Le tout Mamoudzou s’était donné rendez-vous hier matin au tribunal judiciaire pour assister à la prise de fonction officielle de la nouvelle présidente du tribunal, Catherine Vannier. Consciente des nombreux défis qui l’attendent, la nouvelle présidente du tribunal se veut pragmatique. Un sujet de notre partenaire France Mayotte Matin.
Avant d’arriver à Mayotte, Catherine Vannier exerçait les fonctions de présidente du tribunal judiciaire de Saint-Gaudens, dans l'Hexagone. Elle connaît Mayotte puisqu’elle y a exercé brièvement les fonctions de magistrat au début des années 2000 avant de prendre la direction de la Polynésie française où elle fut juge à Papeete jusqu’en 2009 puis dans l’archipel des Marquises. C'est dire si elle connaît l’outre-mer.
Cette cérémonie d’intronisation fut également l’occasion de présenter les nouveaux magistrats qui vont exercer au sein du tribunal et qui sont au nombre de 7 : 5 au siège, dont une vice-présidente chargée des fonctions de juge pour enfants, et 2 au parquet. Catherine Vannier est bien consciente de l’immense tâche qui l’attend. En effet, au-delà des conditions de travail, le tribunal judiciaire est en sous-effectif à tous les niveaux. Quatre juges seraient ainsi manquant sans compter les greffiers « qui sont nécessaires au bon fonctionnement de l’institution judiciaire » rappelle-t-elle. Pour Catherine Vannier la vacance des postes est un véritable problème. « Nous avons besoin de brigades composées de magistrats et de greffiers pour pouvoir rendre la justice convenablement », insiste-t-elle. Parmi ses premiers chantiers, la présidente du tribunal compte s’attaquer au problème du foncier dans l’île. « C’est un sujet que je connais bien puisque j’ai été confrontée à ce problème quand j’étais en Polynésie. C’est un domaine qui m’a passionné à un moment de ma vie ». Concernant le taux d’occupation carcérale, la nouvelle présidente ne peut que constater que ce taux est excessivement élevé « mais cela montre que la justice n’est pas passive, au contraire ! La construction d’une nouvelle prison devrait avoir lieu, c’est prévu mais ce n’est pas de mon ressort, indique-t-elle. Cela prend du temps et c’est l’administration pénitentiaire qui est en charge de ce dossier ».
Sur les délais d’attente, Catherine Vannier compte intensifier les efforts. « Nous sommes contraints par le code de procédure pénal… Il y a une dizaine de sessions d’assises par an à Mayotte, c’est énorme ! On va faire des efforts car nous avons un devoir d’exigence envers la population Mahoraise, nous sommes dans un état de droit ». Les défis qui attendent la nouvelle présidente sont donc nombreux car comme le rappelait Benoît Rousseau, vice-président du tribunal judiciaire, « Mayotte à un niveau de vie 7 fois plus faible que la moyenne nationale avec un PIB 4 fois moins important. 77% de la population Mahoraise est en dessous du seuil de pauvreté quand le taux de chômage avoisine les 30% de la population active ».
Par Benoît Jaëglé pour France Mayotte Matin.