Ce déploiement illustre la capacité de la France à projeter ses forces loin de l’Hexagone, mettant en œuvre sa stratégie indopacifique. Cette opération en Asie-Pacifique pose des défis logistiques importants, nécessitant une planification rigoureuse. La France doit s'appuyer sur des infrastructures logistiques et techniques, notamment dans ses territoires d’Outre-mer, pour réussir ce type de mission, selon une étude de l’Institut français des relations internationales (IFRI), réalisée par les chercheurs Marc Julienne et Céline Pajon.
La Frégate multi-missions (FREMM) Bretagne de la Marine nationale est actuellement déployée dans l'Indopacifique pour une mission de huit mois, dans le cadre de la stratégie indopacifique de la France. Ce déploiement démontre la capacité française à opérer loin de l’Hexagone et à relever les défis logistiques associés à la région. « La France projette régulièrement des capacités militaires en Asie-Pacifique. Les frégates de surveillance Vendémiaire et Floréal, basées respectivement à Nouméa et Papeete, patrouillent régulièrement dans cette zone », précise l’étude.
Les objectifs de la mission sont de renforcer la connaissance de la zone, d’accroître la capacité d’action de la France et de développer la coopération avec les partenaires locaux. Selon l’IFRI, « la stratégie française vise d’abord à assurer la sécurité de ses intérêts souverains dans la région : ses territoires ultramarins – La Réunion et Mayotte dans l’océan Indien, et la Nouvelle-Calédonie, Wallis-et-Futuna, la Polynésie française et Clipperton dans l’océan Pacifique ; ses 1,8 millions de ressortissants ; et son immense domaine maritime de 9 millions de kilomètres carrés ».
Stabiliser la région
Par ailleurs la France, membre du Conseil de sécurité de l’ONU, vise également à stabiliser la région en défendant un ordre international fondé sur le droit et en adoptant une approche multilatérale face à la compétition sino-américaine. Enfin, la France est responsable de la défense de ses territoires d'Outre-mer dans un contexte de rivalités croissantes et de défis liés aux changements climatiques et aux crises migratoires.
« La France est certes une nation de l’Indopacifique avec ses territoires ultramarins, mais les forces de souveraineté dont elle dispose dans la région demeurent d’une capacité d’action limitée : près de 8000 militaires, 12 navires et 40 aéronefs répartis entre la Réunion, la Nouvelle-Calédonie et la Polynésie française, qui se consacrent principalement en l’état à des missions d’action de l’État en mer (patrouille des zones économiques exclusives, coopération de voisinage en matière de surveillance maritime, opérations humanitaires et de secours) », ajoute l’étude.
Renforcer les partenariats
Le déploiement de la FREMM Bretagne en Asie-Pacifique vise à renforcer les partenariats de la France dans la région, notamment avec des pays comme le Japon, Singapour et les Philippines. Cette coopération se développe à plusieurs niveaux (diplomatique, économique, culturel, militaire) et inclut des exercices conjoints et des escales, favorisant la confiance mutuelle, d’après l’IFRI. Ces partenariats visent à préparer des actions communes, telles que l’aide humanitaire, la lutte contre les trafics et la pêche illicite, et la défense de la liberté de navigation.
Le déploiement de la Bretagne a permis d’établir des liens avec plusieurs pays grâce à des escales stratégiques. Les accords diplomatiques facilitent une présence française flexible et opérationnelle dans la région, face à d’imprévisibles défis. L’établissement de nouveaux points d’appui dans l’Indopacifique est devenu une priorité pour la France. « Les exercices conjoints sont tout aussi importants pour favoriser la connaissance et la confiance mutuelle entre les marines, ainsi que l’interopérabilité. Durant son déploiement, la Bretagne a conduit des exercices avec des partenaires régionaux comme l’Inde, l’Indonésie, les Philippines et le Japon, et extra-régionaux comme l’Italie », indique également l’étude.
PM