Pour éviter une situation "explosive" liée à l'immigration illégale à Mayotte, les deux députés recommandent la répartition sur l'ensemble du territoire national des mineurs isolés étrangers, principalement comoriens, qui débarquent dans ce département d'Outre-mer.
Dans un rapport sur les flux migratoires présenté mercredi en commission, les députés constatent que la charge de ces jeunes migrants - environ 6.000 personnes - repose entièrement sur le conseil départemental de Mayotte, déjà exsangue.
Les députés Laurent Marcangeli (Horizons) et Estelle Youssouffa (Liot) recommandent donc de faire appliquer sur l'île française comme c'est la norme dans l'Hexagone, la circulaire dite "Taubira" du 31 mai 2013 qui prévoit leur répartition sur l'ensemble du territoire national.
L'affectation géographique des mineurs isolés étrangers dans l'hexagone dépend d'une "clé de répartition" établie par le ministère de la Justice et fondée principalement sur des critères démographiques.
Les députés dressent aussi un rapport accablant de la situation sanitaire à Mayotte, dont le système de santé est "plongé dans le chaos" selon leurs termes, notamment du fait de la pression migratoire. Sans couverture sociale, "les étrangers séjournant illégalement sur le territoire mahorais ne peuvent se faire soigner dans le secteur libéral", relèvent les députés, et "l'ensemble des demandes de soins et de prise en charge des étrangers en situation irrégulière se reporte sur le centre hospitalier de Mamoudzou et sur ses antennes territorialisées".
Résultat: l'hôpital, qui reçoit à 75% des personnes non-assurées, est engorgé par des patients souvent "pris en charge tardivement, dans des états aggravés".
L'absence de droits sociaux "ne dissuade nullement les Comoriens de s'installer à Mayotte tout en contribuant fortement à la saturation du centre hospitalier de Mamoudzou", observent les rapporteurs, recommandant "de rendre désormais applicable l'aide médicale d'État à Mayotte". L'AME couvre notamment à 100% les frais médicaux et hospitaliers des étrangers présents en France depuis au moins trois mois. Ce rapport d'information sur les enjeux migratoires a été confié à M. Marcangeli et Mme Youssouffa en octobre 2022 par la commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale.
Au printemps 2023, les autorités françaises ont déployé des centaines de policiers et gendarmes à Mayotte pour mener une série d'interventions des services sécuritaires et sociaux regroupées sous le nom de "Wuambushu" ("reprise" en mahorais). Une opération contestée, qui vise à réduire l'habitat insalubre, lutter contre la délinquance et expulser les migrants en situation irrégulière, pour la plupart venus de l'archipel des Comores voisines.
Avec AFP