porteur d’avenir pour les peuples de la région. Le libre choix des mahorais doit enfin être accepté par l’Union Comores. Le temps est venu, pour notre diplomatie, de sortir du statu quo et de favoriser l’émergence d’une relation bilatérale mature et respectueuse du choix des Mahorais.

Un appel à la mobilisation pour l’égalité sociale, l’égalité des territoires et l’égalité des chances

Si la période 2011-2020 fut celle du lancement de la départementalisation, il convient désormais de faire de la période 2021-2030 celle de l’achèvement du processus. Cela nécessite de fixer 3 agendas distincts : celui de l’égalité sociale et celui de la mise à niveau des services publics, à l’horizon 2025, celui de mise à niveau des infrastructures, à l’horizon de la fin du 2ème programme des fonds européens, en 2027, et enfin celui de la reconnaissance internationale de la francité de Mayotte, à l’horizon 2030. Nous appelons donc les responsables politiques en fonction actuellement et ceux qui aspirent à des responsabilités, à partir de 2022, à se saisir du parachèvement de la départementalisation de Mayotte, pour les mahorais, pour la France et pour l’Europe. 

Mansour Kamardine – LR – Mayotte

Ramlati Ali – LAREM - Mayotte

Christian Jacob – Président de LR

Damien Abad – Président du groupe LR

Jean-Christophe Lagarde - Président du groupe UDI

Olivier Serva – Président de la délégation aux outre-mer – LAREM

Annie Genevard - Vice-présidente de l’Assemblée Nationale – LR

Yves Le Fur - Vice-président de l’Assemblée Nationale – LR

Philippe Gosselin – Vice-président de la commission des lois - LR

Michel Herbillon – Vice-président de la commission des affaires étrangères – LR

Charles de la Verpillière – Vice-président de la commission de la défense – LR

Constance Le Grip – Vice-présidente de la commission de la culture et de l’éducation – LR

Julien Dive – Vice-président de la commission des affaires économiques – LR

Jean-Marie Sermier – Vice-président de la commission du développement durable - LR

Jean-Pierre Door – Vice-président de la commission des affaires sociales - LR 

Nathalie Bassire – LR

Valérie Bazin-Malgras - LR

Philippe Benassaya - LR

Sylvie Bouchet-Bellecourt - LR

Ian Boucard – LR

Fabrice Brun - LR

Sébastien Chenu – RN

Gérard Cherpion - LR

Dino Cinieri - LR

Pierre Cordier – LR

François Cornut-Gentille – LR

Bernard Deflesselles – LR

Pierre-Henri Dumont - LR

Claude de Ganay – LR

Meyer Habib - UDI

Yannick Haury - LAREM

François Jolivet - LR

Manuéla Kéclard-Mondésir - PC

Stéphanie Kerbarh – LAREM

Brigitte Kuster – LR

David Lorion – LR

Josette Manin - PS

Olivier Marleix - LR

Nicolas Meizonnet – RN

Emmanuelle Ménard - RN

Jean-Philippe Nilor - PC

Jean-François Parigi – LR

Jean-Luc Poudroux - LR

Didier Quentin – LR

Richard Ramos

Robin Réda – LR

Maïna Sage - AGIR

Raphaël Schellenberger – LR

Sira Sylla - LAREM

Robert Therry – LR

Agnès Thill – UDI

Laurence Trastour-Isnart - LR

Frédérique Tuffnell - MODEM

Stéphane Viry – LR